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Tropicale Amissa Bongo : un espoir africain nommé Paul Daumont

REPORTAGE. Désigné coureur le plus combatif de la 3e étape du Tour du Gabon, le Burkinabè Paul Daumont a déjà, à 20 ans, l’étoffe des grands champions.

Mercredi 22 janvier, la 3e étape reliant Mitzig à Ndjolé, 186 km à travers la province du Woleu-Ntem, a été remportée au sprint par Biniam Hailu (Nippo – Delko – Provence). La journée a été marquée par deux grandes échappées, tout d’abord un petit groupe de cinq éléments emmené par Natnael Berhane (Cofidis), puis celle du professionnel angolais Gabriel Cole (Bai Sicasal) accompagné de Paul Daumont (Burkina Faso). Les deux hommes ont parcouru plus de quarante kilomètres en duo, avant de recevoir le renfort du Français Julien Antomarchi (Natura4Ever-Roubaix). Cela n’a pas suffi pour résister au retour du peloton. Malgré cela, pas de frustration pour Paul Daumont, élu coureur le plus combatif à l’issue de l’étape. Le jeune homme de 20 ans gardait le sourire à l’arrivée :« J’avais dans l’idée d’aller marquer des points au classement du meilleur grimpeur. Je me suis ensuite retrouvé avec le coureur angolais à l’avant, nous nous sommes bien entendus et nous avons creusé l’écart dans la descente. Malgré notre cohésion, à 50 kilomètres de l’arrivée avec le vent de face, je savais que nous avions très peu de chances d’aller au bout. Mais il fallait continuer malgré tout d’y croire. De toute façon, je préfère partir à l’avant plutôt que de rester tranquille toute la journée dans le peloton… »

 

Une arrivée tardive dans le cyclisme

Partir en échappée, c’est l’une des spécialités du jeune Burkinabè, qui se définit lui-même comme un rouleur-baroudeur. Pourtant, Paul Daumont pratique le cyclisme à haut niveau depuis moins de quatre ans. Né à Bangui en 1999, d’une mère centrafricaine et d’un père français, le jeune homme grandit à travers différents pays du continent africain, au gré des mutations de son géniteur, logisticien. Il passe son enfance entre la Centrafrique, le Cameroun, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Togo, avant que la famille ne se fixe au Burkina Faso. C’est dans ce pays, dont il porte aujourd’hui les couleurs, qu’il prend sa première licence, à l’âge de 17 ans : « Je faisais du VTT en loisirs et j’ai découvert la route un peu par hasard, cela m’a beaucoup plu ! » Les premiers résultats ne se font pas attendre. Après une victoire au Grand Prix cycliste CNOSB (une course nationale burkinabè) devant quelques-uns des meilleurs cyclistes du pays, il est sélectionné pour représenter son pays lors des grandes compétitions du continent africain. Il participe dès sa première année au Tour du Gabon et au Tour de l’Espoir, première manche de la Coupe des nations espoirs. Il en repart avec une septième place, ce qui lui permet d’être convié pendant un mois au centre continental de l’Union Cycliste Internationale au Cap en Afrique du Sud, puis un mois supplémentaire au centre mondial du cyclisme à Aigle en Suisse ; l’occasion pour lui d’apprendre le métier de coureur cycliste. Une expérience bénéfique puisqu’il arrive à se qualifier pour les championnats du monde d’Innsbruck (Autriche) pour la course Espoirs. Il est alors le seul cycliste d’Afrique de l’Ouest engagé sur ces Mondiaux, hommes et femmes confondues.

Un joli palmarès sur le continent

L’an dernier, il remporte une étape du Tour du Togo et termine à la deuxième place au classement final, il s’impose au Tour de Côte d’Ivoire et décroche la médaille de bronze au championnat d’Afrique sur route espoirs. Une nouvelle fois sélectionné pour les Mondiaux, il est obligé d’abandonner sur le circuit sillonnant les routes du Yorkshire, face à une météo exécrable : « Je suis habitué à la chaleur, la pluie et le froid m’ont beaucoup pénalisé là-bas, raconte-t-il aujourd’hui avec le sourire.J’étais arrivé une semaine avant pour m’acclimater, mais cela n’a pas suffi, d’autant plus que cela faisait plus d’un an que je n’avais pas roulé en Europe. Mais j’étais de toute façon déjà très heureux et fier de voir mon nom inscrit sur la liste des partants. Je venais là pour me faire plaisir, sans pression. »

Fan de Peter Sagan

Malgré son talent, il se laisse un peu de temps et préfère finir sa licence en communication et marketing à l’université de Ouagadougou. Il espère ensuite repartir pour une saison complète au centre mondial du cyclisme afin de tenter de passer professionnel et ainsi, pourquoi pas, croiser dans un peloton son idole, Peter Sagan : « J’aime sa manière de courir et sa philosophie, avoue le jeune homme.Il apporte beaucoup au cyclisme actuel et le rend attrayant. C’est bien de voir quelqu’un casser un peu les règles sans réellement se soucier de ce que vont penser les autres. » Et c’est donc tout naturellement que le jeune Burkinabè rêve de participer – comme son modèle – à Paris-Roubaix et de se tester sur les pavés de l’Enfer du Nord. En attendant, il garde la tête sur les épaules et, surtout, il continue à pratiquer sa passion sur les routes du Gabon, le tout avec un grand sourire !

Par notre envoyé spécial à Ndjolé, Gautier Demouveaux

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