Conformément à la loi portant organisation judiciaire, la cérémonie d’installation du Premier Président et du Procureur général de la Cour d’appel de Bamako s’est déroulée, le 20 juillet 2023. Une première du genre dans notre pays depuis son accession à l’indépendance !
A l’ouverture de cette audience, sur ordre du Président de la Cour suprême, la greffière en chef a procédé à la lecture des extraits des décrets de nominations des deux magistrats.
Dans son réquisitoire, l’Avocat général sortant près la Cour d’appel de Bamako, Ladji Sara, a rappelé l’objectif de la cérémonie. «Le siège de cette cérémonie se situe dans les textes portant organisation judiciaire. Elle a pour finalité de permettre au magistrat et autre acteur de la justice de mesurer toute l’ampleur des responsabilités confiées aux magistrats promus aux plus hautes fonctions judiciaires de second degré, et de permettre aux usagers de service public de la justice de faire la connaissance des premiers responsables de la Cour d’appel », a-t-il indiqué.
Le représentant du Ministère public a mis un accent sur les parcours professionnels des deux responsables. «L’affectation de ces chefs de juridictions ne résulte point du hasard. Elle est le fruit des efforts inlassables des intéressés. Je ne doute point qu’en raison de leurs qualités, professionnelle et humaine, ils relèveront tous les défis auxquels ils seront confrontés en cette période particulière de crise multiforme que notre pays traverse», a-t-il apprécié.
Me Ousmane B. Traoré, Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali, a félicité les récipiendaires avant de partager avec l’assistance un exposé sur le rôle de la justice dans la société, en guise de conseils aux deux nouveaux promus dans l’exercice de leurs fonctions. «La justice est la manifestation vivante de la démocratie et le pilier de l’Etat de droit. Et toutes les fois où le justiciable semble être victime d’injustice, à tort ou à raison, il s’en remet à la justice divine. Celle qui gronde nos consciences à nous tous ! Cependant, rendre la justice avec pompe ne saurait être confondu avec l’usage immodéré que certains acteurs de la justice, en véritable quête de popularité et de sensationnel, s’affichent sur les réseaux sociaux au mépris de la délicatesse et de la pondération qui sont consubstantielles à la fonction du juge. Et rendre la justice avec pompe, c’est lui redorer aussi son blason c’est-à-dire restaurer son image d’antan», a conseillé le Bâtonnier Ousmane B. Traoré.
A sa suite, Faradji Baba et Hamadoun dit Balobo Guindo ont prêté serment devant les membres de la Cour suprême. Ils ont juré de remplir fidèlement leur mission en l’exerçant dans le respect de la constitution.
Des boussoles et exemples et des managers lumineux
Le Président de la Cour suprême, Dr Fatoma Théra, a émis le vœu ardent que les deux magistrats soient des boussoles et exemples et des managers lumineux pour leurs collègues, collaborateurs et l’ensemble des acteurs de la justice. «Je rappelle que les défis sont énormes. Nous sommes face à une population qui a soif de justice. Nous sommes face à un monde où la criminalité organisée fait des ravages aux plans humain et économique. Nous sommes face à un monde de concurrence où les investisseurs ont besoin d’être rassurés par des décisions de justice».
Instaurer un dialogue fécond
Le nouveau président, Faradji Baba, a tenu à souligner que la Cour d’appel de Bamako est très honorée de la présence du ministre de la Justice à cette audience solennelle. Rendant hommage à ses prédécesseurs, il a déclaré «La Cour d’appel se distingue par la dimension vertigineuse de son ressort. Elle se caractérise aussi par la volumétrie de l’activité juridictionnelle et la haute technicité d’une part importance de contentieux. La gouvernance des ressorts est aussi complexe et indissociable des fonctionnements fluides de la hiérarchie». Avec les responsables des juridictions relevant du ressort de la Cour, Faradji Baba entend instaurer un dialogue tenant compte des décisions spécifiques et d’une réflexion collective sur la mise en œuvre des reformes.
Selon lui, il n’y a pas de bonne juridiction sans un bon greffe. La Cour, a-t-il rassuré, bénéficiera du dialogue fructueux avec le Bâtonnier. « Les chantiers que nous aurons à mener sont nombreux. Mon ambition consistera toutefois à garantir à chaque magistrat du siège de cette cour, des tribunaux et de justice à compétence étendue du ressort les conditions d’un exercice serein et ambitieux de mes fonctions avec une exigence déontologique forte et un renforcement de la qualité du processus juridictionnel. Collectivement, nous devons être les garants de la déontologie et l’éthique du juge. Le respect scrupuleux du principe directeur du procès et des exigences déontologiques fondées sur les valeurs d’intégrité et de loyauté et délicatesse s’impose à tous».
Renouveler l’engagement et l’attachement du Mali aux principes et valeurs universels
Pour le nouveau procureur général, Hamadoun dit Balobo Guindo, la justice est et restera une symbolique forte, une éthique de la déontologie professionnelle. « Sans la justice, rien de durable ne peut être bâti dans un pays. Notre objectif global recherché est de renouveler l’engagement et l’attachement du Mali aux principes et valeurs universels, tant sur le plan national que sur le plan international». Et le Procureur Guindo d’ajouter : «nous aurons à cœur avec nos collègues du siège, de prendre les meilleures décisions et de rendre les arbitrages les plus justes et les plus pertinents au bénéfice de nos juridictions, au bénéfice du peuple et au bénéfice de la nation». Il réalise la portée, la délicatesse de sa responsabilité : « Une responsabilité qui recouvre des missions diverses et variées, nécessitant donc la définition de priorités fortes. C’est dire que, je mesure l’importance des fonctions, qui sont désormais les miennes, et qui ont par le passé été exercées par certaines grandes figures de la magistrature malienne».
Dans une interview accordée à la presse, Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux, a invité les nouveaux chefs de juridictions ainsi que l’ensemble des magistrats, des représentants des familles judiciaires, par rapport à leur responsabilité, de rendre la justice et assurer une saine distribution de la justice et une bonne application de la loi. «Cette cérémonie a permis de présenter le nouveau Premier président de la Cour d’appel de Bamako et le nouveau Procureur général près de la Cour d’appel de Bamako. Donc, eux aussi ont pu mesurer à travers cette cérémonie toute la responsabilité qui est la leur par rapport à l’application de la loi. Ce que nous entendons d’eux, c’est une justice moderne, rapide qui respecte les droits de l’homme et qui va satisfaire les citoyens », a-t-il souhaité.
Boubacar Idriss Diarra
Faradji Baba, Premier président de la Cour d’appel de Bamako
Né le 12 janvier 1970 à Kidal, le désormais Premier président de la Cour d’appel de Bamako a obtenu sa Maîtrise en Sciences juridiques à l’E.n.a du Mali en 1993. Il a été ensuite admis comme auditeur de justice en 1995 à l’Institut national de formation judiciaire Me Demba Diallo (I.n.f.j). De janvier 1997 à nos jours, il a occupé successivement les fonctions de : juge d’instruction du premier cabinet du Tribunal de première instance de Ségou, juge de paix à compétence étendue de Douentza et de Kolondiéba, vice-président du Tribunal de commerce de Bamako, vice-président du Tribunal de la commune III de Bamako, conseiller à la Cour d’appel de Bamako cumulativement avec les fonctions président à la Chambre d’accusation du Tribunal militaire de Bamako, Premier président de la Cour d’appel de Mopti. Depuis le dernier Conseil supérieur de la magistrature, Faradji Baba assume les fonctions du Premier président de la Cour d’appel de Bamako.
Hamadoun Guindo dit Balobo, le nouveau Procureur général
Né le 18 janvier 1970 à Tènè, dans le cercle de San, le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako est titulaire d’un D.e.a en droit privé de l’Université du Mali.
De 1997 à nos jours, il a occupé les fonctions de : substitut du procureur de la République près du Tribunal de première instance de Kita, juge au siège au Tribunal de première instance de Kita, juge d’instruction au Tribunal de première instance de Kita, juge d’instruction au premier cabinet de première instance de Kayes, juge des enfants, juge d’instruction au Pôle économique et financier, procureur de la République près le tribunal pour enfants de Bamako, procureur de la République près le Tribunal de première instance de Ségou, procureur de la République près le Tribunal de première instance de Sikasso, Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Gao.
Jusqu’à sa nomination à la tête du Parquet général de la Cour d’appel de Bamako, il était Procureur général près de la Cour d’appel de Kayes.