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Une guerre sans front

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On le disait conciliant à l’extrême, presque attentiste à force de synthèse.

On le découvre, crise après crise, résolu et prompt à la décision, au poste le plus incommode. François Hollande livre, depuis quelques mois et grâce à la politique étrangère, un visage inédit, presque audacieux.Les habits de la Ve République confèrent au Chef de l’Etat une responsabilité, en fait, assez rare dans les démocraties occidentales. La faculté d’engager le pays sur un théâtre militaire, sans attendre une décision parlementaire. Après le Mali, le Président vient pour la deuxième fois de le faire. Non sans risques. On serait même tenté de penser que l’intervention en République Centrafricaine est, malgré les apparences initiales, beaucoup plus insidieuse que celle menée au Mali.Il y a un an, il s’agissait de contrer et d’éliminer des unités terroristes très armées mais bien identifiées, directement menaçantes pour la France. Afin de restaurer l’autorité d’un gouvernement lui aussi identifiable. Incapable, certes, de maintenir seul sa souveraineté sur un espace immense. Impuissant notamment à gouverner la population Touareg du Nord du pays. Mais dans un contexte de divisions politiques et factions dont Paris connaissait bien les interlocuteurs. Non de vide politique.A Bangui, c’est à un tout autre théâtre d’opération que les forces françaises, et le Président Hollande avec elles hier soir, ont affaire. Deux soldats en ont fait la fatale expérience, dans la nuit de lundi à mardi. La troupe n’est pas face à un ennemi clairement défini. Elle doit marcher à tâtons dans la ville. Pour désarmer le plus possible des bandes armées qui en réalité s’évaporent dans la population et camouflent leurs armes.On comprend déjà que l’opération ne sera pas aussi brève qu’annoncée samedi dernier. Le Premier ministre a parlé hier de ‘quelques mois’, c’est assez vague. On annonce un maximum de 1600 soldats, mais c’est peu au regard de la tâche à accomplir et de l’effort logistique qu’il implique dans un pays parmi les plus démunis de la planète. Hors de Bangui, les humanitaires redoutent de découvrir dans la brousse les traces des violences récentes.Car la vraie difficulté en Centrafrique, c’est que ce pays incarne l’effondrement de l’Etat post-colonial. Les factions successives, soutenues et armées par Paris depuis des lustres, ne s’alternent que dans un balancier destructeur. La prédation des ressources est la loi plus que l’exception. Paris n’a aucun intérêt à relancer ce balancier pour un tour, compte tenu des violences perpétrés ces dernières semaines et qui vont laisser des traces.C’est pourquoi le choix de François Hollande est risqué. Sa nécessité humanitaire n’est pas en cause.Les images qui nous parviennent depuis cinq jours confirment la crainte, un moment jugée exagérée, d’une situation prégénocidaire. « Il était temps d’agir », a déclaré à juste titre le président, à Bangui, hier soir. Il serait temps, d’ailleurs, que les partenaires de la France en prennent pleinement acte.Car arrêter le carnage va demander du temps, des hommes, des moyens. L’armée salue la détermination de son président. Elle alerte aussi sur ses propres capacités de projection, déjà à la limite dans le cadre budgétaire actuel. A Bangui, la France défend en fait beaucoup moins ses propres intérêts qu’au Mali, et elle prend paradoxalement plus de risques.

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