Dans l’après-midi du lundi 8 octobre 2018, trois jeunes lycéens faisaient la ronde devant la classe d’un enseignant du premier cycle. Après plusieurs avertissements adressés au groupe d’indisciplinés, l’enseignant tenta de conduire le plus têtu chez le directeur d’école. Sur le chemin de la direction, l’impoli s’agrippa au dos de l’enseignant pour l’étrangler. Ainsi s’engagea un combat de corps à corps qui aboutit à blessures de l’enseignant. Une plainte, introduite à la Brigade Territoriale de gendarmerie de la localité, est restée sans suite ; cela sur injonction de politiciens et de la hiérarchie du C.B. Le malotru est fils d’un ancien député de la localité du nom d’Adama Diallo, aujourd’hui décédé.
Montesquieu, un penseur politique, précurseur de la sociologie, dans ses « Lois sur l’Education » disait : « De nos jours, nous recevons trois éducations différentes : celle de la famille, celle de l’école et celle de la rue. Malheureusement, la dernière tendance renverse les idées des deux premières ». Cette pensée du siècle des lumières sied bien à nos réalités quotidiennes au regard de ce que nous vivons dans nos familles, dans nos écoles et dans nos rues. Si autrefois, dans nos sociétés traditionnelles, la rue contribuaient à l’éducation des enfants, de nos jours le constat est décevant. Le hic est que par la fuite de responsabilités, chacun refuse de balayer devant sa porte et rejette la faute sur l’autre.
L’agression d’un enseignant par un groupe de jeunes lycéens dirigés par le fils d’un ancien député et enseignant de profession aura certainement donné du hoquet au défunt élu, s’il était de ce monde. Est-ce le résultat de l’éducation qu’il a prodiguée à sa progéniture ? On est en passe de répondre à la négative quand on pense à l’humilité de cet ancien conseiller pédagogique du CAP de Yanfolila. Bref, revenons au fait !
Selon l’enseignant victime d’agression que nous avons pu joindre au téléphone, cet après-midi, il dispensait son cours dans la tranquillité lorsqu’il aperçoit trois jeunots, tous des lycéens, postés à la fenêtre de sa classe. A sa question de savoir le but de leur visite inopportun, deux d’entre eux ont quitté les lieux. C’est le fils de l’ex-député qui est resté. Devant son entêtement, le maitre procéda par des intimidations qui le laissèrent indifférent. L’ayant considéré comme simple élève perturbateur, notre maître essaya de le trainer par les mains jusque chez le directeur. Naïf, il ne connaissait pas les intentions de l’impoli caractérisé. C’est à quelques mètres de la direction qu’il fit dévoiler ses réelles intentions qui consistaient à agresser l’éducateur qui a l’âge de son plus que grand frère. Il s’accrocha au cou de sa victime avant de le trimbaler vers un tronc d’arbre. Celui-ci se retourna pour se défendre. Une véritable lutte sénégalaise fut engagée. L’enseignant trébucha et se frotta contre le tronc d’arbre. Le spectacle alerta toute la cour et les classes se vidèrent. Avant l’arrivée des autres maîtres, un motocycliste enfourcha l’agresseur pour le faire disparaître dans la nature. La nouvelle se rependit dans le groupe scolaire et à travers la ville. La victime fut conduite par les siens au Centre de santé de Référence pour des soins avant de porter plainte à la Brigade territoriale de Gendarmerie. La convocation remise à sa famille ne permit pas aux limiers de mettre la main sur lui. L’agresseur qui fait la terminale série TLL au Lycée public de Yanfolila est disparu de tous les radars. Il serait protégé par des politiciens de la localité. La victime ne voulant pas lâcher l’affaire aurait reçu des appels anonymes en intimidation. Des jours passèrent, les enseignants apportèrent leur soutien en synergie. Un arrêt de travail suivi d’une marche a été décrété. Selon certaines indiscrétions, le quidam a bénéficié du soutien de certaines plus autorités politiques et militaires. Le collectif des enseignants en colère voulut paralyser l’école dans la localité. D’intervention en intervention, l’affaire eut un heureux dénouement grâce à l’implication du chef de village. Mais Beaucoup de questions sont restées à travers les gorges. Etait-ce une action préméditée ? Avait-il des antécédents avec la victime ? Serait-il commis par quelqu’un ?
Avant d’avoir de réponses à ces questions, beaucoup affirment que le jeunot est calme et a même de la peine à lever les yeux pour parler à un supérieur. Sans doute c’est sous l’effet de stupéfiants, ajoutent avancent certains.
Par I.K.C
Le Rayon