Démocratie oui, mais une belle femme ne peut donner que ce qu’elle a, dit-on. On a voulu faire de cette démocratie une panacée, pour reprendre Dr Choguel Kokalla Maïga. On ne s’est jamais lassé à faire rêver les pauvres en état de veille. Plus de discrimination en matière d’éducation. Chacun a accès à une éducation de masse et de qualité, mais ce qu’on n’a pas voulu dire ou qu’on a omis est que seuls quelques-uns toucheront au sésame après les longues années sur les bancs.
De plus en plus, les classes deviennent comme une bergerie. Un nombre excessif de troupeaux sans berger. Alors, la politique « de laisser-la-place-aux-cadets » entre en vigueur. 1000 têtes pour un enseignant dans une seule salle de classe. Pour apprendre quoi ? Sûrement à faire de grèves. De la première année à la terminale, les programmes ne sont achevés qu’à 1/3 soit parce que les élèves ou étudiants sont en grève soit parce que les professeurs observent un mot d’ordre. Les examens deviennent ainsi des lieux pour confirmer toute l’hypocrisie de la nation pour ses fils. La fraude est autorisée par le fait même de l’interdire. Puisqu’une insuffisance de place règne au sein de tous les établissements, alors il faut sacrifier des générations. Inconscients, les citoyens applaudissent cette politique alors que les têtes se vident.
Au sein des universités, les bourses tiennent lieu des examens. C’est pourquoi, les livres inscrits dans la bibliographie des différents programmes de cours ne sont qu’un luxe, un temps perdu puisque ne seront jamais consultés parce que le moyen pose problème. Chacun possède pourtant la dernière marque d’iPhone dans sa poche. Un téléphone ne servant pas à sa juste cause, mais plutôt pour se divertir de l’éducation.
Terminer les études de la sorte, c’est bienvenu au volontariat. Ils deviennent tous des gardiens des maisons d’autrui nuit et jour pour 200 FCFA de thé et de sucre. L’ombre des quelques grands arbres du quartier devient le lieu d’apprentissage de la mendicité afin de pouvoir consommer la boisson durant toute la journée. La nuit devient favorable au business. Il faut se montrer compétent en faisant sortir sa sœur en catimini pour les causes de son petit copain.
Il n’est pas rare d’entendre que le travail est devenu une manne alors qu’on ne se contente que de postuler annuellement à un concours. Diplômés des grandes universités ou des grandes écoles, mais aucun esprit d’initiative. Comment pourrait-on l’avoir alors qu’on a la tête vide ?
Si la politique d’éducation de masse a été ainsi une réussite, il faudrait admettre que celle de qualité a été un échec patent ayant conduit le pays au pire.
Avec moins de balles dans sa cartouchière ou moins de volonté, le chasseur qui a voulu abattre plus de loups que de balles qu’ils possèdent, a fini dans la « gueule du loup ».
Aux autorités de revoir le fondement de l’éducation malienne pour moins de jeunes chômeurs et par ricochet pour plus de sécurité.
Fousseni TOGOLA
Le Pays