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Tresse à la main : un métier traditionnellement féminin

Pour Madou Ba, «tresser les bonnes dames pour tirer leur front en toute beauté est évidement une affaire de femme». Tout évolue, tout change. Ce jeune homme de dix huit ans n’a pas manqué de courage pour s’adonner à ce métier traditionnellement féminin. Mamadou Diarra dit Madou Ba vit au camp (GSSP) Kourani de Koulouba où il tresse à ses heures perdues dans la cour de l’école fondamentale.

Portant une casquette bleue, muni d’une trousse bleue dans laquelle il garde peigne, ciseaux et d’autres machins de coiffure, on y trouve presque tout sauf une tondeuse. Madou Ba prend les cheveux d’une petite fille de sept ans en portion qu’il tresse avec une laine noire. Le résultat donne un parfait “moromoro”.

Ses deux majeurs onglés de trois centimètres environ donnent sans doute l’apparence des mains d’une coiffeuse habile. Le jeune coiffeur a appris la coiffure tout petit. Il s’exerçait avec des poupées adorables qui ne sont autres que ses petites sœurs. «La coiffure est une passion pour moi», nous confie Mamadou Diarra, élève en classe de neuvième année fondamentale.

Ses clientes sont en grande partie ses voisines de quartier et leurs enfants. «Je coiffe les femmes et les enfants et je le fais au quotidien, ce n’est pas qu’occasionnelle». Cette clientèle un peu particulière n’offre pas un revenu satisfaisant. Certaines voisines font un petit geste (argent) après être coiffées, ou remercier l’habile coiffeur et d’autres font des bénédictions.

«Les gros bonnets» adeptes qui courent les cérémonies de baptême, fiançailles et mariage font appel à leur coiffeur spécial qui exerce aussi son talent dans les salons de coiffure environnants quand on le sollicite. Selon lui, l’esprit d’équipe est important car le coiffeur seul ne peut pas rendre la femme belle. Il faut certes un coup de peigne, mais aussi une bonne pédicure et une manucure avec un maquillage élégant pour couronner toujours une reine.

Faute de salon de coiffure, le domicile de Djènè Kaba, la grande sœur des jeunes du camp Kourani de Koulouba, est l’un des lieux de rendez-vous de l’artiste et ses clientes.

Fanta Koné cliente et voisine : «Madou Ba était un petit garçon qui a brusquement commencé à tresser. Il aime bien ce métier et le fait bien. En plus d’être jovial avec tout le monde, il reste indifférent aux critiques des gens qui pensent que tresser les femmes n’est pas un travail pour monsieur. Je le considère comme un petit-frère. Que Dieu lui donne la chance de réussir».

«Je n’ai pas eu d’énorme difficulté mais j’ambitionne d’ouvrir un salon de coiffure. J’aimerais avoir une aide pour m’épanouir dans la coiffure et pouvoir continuer mes études». Tels sont les propos de Madou Ba. Notre coiffeur a la main pour les «moromoro», les tresses rasta et torsade, dont les prix varient entre 5000, 6000  et 10 000 FCFA.

Il n’y a pas de sot métier, on peut faire tout travail qui nous procure un avantage. Que Dieu nous donne la chance de travailler. C’est sur ses propos que nous avons donné au revoir à Madou Ba.

Assa SIDIBE

Le Reporter

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