48 heures après le massacre dans le village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti, des personnes ont été arrêtées par les autorités. Dans un communiqué produit, hier, mercredi 12 juin 2019, le gouvernement malien précise que 6 personnes ont été interpellées suite à des contrôles de routine, dont 2 par la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali). « Conformément aux instructions du Président de la République, le Gouvernement a mis en route une batterie de mesures pour poursuivre, arrêter et traduire devant les juridictions compétentes les auteurs de cet acte ignoble », révèle le communiqué du gouvernement. Les autorités maliennes ont aussi pris des sanctions contre le gouverneur de Mopti. Selon le gouvernement malien, tirant les leçons de ce drame, le conseil des ministres a procédé à la révocation du Gouverneur de la Région de Mopti Sidy Alassane Touré.
Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que suite à la mission des enquêteurs effectuée ce jour, mardi 11 juin 2019 dans le village de Sobame, le nombre de personnes tuées a été ramené de 95 à 35 (11 adultes et 24 enfants). Selon le gouvernement malien, ce nombre résulte d’un décompte minutieux effectué par une équipe constituée d’éléments de la protection civile, de médecins légistes du procureur de la République. « Au sujet des 95 précédemment annoncés, le chef du village de Sobame a témoigné que cela correspondait aux morts et disparus combinés. Il ressort des premières investigations menées sur le terrain qu’une centaine de femmes se seraient aussi réfugiées dans le village de Koundo. Six (06) personnes ont été interpellées suite à des contrôles de routine, dont deux (02) par la MINUSMA. Le Gouvernement sait compter sur le sens de responsabilité des medias afin de contribuer à l’apaisement et au retour à la sérénité des populations civiles. Le Gouvernement réitère ses condoléances les plus émues aux familles endeuillées et ses souhaits de prompt rétablissement aux blessés », souligne le communiqué du gouvernement malien en date du 12 juin 2019. Conformément aux instructions du Président de la République, le Gouvernement dit avoir mis en route une « batterie de mesures pour poursuivre, arrêter et traduire devant les juridictions compétentes les auteurs de cet acte ignoble ». Par ailleurs, le Gouvernement en appelle au sens de responsabilité des maliennes et des maliens et les invite à ne pas tomber dans le piège de l’amalgame et de la vindicte. Des sanctions ont été aussi prises contre certains responsables maliens dont le gouverneur de la région de Gao, Sidy Alassane TOURE qui été demis de ses fonctions. Le ministre de la communication, chargé des relations avec les institutions, porte parole du gouvernement Yaya Sangaré, joint par le Républicain, a confirmé le limogeage du premier responsable de la région de Mopti. «Tirant les leçons de ce drame, le conseil des ministres a procédé à la révocation du Gouverneur de la Région de Mopti », selon le communiqué du conseil des ministres.
Traquer les assaillants où qu’ils se trouvent !
A rappeler que dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin 2019, une attaque armée tragique a été perpétrée par les terroristes dans le village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti. Cette attaque a fait plusieurs dizaine de morts et des blessés. Suite à l’attaque, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, informait l’opinion, le 10 juin 2019, de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le Procureur du Pôle Judiciaire Spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. « Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, en appelle à la vigilance de chaque citoyen pour rapporter ou dénoncer aux autorités judiciaires tout fait susceptible de faire avancer l’enquête en cours. Le ministre assure en outre que l’opinion sera tenue informée de l’évolution de la procédure » révèle le communiqué du ministre Malick Coulibaly. A cause de cette attaque lâche, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a décidé d’écourter son séjour en Suisse où il se trouvait dans le cadre du centenaire de l’Organisation Internationale du Travail. Quant au premier ministre, Dr Boubou Cissé, chef du gouvernement, il s’est rendu, le mardi 11 juin dernier sur le lieu de l’attaque pour constater de visu l’horreur de la situation. Pour le Premier ministre, « c’est une épreuve difficile qui endeuille notre Nation toute entière et même heurte la conscience humaine. Toutes ces victimes de l’horreur et de la barbarie nous rappellent la responsabilité qui nous incombe, en tant que dirigeants, de renforcer et d’accélérer les efforts sécuritaires, économiques et politiques entrepris en faveur de la paix et de la réconciliation ». Il a promis que les assassins et leurs commanditaires, où qu’ils soient, seront traqués et poursuivis devant la loi. Il n’a pas occulté la responsabilité des pouvoirs publics, car a-t-il scandé : « chaque malienne et chaque malien que nous n’aurions pas su protéger de l’insécurité est un mort que chaque dirigeant, politique ou ministre du gouvernement, devrait avoir sur sa conscience ». En tout cas, la traque des assaillants et les juger conformément à la loi est le vœu le plus ardent des maliens, en occurrence les organisations de défense des droits de l’homme et la classe politique dans son ensemble. «La lutte contre l’impunité est l’un des moyens les plus efficaces permettant de prévenir la violence et la commission de ces crimes massifs et graves en raison notamment de ses vertus dissuasives et répressives. Cependant, hormis l’ouverture des enquêtes dans le cadre du traitement de certaines violations graves des droits de l’Homme et la perspective d’élargissement de la compétence du pole judiciaire spécialisé, des actions concrètes se font toujours attendre. La ténue des procès en guise de réponse judiciaire à ces massacres pourrait aussi permettre de prévenir la vengeance et d’écarter les acteurs de violence», a déclaré Me Moctar MARIKO, Président de l’AMDH (Association malienne des droits de l’homme). Face à la gravité de la situation, à la recrudescence de la violence et à la récurrence des attaques du genre, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), piloté par le chef de file de l’opposition, l’honorable, Soumaïla Cissé, souhaite qu’une enquête à l’échelle internationale soit conduite à terme afin que les auteurs, coauteurs et les éventuels complices de ce drame inacceptable soient punis conformément à la loi.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain