De passage dans un quartier périphérique de la commune I du district de Bamako, une patrouille du commissariat de police du 12e arrondissement aperçoit, sur bas- côté de la route, entre deux arbustes, une voiture tous feux éteints qui sautille, toute seule. Comme si elle roulait sur des escaliers. C’était la semaine dernière, aux environs de 23 heures.
Le véhicule de patrouille se gare à vingt mètres plus loin. Cinq agents de police en descendent. Avant de se diriger vers la mystérieuse voiture, sans éveiller le moindre soupçon. Quelle ne fût leur surprise ?
Ils aperçoivent un homme, visiblement âgé, en pleins ébats sexuels, entre les jambes d’une mineure d’une quinzaine d’années. Apercevant les policiers qui observaient la scène, il s’arrache des bras de sa dulcinée. Puis, tente de porter son pantalon ; lequel a été mis à l’envers.
Les agents de police les invitent à descendre de voiture. Commence dès lors une longue et interminable négociation entre les policiers, qui menacent de les conduire au poste et le couple. L’homme, tremblant de tout son être, propose une forte somme d’argent aux policiers, contre leur silence. En vain. Toute honte bue, l’homme finit par cracher le morceau : il se présente aux agents comme un député à l’assemblée nationale. Comme en témoignent les documents qu’il leur a montrés. Peine perdue. L’infraction étant consommée, les policiers restent droits dans leurs bottes : ils le conduisent au commissariat du 12e arrondissement. Directement. Non sans avoir alerté leur commissaire, qui se rend sur place.
Mais coup de théâtre : après avoir discuté, quelques minutes avec le député dans son bureau, le commissaire de police en sort furieux. Avant de s’en prendre aux agents qu’il traite de tous les noms d’oiseau. Curieusement. Censés être félicités pour avoir résisté à la tentative de corruption de l’honorable député, les policiers ont été réprimandés. Pire, ils se sont vus intimer l’ordre de relâcher le député et sa maîtresse. Sans autre forme de procès.
Bizarre, vous avez dit bizarre !
Oumar Babi
