La mise en œuvre des projets en cous et les futures réorganisations permettront de révolutionner le secteur de l’eau potable dans notre pays
L’eau, c’est la vie. Ce dicton est bien connu et symbolise la nécessité vitale de l’accès à l’eau. Ce n’est pas un hasard si dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), l’accès à l’eau potable occupe une place de choix. Dans notre pays, le secteur a connu, ces dernières années, un tournant majeur dans sa configuration. La politique hydraulique était jusqu’ici conduite par la société Energie du Mali (EDM). En 2009, un processus de réforme institutionnelle a mis fin à la gestion de l’eau par EDM, qui ne s’occupe désormais que de la fourniture d’électricité. L’un des faits marquants de cette réforme institutionnelle constitue la création de deux sociétés sœurs chargées d’insuffler un nouveau souffle au secteur de l’eau. La Société malienne de patrimoine de l’eau potable (SOMAPEP) et la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), sont deux structures de par leur nomenclature, sont chargées de la conduite de toutes les politiques hydriques à travers la réalisation d’infrastructures, la production et la commercialisation de l’eau potable. Les deux partenaires stratégiques évoluent dans un périmètre dit de concession et cela conformément aux principes et aux orientations du processus. Au total, le champ d’intervention de la gestion concessionnelle de l’eau couvre 18 localités sur l’ensemble du territoire national. Il s’agit entre autres des huit capitales régionales plus neuf autres localités (Kita, Nioro du Sahel, Kati, Bougouni, Sélingué, Koutiala, Markala, San et Bandiagara) et du District de Bamako. Le processus de réforme institutionnelle a été initié pour créer les conditions favorables d’amélioration de la desserte de nos grandes villes en eau potable. L’atteinte de cet objectif majeur reste tributaire à plusieurs facteurs, notamment le renforcement des capacités de stockage, mais aussi et surtout la modernisation du réseau de distribution et des installations appropriées à même de répondre favorablement aux besoins toujours croissants de nos compatriotes en matière d’accès à l’eau potable. Cette dynamique est à la base d’importants projets de réalisation d’infrastructures hydrauliques. La mise en œuvre de ces différents travaux de construction est assurée par la SOMAPEP, conformément aux dispositions statuaires définies par le processus de réforme. En clair, celle-ci est responsable de l’ensemble du patrimoine hydraulique sur le périmètre de concession. La SOMAPEP a pour mission, le renforcement des capacités de stockage de ressources hydriques à travers la construction d’ouvrages de production et de stockage. A ce titre, elle joue un rôle hautement stratégique dans le dispositif de développement du service de l’eau potable, visant à relever le défi de l’accès à l’eau potable dans les grands centres urbains. La solution à la problématique d’accès à l’eau tient à ces deux facteurs majeurs de production et de stockage, explique le Président directeur général de la SOMAPEP, Adama Tiémoko Diarra. Le premier responsable de la SOMAPEP est en phase avec les orientations des plus hautes autorités qui ont compris l’urgence de doter le secteur de moyens adéquats à son développement. Cela est d’autant plus important que les besoins en eau potable dans le périmètre de concession s’élèvent à plus de 500.000 m3 par jour. Pour le moment, les capacités de production et de stockage d’eau potable tournent autour de 300.000 m3. L’initiative des projets de stations compactes à Missabougou, Magnambougou et Kalabancoro et de la station de pompage de Kabala participent de cette dynamique de renforcement de l’arsenal hydrique dans notre pays. Les stations compactes et les stations de pompage constituent des infrastructures majeures du dispositif de production et de distribution d’eau potable dans notre pays.
SORTIR DU PILOTAGE à VUE. Certes, ces deux types d’ouvrage assurent pour ainsi dire, la même mission mais diffèrent par leur rôle et
leur structure. Les stations compactes constituent des ouvrages d’urgence construits pour palier rapidement les insuffisances de fourniture de service d’eau pendant les périodes de grosses consommations. Ce type d’ouvrage se caractérise par sa facilité d’installation. Il s’agit précisément des infrastructures hydriques préfabriquées et assemblées sur place. Une autre caractéristique des stations compactes réside dans leur mobilité. Elles sont faciles à installer et transportables en tout lieu. Les stations de pompage, quant à elles, constituent des ouvrages d’envergure nécessitant une technologie de pointe. C’est un système de pompage et de refoulement d’eau dans le circuit de production et de stockage. La construction d’une telle station requiert un certain nombre de mesures d’observation. Le projet doit intégrer une multiplicité de perspectives et de contraintes, notamment celles résultant de l’hydraulique, de la bonne adéquation avec la structure de tarification de la fourniture d’énergie, de l’insertion dans le site et du respect de l’environnement. Un niveau de sécurité et d’automatisme optimal, un bon équilibre entre investissement et coût de fonctionnement, une réduction des dépenses de maintenance et une anticipation sur l’évolution prévisible de la demande entrent également en ligne de compte dans la réalisation d’une station de pompage. Le projet structurant de Kabala est à cheval sur ces principes, assure-t-on à la SOMAPEP. Il consiste en la réalisation en deux phases d’une station de pompage et de traitement d’eau de 144.000 m3. Dans un premier temps, les travaux porteront sur la construction d’ouvrages de prise et d’amenée d’eau, d’une station de traitement d’eau, d’une conduite de refoulement, d’un système d’alimentation en énergie et d’une station d’alerte contre la pollution du fleuve. La seconde phase du projet porte sur la construction de sept réservoirs au sol d’une capacité cumulée de 40.500 m3, un réseau de plus de 1.400 km de long, y compris les conduites de transfert et les réservoirs de stockage et la réhabilitation d’environ 40 km de réseaux. Ce dispositif sera complété par 1008 bornes fontaines publiques et 76.144 branchements individuels dans le cadre du programme prévisionnel. Le coût global du projet : 169,4 milliards de Fcfa, cofinancés par l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID). Les prêts ordinaires et Istisna’a et la Coopération italienne complètent la liste des bailleurs. Le début des travaux pour la première phase est prévu courant 2015 pour une durée de 4 ans. Tandis que la seconde phase des travaux se déroulera entre 2019 et 2020. Outre ce projet structurant, la SOMAPEP envisage d’autres initiatives d’envergure qui vont révolutionner le secteur de l’eau. Parmi celles-ci, le projet d’adduction d’eau autonome du quartier de Sénou en commune VI, le renforcement des systèmes d’alimentation en eau potable des villes de Kayes, Sikasso et Koulikoro, la réhabilitation des infrastructures d’eau potable des villes du nord (Tombouctou, Gao et Kidal). Adama Tiémoko Diarra parie sur l’avenir du secteur eau. Pour cela, le patron de la SOMAPEP évoque la réalisation d’un Schéma directeur d’alimentation eau potable pour Bamako et les autres localités du périmètre de concession. Une politique de planification qui permettra de sortir du schéma classique du pilotage à vue, analyse le PDG, ajoutant qu’il est temps d’arrêter de jouer au pompier si l’on veut réellement le développement du secteur pour le bonheur de nos concitoyens.
Lassine DIARRA
source : essor