Sa mise en œuvre permettra d’avoir une meilleure qualité des images et la réception sera largement améliorée par rapport à celle de l’analogique
Le développement des outils et produits des technologies de l’information et de la communication (TIC) constitue depuis longtemps, une priorité pour les autorités. C’est ainsi que des progrès remarquables ont été enregistrés dans le domaine de la téléphonie mobile qui est, encore en train de continuer sa dynamique grâce aux deux grands opérateurs du domaine : Sotelma-Malitel et Orange-Mali. L’Internet aussi est en constante progression avec les actions des opérateurs ainsi que de l’Etat dans le cadre de l’exécution de l’ambitieux projet de maillage du territoire avec la fibre optique. La révolution numérique n’épargne de nos jours aucun domaine de la technologie. Singulièrement la télévision et la radiodiffusion ont pris le train du numérique, faisant évoluer la qualité des images et des sons et facilitant le travail des professionnels avec des matériels plus faciles à utiliser et plus malléables. C’est ainsi que la télévision numérique terrestre (TNT) a pris le pas aujourd’hui sur la télévision analogique. Déjà Européens et Américains ont pris une bonne longueur d’avance en matière de révolution dans le domaine de la télévision. L’Afrique, elle est en train de s’organiser pour ne pas rater le dernier wagon de l’évolution, à travers des accords. C’est dans ce cadre que notre pays a approuvé l’accord (GE06) adopté le 16 juin 2006, lors de la Conférence régionale des radiocommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT). En conséquence, l’Etat s’engage à réaliser le passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique pour la télévision à l’échéance du 17 juin 2015. Dans cette optique, le dossier de la transition numérique a pris corps en 2011 avec la création, auprès du Premier ministre, d’un Comité national pour la transition de la radiodiffusion analogique terrestre vers le numérique. La première réunion de cet organe a permis l’adoption de la feuille de route de la transition numérique et la mise en place de deux commissions chargées de sa mise en œuvre. Mais le projet a été fortement perturbé par la crise politico-sécuritaire dans notre pays en 2012. Le retour à la normale a permis aux acteurs et leurs partenaires, impliqués dans cette migration de l’analogique vers le numérique, de reprendre l’exécution du projet. Qu’est-ce qui explique le choix de l’adhésion de notre pays à cet ambitieux programme de transition vers le numérique ? Quels sont les différents projets que décline ce vaste programme de transition vers le numérique ? Quels sont les partenaires qui nous accompagnent ? Quel est le coût de cette transition ? Quel est le niveau d’opérationnalisation du projet ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ce vaste programme ? Quelles sont les perspectives du secteur des nouvelles technologies dans notre pays ? Qu’est-ce qui est prévu pour une large information du public ? Tous les téléviseurs actuellement en service seront-ils mis au rebut ? Quelles sont les caractéristiques des téléviseurs à acquérir ? Autant de questions auxquelles les experts du ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication ont donné des réponses qui permettent de comprendre le processus de la transition vers le numérique. Etienne Coulibaly et Assane Diawara, tous deux conseillers techniques en service au département de l’Economie numérique expliquent l’adhésion de notre pays à la transition vers le numérique par l’adoption de l’accord régional dénommé « Accord de Genève » (GE06) du 16 juin 2006, lors de la Conférence régionale des radiocommunications (CRR) de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Cet accord prévoit la migration des services de radiodiffusion de l’analogique vers le numérique dans la Région 1 (Afrique, Europe, Communauté des Etats Indépendants – CEI, Pays Arabes et Iran) d’ici le 17 juin 2015. 8 à 15 chaînes. Selon nos deux spécialistes, « avec le passage au numérique, les canaux de télévisions dans les bandes VHF et UHF qui diffusent actuellement un seul programme analogique, pourront diffuser plusieurs programmes (8 à 15 chaînes suivant la technologie utilisée) d’où une réduction substantielle du coût de diffusion des programmes TV. En plus de la qualité des images, la réception sera largement améliorée par rapport à celle de l’analogique ». A titre d’exemple, expliquent-ils, le remplacement de l’émetteur TV en service à Kayes par un nouvel émetteur numérique de deuxième génération (DVB-T2) d’une puissance identique permettrait de diffuser pour la même zone de couverture, en plus des programmes de la télévision nationale actuellement diffusés, ceux de TM2 et des huit futures stations régionales TV. Il resterait encore de la place pour cinq autres chaînes TV. « En outre la même ressource en fréquences peut être utilisée pour de nouveaux services de communication mobile comme la télévision mobile portable (TMP) ou l’Internet haut débit et bien d’autres services », expliquent nos deux interlocuteurs. La stratégie nationale de transition, développent les spécialistes, est bâtie sur trois axes : le déploiement de la TNT, la communication et la restructuration de l’ORTM. Le premier axe s’appuie sur la numérisation du réseau de diffusion analogique existant, prenant en compte la couverture satellite. Il comprend trois composantes : l’infrastructure, la réception et la ressource humaine. La composante infrastructure prévoie l’installation de plateformes numériques ayant une zone de couverture terrestre d’environ 80 km pour les capitales régionales et 70 km pour les chefs-lieux de cercles. Les zones non couvertes par les plateformes et celles ayant un relief accidenté seront prises en charge par la diffusion sur satellite couvrant l’ensemble du territoire national ainsi que les pays voisins. La composante réception concerne l’accès aux programmes dans les ménages et constitue à cet égard un défi important du processus de transition. Le coût des équipements de réception (antenne + décodeur) est le même pour les deux modes (terrestre et satellite), il faut cependant prévoir des mesures d’accompagnement pour faciliter davantage l’accès. Quant à la composante ressource humaine, elle prend en compte la mise à niveau du personnel existant. Elle intègre également le redéploiement et le recrutement pour les besoins nouveaux. L’axe deux, la communication concerne l’ensemble des activités de communication et implique le grand public (consommateurs), les décideurs (pouvoirs publics, députés et les élus locaux), les professionnels (opérateurs de diffusion, importateurs et vendeurs d’équipements, installateurs). Tous les outils et supports de communication (modernes et traditionnels) seront utilisés assurent Assane Diawara et Etienne Coulibaly. Pour l’axe trois, il s’agira de mener des réformes institutionnelles tendant à adapter l’ORTM au nouveau contexte concurrentiel. Ces reformes touchent à la fois son statut, ses missions et sa structure. Pour la bonne mise en œuvre du programme, les partenaires internationaux : l’UIT, l’UEMOA, la CEDEAO ainsi que des partenaires nationaux : CNEAME, AMRTP, CSC, PANOTECH, MALIVISION, MULTICANAL, CCIM, ASCOMA, REDECOMA. Le coût global de la stratégie de transition est estimé à 44 178 500 000 Fcfa qui seront utilisés dans les infrastructures de diffusion et de transmission, les ressources humaines, la communication et les matériels et pièces de rechange, mise en place de l’opérateur, accompagnement social, location de capacité satellitaire…). Défi du financement. Pour trouver cette somme, les spécialistes expliquent que des requêtes de financement ont été introduites auprès de la BOAD et de la BIDC par le ministère l’Economie et des Finances. Pour ce qui est du niveau d’opérationnalisation du projet, nos deux interlocuteurs révèlent qu’un appel d’offres a déjà été élaboré et que les spécifications techniques des équipements et ouvrages ainsi que le bordereau des prix unitaires (BPU) sont disponibles tandis que les cadres des devis estimatifs et le Cahier des clauses administratives particulières (CCAP) sont en cours de finalisation. Toujours dans ce chapitre, diverses activités ont été organisées dans le domaine de la communication. Une journée d’information a été organisée le 26 juin 2014 par le ministère de l’Economie numérique en collaboration avec la CCIM et le ministère du Commerce. Cette rencontre a permis de sensibiliser les opérateurs et les consommateurs sur les enjeux de la transition en relayant des informations dans les medias en langues française et nationales. La campagne de sensibilisation sur l’interdiction d’importation de postes de télévision et équipements de radiodiffusion non conformes aux normes a démarré le 16 juin 2014 et se poursuit. La diffusion de messages, en français et dans les langues nationales, sur l’interdiction d’importation des postes de télévision et des équipements de radiodiffusion non conformes aux normes est en cours tandis que le site web: www.transitionnumerique.ml spécialement dédié à la transition vers le numérique a été créé. Pour ce qui est des mesures d’ordres administratifs et institutionnels, nos deux interlocuteurs rappellent que le Comité interministériel pour le suivi de l’application du règlement n° 02/CM/UEMOA relatif à l’interdiction de l’importation et de la commercialisation des postes de télévision et équipements de radiodiffusion non conformes aux normes a été créé par Arrêté n° 2014-1864/PM-CAB du 11 juillet 2014, tandis que l’arrêté interministériel n° 2014-1980/MC-MEF-MENIC-SG du 23 juillet 2014 portant règlementation de l’importation et la commercialisation des postes de télévision et équipements de radiodiffusion non conformes aux normes a été adopté pour faciliter l’application du règlement n° 02/CM/UEMOA. Assane Diawara et Etienne Coulibaly rappellent aussi d’autres activités réalisées dans la transition vers le numérique. Il s’agit de la mission effectuée du 16 au 17 juillet 2014 par un expert de la Commission de l’UEMOA au Mali et ayant permis d’adopter une feuille de route, de sensibiliser les autorités et l’ensemble des acteurs du secteur de l’audiovisuel sur les enjeux de la transition et la réunion organisée du 28 au 29 juillet 2014 à Praia au Cap Vert à l’initiative de la CEDEAO. En marge de cette réunion, trois pays (Benin, Mali et Niger) ayant déposé des requêtes de financements auprès de la BOAD et de la BIDC ont convenu d’une mission commune de haut niveau qui devrait être menée le 18 août 2014 dernier à Lomé en vue de faire diligenter le financement. Pour ce qui concerne des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du vaste programme, nos deux interlocuteurs reconnaissent que la mobilisation des ressources nécessaires au financement est un défi important à relever. Pour une large information du public les deux spécialistes assurent qu’un vaste plan de communication est élaboré dont le coût est estimé à 732 millions de Fcfa. « Tous les téléviseurs non conformes aux normes DVB-T2, MPEG-4 AVC auront besoin d’un adaptateur (SET TOP BOX) ou des décodeurs », précisent nos spécialistes qui ajoutent que les téléviseurs qui n’ont pas d’entrée AV ne pourront pas être adaptés. « Compte tenu du délai du 17 juin 2015, et au regard des délais de fabrication des équipements, il y a lieu de prendre des mesures dérogatoires pour permettre le lancement des appels d’offres avant le décaissement par les institutions financières, dans le cas d’une acceptation des requêtes de financement auprès de celles-ci. Dans le même cadre, il est nécessaire de valider l’option de recadrage du marché 0083 DGMP-DSP 2011 relatif à la réalisation du projet d’extension à quarante localités », font remarquer les experts du département de l’Economie numérique.
Seydou TANGARA
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CARACTERISTIQUES D’UN TELEVISEUR NUMERIQUE
La télévision numérique se caractérise par le fait que les signaux vidéo (images et sons) et les données sont numérisés et ordonnés dans un flux unique. Celui-ci est diffusé, c’est-à-dire transporté, jusqu’au téléspectateur via les ondes électromagnétiques terrestres, les réseaux des câblo-opérateurs, les satellites, Internet ou encore les réseaux mobiles. Les téléviseurs recommandés dans notre pays sont de types DVB-T2 et MPEG-4 AVC. Explication : dans une transmission numérique, contrairement à la transmission analogique, le codage de la source vidéo est différent du codage de la transmission. Pour une transmission numérique, la source (une émission transmise en direct ou enregistrée, un film, etc.) codée en MPEG2 ou MPEG4 est transmise avec un codage spécial adapté pour chaque canal de transmission. AVANTAGES D’UN TéLéVISEUR NUMéRIQUE Les avantages de la télévision numérique sont nombreux. Elle permet la réception d’un plus grand nombre de programmes et une meilleure gestion des fréquences de transmission, une meilleure qualité de l’image et du son et une meilleure compatibilité des contenus. La source audiovisuelle étant codée en MPEG2 ou MPEG4. La TNT permet aussi le passage de la définition standard (SD) à la haute définition (HD). Elle offre la possibilité de sauvegarder les contenus (émissions, films, etc.) sur un disque dur ou sur un DVD aussi facilement qu’un fichier sur un ordinateur et en conservant la qualité d’origine. Autres avantages : la TNT permet l’accès aisé à des catalogues de programmes décrivant les horaires de diffusion et les services associés, la programmation pour l’enregistrement du contenu, l’intégration de la télévision interactive, ou encore la possibilité de visualiser plusieurs chaînes en même temps sur l’écran. L’intégration de la communication sur le téléviseur : appels téléphoniques, SMS, messagerie électronique, accès à Internet, télébanking, jeux en ligne, VoD, etc. est une autre nouveauté qu’offrent les TNT. LES NORMES DES TéLéVISEURS NUMéRIQUES DANS L’ESPACE UEMOA Les téléviseurs respectant les normes DVB-T2 et MPEG-4 AVC sont ceux recommandés dans les Etats membres de l’UEMOA dont le nôtre dans le cadre de la transition vers le numérique. DVB (Digital Video Broadcasting) ou « diffusion vidéo numérique » est un ensemble de normes de télévision numérique édictées par le consortium européen DVB, et utilisées dans un grand nombre de pays. Ses principales concurrentes sont les normes ATSC (utilisées aux États-Unis et au Canada) et les normes ISDB (utilisées au Japon et au Brésil). En mars 2006, le groupe DVB1 a décidé de lancer un successeur à la norme DVB-T. En juin 2006, un format nommé DVB-T2 est établi par le groupe DVB. Des pays comme la France envisagent d’arrêter progressivement (d’ici 2015 pour la France) la télévision numérique DVB-T, pour passer à la norme DVB-T2, qui nécessitera un changement des équipements. En octobre 2010, un essai de transmission DVB-T2 a eu lieu sur l’émetteur du Salève, sur le canal 36 UHF. Depuis le Printemps 2013, un multiplex de la RAI est émis en DVB-T2, dans le Val. S.T.
source : essor