Que retenir des soixante années d’existence du Mali contemporain ? Le constat est amer et force est de reconnaitre qu’il n’a point suivi le destin de pays leader sous-régional qu’on lui prêtait à la fin des années cinquante. Le pays aura connu quatre coups d’Etat et peine depuis une dizaine d’années à assurer son intégrité territoriale, chose bien qu’ardue, est l’attribut essentiel d’un pays souverain.
Soixante années d’indépendance, et sur le territoire, ce sont des troupes étrangères qui concourent à assurer la sécurité nationale. Soixante années d’indépendance, et l’école malienne d’aujourd’hui est la pâle copie de ce qu’elle fut jadis. Soixante années d’indépendance, pas de système de santé viable, pas de justice juste, et pire que tout, déperdition totale des valeurs morales. Aujourd’hui, quand le Malien lambda dit du bien de son pays, c’est qu’il parle de ce que fut son pays.
Et si en 2010, l’on fêtait le cinquantenaire du pays alors que des hordes de bandits armés sans foi ni loi s’implantaient tranquillement dans notre grand nord pendant que nous étions ivres de joie de notre supposée maturité acquise, que dire alors de notre soixantième ? La symbolique est saisissante, pas d’autorités légitimes à la tête du pays alors qu’à cette date, la stabilité politique devrait être le minimum syndical pour un pays qui se voulait grand.
Que diraient les pères de l’indépendance s’ils voyaient aujourd’hui ce que leur Mali est devenu, eux qui étaient si fiers, si patriotes ? Et les Maliens d’aujourd’hui, que pourraient-ils leur donner comme éléments de réponse pour justifier combien et comment le Mali est tombé si bas ? D’autant plus qu’assez souvent, ils se plaisent à prendre verbalement exemple sur eux sans jamais l’appliquer dans leurs actes au quotidien.
Grand temps il est, de sortir des discours démagogues et arrivistes et de placer le Mali au-dessus de tout. Car il n’y a rien de glorieux pour un pays de fêter ses 60 ans d’indépendance avec des militaires putschistes aussi populaires soient-ils, surtout si sur l’intégrité territoriale peine à être une réalité.
Le vœu pieux et sincère que l’on puisse faire est que pour les 70 ans du Mali, que la fête d’indépendance soit célébrée au nord malien, à Kidal ou ailleurs. Là, la symbolique sera forte, et surtout positive.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosept