Des milliers de personnes ont à nouveau défilé mercredi dans les rues de Turquie pour dénoncer la corruption du régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Le gouvernement de ce dernier a de son côté promulgué une loi très critiquée renforçant son emprise sur la justice.
Partie dès mardi soir de façon largement spontanée dans une dizaine de villes, la vague de contestation s’est poursuivie à Istanbul et Ankara aux mêmes cris de « gouvernement, démission! » et « au voleur! », après la diffusion d’une conversation téléphonique qui a pour la première fois directement mis en cause M. Erdogan.
Gaz lacrymogènes
Dans la capitale Ankara, plus d’un millier de personnes réunies à l’appel de plusieurs syndicats ont également exigé la démission de M. Erdogan. La police est intervenue avec des gaz lacrymogènes pour disperser le cortège qui marchait sur le Parlement.
Deux mois après le début du scandale, la publication lundi soir sur YouTube de l’enregistrement de plusieurs conversations téléphoniques compromettantes attribuées au Premier ministre et à son fils Bilal a relancé la polémique.
Dans ces échanges écoutés par plus de trois millions d’internautes, M. Erdogan ordonne à son fils de faire disparaître de fortes sommes d’argent – le chiffre de 30 millions d’euros est cité -, deux heures après le coup de filet ordonné le 17 décembre par la justice contre des dizaines de proches du régime soupçonnés de corruption.
M. Erdogan a vigoureusement contesté mardi l’authenticité de ces bandes et dénoncé une « attaque abjecte », aussitôt attribuée à ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influents dans la police et la justice.
Réforme critiquée
Dans ce climat de forte tension, le président Abdullah Gül a finalement donné mercredi son feu vert à la réforme très critiquée du Haut conseil des juges et procureurs (HSYK), malgré les appels au veto qui lui avaient été adressés.
Ce nouveau texte autorise le ministre de la Justice à fixer l’ordre du jour du HSKY et à ordonner des enquêtes sur ses membres, et lui donne la dernière main sur les nominations des hauts magistrats.
Le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, a immédiatement saisi la Cour constitutionnelle de ce texte. La réforme judiciaire ne vise à rien d’autre, selon l’opposition, qu’à étouffer les accusations de corruption portées contre le régime.
source : romandie