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Tunisie : Les journalistes dans la rue après le départ de Macron

Vendredi 2 février 2018, le SNJT (Syndicat National des Journalistes Tunisiens), principal central syndical des journalistes à Tunis, regagna les rues de Tunis pour montrer leur mécontentement face aux violences perpétrées par l’État contre les journalistes nationaux et étrangers. Cela se produit juste après le départ de Macron qui était venu en visite de travail et d’amitié dans ce pays avec son homologue Beji Caid Essebsi.

 Le vendredi dernier était le « jour de colère pour la presse tunisienne » qui s’est manifestée contre toutes les violations des droits des journalistes par un « État policier ». La presse est mise sur écoute, elle n’est plus libre dans ses mouvements ; toute chose qui peut entraver le bon fonctionnement de son travail. Ces violences concernent toutes les presses confondues : journalistes nationaux, correspondants étrangers, etc.

Tous ceux-ci ne peuvent venir que d’un « État policier », un État qui donne plus de pouvoir à la gent militaire. En effet, le syndicat de la police constitue en Tunisie aujourd’hui une véritable force politique, car il se mêle des affaires sociales et politiques. Ce syndicat a dès lors quitté sa place pour se mêler d’un autre ordre ne le concernant pas directement, la répression des civils réclamant leurs droits.

Par ailleurs, cette manifestation du SNJT intervient juste après le départ d’Emmanuel Macron qui venait d’effectuer 48 heures de visite en Tunisie. Lors de cette visite, Human Right Watch avait fait part au président français de toutes les exactions perpétrées par ce régime Essebsicontre la population. Ce fut l’occasion de souligner surtout la répression perpétrée contre des manifestants au début du mois de janvier et qui donna lieu à un mort et des incarcérations. Cette dénonciation  n’attira pas malheureusement l’attention de M. Macron qui se contenta de souligner : « Nous sommes dans un pays où une constitution existe, où les règles de droit sont respectées. » Il ne se contenta pas de cela, il continua en ajoutant : « Il faut être exigeant, car la République et la démocratie sont un combat permanent. »

Par ailleurs, ces propos de Macron sont-ils à la base de cette manifestation ; des propos dans lesquels on peut voir un encouragement de la dictature des dirigeants des démocraties africaines ? Difficile de répondre efficacement. En tout cas, les critiques se multiplient dans les rues de Tunis ; des critiques faisant surtout état d’une indifférence du président français des problèmes tunisiens. Il faut comprendre que Macron s’est montré satisfait de la gouvernance tunisienne actuelle qui, selon lui, est sur une bonne voie dans le processus de démocratisation.

Il convient de comprendre que cette tournée du locataire de l’Élysée cette semaine fut l’occasion pour des manifestations dans les pays où il s’est rendu. L’organisation de  la conférence panafricaine, « partenariat mondial pour l’éducation », fut l’occasion pour le SAES (Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur) de Dakar d’observer 48 heures de grèves, car les enseignants trouvent que le gouvernement ne tient pas ses promesses. Alors, cette fois-ci, ils ont attendu le bon moment pour agir afin de faire plus mal. Cette grève eut lieu au moment où Macron était encore là pour discuter d’éducation avec ses compatriotes africains.

Cependant, il revient aux présidents occidentaux de mesurer leurs discours s’ils viennent en Afrique pour apaiser les tensions. Sans cela, ils risquent d’attiser le feu après leur départ voire en leur présence. Tout porte à croire que cette manifestation du SNJT fait suite au discours de Macron le mercredi dernier à Tunis ; discours dans lequel il nie ou reconnait le gouvernement tunisien dans ses droits lorsqu’il a réprimé des manifestants au début du mois de janvier ; des civils qui manifestaient contre la hausse des prix.

Enfin, les Africains doivent arriver à la compréhension que personne ne viendra construire ce continent à leur place. Il ne manquera pas d’hommes pour le détruire, mais s’il s’agit de le construire véritablement, il ne faudrait compter que sur ses fils.

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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