Il sera essentiellement question de gros sous au forum de la coopération Chine – Afrique qui a ouvert ce matin à Pékin. Les chefs d’Etat présents ont deux jours pour faire valoir leurs intérêts respectifs.
La Chine a un agenda en tête, celui des « routes de la soie », qu’elle veut tisser le plus loin possible. Pour trouver à l’étranger les débouchés pour ses entreprises en difficulté sur le territoire national et aussi pour étendre son influence sur toute l’Afrique. Son carnet de chèque est donc sur la table, comme à l’accoutumée. Pour construire les ports, les routes, des chemins de fer, qui manquent encore en Afrique, notamment pour acheminer les matières premières dont les Chinois ont toujours besoin. Pour le moment seuls le Kenya et l’Ethiopie ont bénéficié de la dynamique « route de la soie ». Pékin s’intéresse de plus en plus à l’ouest de l’Afrique, l’Angola, le Nigeria, sont dans son viseur. Les Africains demeurent preneurs, le Togo par exemple se rêve en point d’ancrage du programme Obor -One belt, one road, mais la plupart des pays concernés seront plus attentifs aux conditions de ces prêts.
Car ils ont peur du surendettement ?
Les exemples de la Zambie et du Congo-Brazzaville, acculés à renégocier leurs dettes cette année parce qu’ils ont trop emprunté aux Chinois ont agi comme des chiffons rouges. La Chine est accusée par le FMI, par les Américains, d’avoir sérieusement détérioré les comptes des pays africains en prêtant sans se préoccuper des conséquences sur les équilibres budgétaires de ces pays. Elle s’en défend, elle n’est pas responsable de la crise des matières premières qui a plombé les finances de plusieurs pays africains dit l’un des ministres, qui ajoute les africains ont par ailleurs connu des crises de la dette bien avant qu’ils ne reçoivent de l’argent chinois.
Les Africains veulent surtout éviter que la Chine mette la main sur les infrastructures qu’elle leur construit. C’est ce qui s’est passé au Sri Lanka, l’Etat étant incapable d’honorer sa dette, il a dû céder le contrôle du port construit par les Chinois. C’est ce qui attend le Laos, et ce qui guette aussi Djibouti où l’afflux d’argent chinois a fait subitement gonflé la dette publique de 50 à 80% du PIB. Chinois et Africains sont de plus en plus conscients de ces risques. La Chine est dorénavant plus prudente dans l’octroi d’un prêt. Et les pays bénéficiaires de leur côté cherchent à reprendre le contrôle de leur finance, L’Ethiopie par exemple veut renégocier sa dette chinoise qu’elle trouve difficilement soutenable. Car ces dettes sont, la plupart du temps, libellées en dollar, les remboursements sont encore plus douloureux quand l’économie stagne et que les rentrées en devises faiblissent.
Malgré toutes ces réserves, l’argent chinois va continuer à se déverser sur le continent africain ?
On s’attend encore à des promesses astronomiques, à la hauteur des ambitions chinoises. 126 milliards de dollars sont à la disposition des projets estampillés route de la soie. Et à la hauteur du précédent forum. Il y a trois ans en Afrique du Sud, 60 milliards de dollars d’investissements avaient été annoncés par Xi Jinping. Mais ce qu’il faudra regarder de près, c’est le contenu de ces investissements. Seulement 13% des investissements chinois en Afrique ont une vocation industrielle. Et ce que réclament maintenant les Africains ce sont non seulement des routes ou des ponts, mais des emplois pour leurs ressortissants et surtout des produits à exporter pour rééquilibrer leur balance commerciale avec Pékin largement déficitaire.
EN BREF
Le gouvernement argentin devrait annoncer un plan d’austérité dans les prochaines heures.De nouvelles taxes sur le secteur minier et les exportations de soja pourraient apparaitre. Mais il y aura aussi des coupes sombres dans les dépenses publiques. Le pays est au bord du gouffre, avec un peso en chute libre, une inflation supérieure à 30% qui dévore le pouvoir d’achat des ménages. Buenos Aires demande au FMI d’accélérer les versements du plan d’aide adopté en juin dernier. Une réunion à cet effet est prévue demain à Washington.
Le Japon renonce au pétrole iranien. Sous la pression des Etats-Unis et de Donald Trump Tokyo cherche une alternative à ses importations iraniennes. Le brut iranien représente 5% de son approvisionnement pétrolier.
RFI