Entre conflits intercommunautaires, terreur des groupes armés, la situation sécuritaire au centre du Mali s’éloigne chaque jour un peu plus du contrôle des autorités légitimes. Quelle est votre analyse du phénomène ?
La situation sécuritaire au centre va de mal en pis. Les affrontements entre communautés, antérieures à l’indépendance, ont pris beaucoup d’ampleur. L’autre versant de la situation, c’est l’implantation des groupes armés, autoproclamés « djihadistes». La mauvaise distribution de la justice et le retrait progressif de l’Etat ont permis à ces groupes de s’installer de façon plus ou moins durable. Evidemment le terrain était balisé en amont, à travers la Dawa, une sorte de prêche de proximité qui a permis à Hamadoun Kouffa d’étendre son projet.
Le faible taux de scolarisation de la région, notamment au sein de la communauté peule et la marginalisation des jeunes issus du système d’écoles coraniques contribuent-ils à y amplifier le climat d’insécurité ?
Le taux de scolarisation est assez relatif, par endroit, ce taux est très important. Toutefois des efforts restent à faire quant à l’accès des populations à certains services sociaux de base du fait de l’enclavement. S’agissant du système d’écoles coraniques, c’est un problème réel. La formalisation de ce système au même titre que l’école conventionnelle devrait s’accélérer pour prendre en compte ceux qui y sortent. Ces derniers peuvent représenter un creuset de recrutement pour les groupes armés.
Quelles pistes de solution préconisez-vous?
Les solutions sont nombreuses autant que les problèmes. Tout d’abord, il faut la présence de l’Etat dans cette région ensuite le renforcement des mécanismes traditionnels de justice en harmonie avec la justice conventionnelle dans le but de gérer les frustrations occasionnées par une longue période d’injustice et d’impunité et enfin, la reconstruction de la classe politique dans son ensemble en vue d’une union au tour de l’essentiel : le Mali.
Aly Bocoum
Le Pays