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Sécurisation du Sahel : La France lâche les États de l’Afrique

Le message de Paris est sans appel : Jean-Yves le Drian, le ministre français de la diplomatie n’a pas tergiversé pour se livrer à une rare critique des dirigeants africains sur la sécurisation de la région du Sahel.

« Les États de l’Afrique de l’Ouest confrontés à la menace djihadiste ne devraient pas prendre pour acquis la présence militaire française dans le Sahel car Paris n’y sera pas pour toujours ».

Voici en substance résumée l’intervention de Jean-Yves Le Drian, devant la commission parlementaire des affaires étrangères, le mardi 28 mai dernier. Le chef de la diplomatie française n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le laxisme des dirigeants du Sahel alors que la sécurité se détériore chaque jour un peu plus dans cette région. Ces dernières semaines, en effet, la région aux frontières poreuses a enregistré une flambée de violence de groupes liés à Al-Qaïda et à l‘État islamique.

La multiplication des attaques dans la région du nord du Burkina Faso, à la frontière du Mali et du Niger à laquelle s’ajoute la montée des conflits ethniques a davantage souligné la difficulté que rencontre la communauté internationale pour rétablir la stabilité régionale.

Pour Jean-Yves Le Drian, cependant, il est du devoir des chefs d’État concernés de contenir la menace. « Les autorités des pays du Sahel ne doivent pas rester dans une zone de confort où penser que Barkhane (les forces françaises) est derrière eux », a déclaré Le Drian à la commission parlementaire des affaires étrangères. Avant de marteler : « C’est une tentation, mais progressivement, il faut dire que la sécurité des Africains sera assurée par les Africains. L’objectif n’est pas que Barkhane reste là pour une éternité ».

Dès 2013, la France est intervenue au Mali pour chasser les militants islamistes qui occupaient le nord. Depuis lors, l’ancienne puissance coloniale a gardé environ 4 500 soldats dans la région dans le cadre des opérations Barkhane de lutte contre le terrorisme. Toujours sous l’impulsion de Paris, les pays du Sahel, aidés des Nations unies et des puissances occidentales ont mis sur pied la force du G5 Sahel composée de soldats maliens, nigériens, burkinabés, tchadiens et mauritaniens pour lutter contre les djihadistes.

Mais cette force censée servir de relais à Barkhane rencontre des difficultés dans sa mission en raison notamment des retards dans le paiement de l’argent promis et de la mauvaise coordination entre les cinq pays membres.

« Le G5 Sahel doit progressivement assumer ses responsabilités. Barkhane ne peut pas tout faire. Le témoin doit être repris par les pays concernés. Ça arrive, mais pas assez vite », a déclaré Le Drian.

Ses propos sont une rare critique contre les pouvoirs de la région, mais surtout, le signe d’un agacement de Paris dont les opérations sont contrariées par la flambée de l’extrémisme avec l’arrivée de nouveaux groupes radicaux. À cela, s’ajoutent les pressions des États-Unis qui militent pour un retrait de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Une mission budgétivore et carnivore qui reste la plus meurtrière des missions de paix de l’ONU.

Les États-Unis ont notamment déclaré en mars dernier que la Minusma n’avait pas réussi à rétablir la paix et que le Conseil de sécurité devrait envisager un retrait majeur. Une décision qui mettrait alors les soldats français et ceux des pays de la région seuls face à la menace djihadiste.

En attendant, l’abandon de la lutte contre le terrorisme au Sahel n’est qu’une question de jour pour la France.

Jean Pierre James

Source: Nouveau Réveil

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