Le Président A
A son Excellence monsieur le Président de la République du GHANA,
Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Excellence monsieur le Président,
Votre prochain sommet prévu pour le 04 juin, suscitant des espoirs, nous saisissons cette opportunité pour attirer votre très haute attention, qu’il intervient à un moment ou les dirigeants actuels de la transition, dans le dessein de confisquer le pouvoir par des méthodes peu orthodoxes, ont instauré un régime de dictature qui ne cesse de s’endurcir, lequel écrase, sans état d’âme, toutes voix divergentes.
A ce titre, en prélude à vos travaux, nous avons l’honneur d’attirer votre attention sur la situation des droits de l’homme au Mali, caractérisée par l’exercice sélectif de la liberté d’expression et d’opinion, imposé comme ligne de conduite. Au moment où les partisans du régime font un usage abusif, voire négatif de cette liberté sous la protection des pouvoirs publics, les citoyens ayant une vision différente, taxés d’apatrides, sont persécutés, pourchassés comme des ennemis à abattre, sous des motifs les plus fallacieux.
La lutte contre la délinquance économique et financière souhaitée par l’ensemble des populations, est malheureusement prise comme alibi pour justifier les atteintes les plus graves à l’indépendance du pouvoir judiciaire, aux violations des règles de procédure, aux arrestations arbitraires, aux conditions de détention inhumaines, dégradantes. Madame BOIRE Fily SISSOKO est encore l’objet de dures conditions de détention, pour des infractions imaginaires, quand bien même que la tragédie judiciaire de Soumeylou Boubèye MAIGA, son co-inculpé, trouble les consciences et interpelle notre justice.
Plusieurs cadres valables de ce pays ont été contraints à l’exil ; quant au docteur Oumar MARIKO dont le domicile a été perquisitionné en dehors de toute mesure judiciaire, persécuté, il est sans destination connue.
Par ailleurs, il suffit pour le citoyen digne de confiance, d’afficher des ambitions de briguer la magistrature suprême, pour se voir traiter de redevable à l’ancien régime avant d’être traqué par les tenants du pouvoir.
Au regard de cette situation dramatique très préoccupante, apparait l’absolue nécessité de la prise en compte du respect des libertés et droits fondamentaux, ainsi que la protection des responsables des organisations comme les nôtres, étant entendu qu’il est même essentiel, que ces aspects liés à la démocratie et à l’Etat de droit ne soient pas occultés.
Dans l’espoir que vous saurez user de vos prérogatives pour mettre un terme à cette nouvelle forme, combien dangereuse, de chasse à l’homme pour cause de divergences d’opinions, veuillez agréer Excellence monsieur le Président, notre très haute et distinguée considération.
Ampliation :
– Président de la Commission de la CEDEAO
Bamako le 02 juin 2022 Le Président
Cheick Mohamed Chérif KONE