Il faut que cela soit clair pour tout le monde, nous ne sommes pas en démocratie mais, dans une révolution progressiste populaire ». C’est en ces termes que s’adressait le capitaine président à son peuple, enlevant toute équivoque et brisant ainsi tout espoir de voir la tenue d’une éventuelle élection au Burkina Faso. En terme clair, c’est qu’au Burkina, la tenue d’élection n’est pas pour demain.De son côté, le général président a profité des assises organisées par ses soins pour se débarrasser des partis politiques encombrant et s’offrir un mandat de cinq (05) ans renouvelables selon les conclusions des assises en fonction de l’évolution de la situation dans l’espace de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ce qui signifie la mise entre parenthèse également de la tenue des élections dans ce second pays de l’AES. Ainsi, tout porte à croire qu’il n’aura aucune élection dans ces deux (02) pays de l’Alliance des États du Sahel et cela pour un moment.Si les deux (02) présidents, le capitaine du Burkina et le général nigérien l’ont affirmé clairement à leur peuple à travers parole et acte, tel fut loin le cas pour les généraux maliens.En soufflant le chaud et le froid, ces généraux préfèrent plutôt jouer à la diversion, voire à de la manipulation espérant faire dire par le peuple leur aspiration profonde.C’est pourquoi, chaque fois que la question de la tenue des élections est posée, censé mettre fin à la transition, ce sont d’autres problèmes qu’ils créent qui font passer dans le silence la problématique essentielle. Nous assistons à une sorte de jeu de cache-cache.
D’un côté, ils fixent unilatéralement les dates pour la tenue des élections, qu’ils finissent par les reporter sine-die, soi-disant un léger report, de l’autre côté, c’est la suspension de toutes les activités des partis politiques.Après, ils inscrivent une ligne dans le budget de 2025 pour les élections et au même moment c’est un Premier ministre qui se fait limoger pour s’être publiquement prononcé sur la question. Comme si tout cela ne suffisait pas, ils invitent, à travers une correspondance, les responsables des partis politiques à se prononcer sur l’avant-projet de révision de la Charte des partis politiques et c’est après que ces derniers leur aient fait parvenir leurs propositions et recommandations sur le dit avant-projet qu’ils décident de procéder à la consultation d’une soi-disant forces vive de la Nation sur la question de la réduction du nombre de partis politiques ou tout simplement de leur dissolution.
Tout cela accompagné d’une vaste campagne de dénigrement qu’ils nourrissent et entretiennent à l’encontre de ces partis pour qu’à défaut d’une base juridique et constitutionnelle, ils puissent obtenir du peuple le quitus pour atteindre leur objectif.Au regard de la décision prise par ces deux (02) résidents dont les pays forment avec le Mali l’Alliance des États du Sahel (AES) de se défaire des politiques et de mettre dans les poubelles la question de la démocratie et de la tenue des élections, compte tenu des relations existantes entre ces trois (03) présidents aux parcours presque similaires, nombreux sont des observateurs avertis à se demander si les généraux maliens ne veulent pas emboiter le pas à leurs homologues du Burkina Faso et du Niger.En tout cas, même si cette volonté n’est pas clairement exprimée, aucun signe ne nous permet de soutenir le contraire.
La question que nous nous permettons de nous poser est de savoir pourquoi toutes ces supercheries ? Au lieu de semer les graines de la division et de l’instabilité qui pourraient être fatales pour la transition, les généraux manqueraient-ils du courage pour dire clairement au peuple et en face, la vérité sur ce qu’ils comptent faire avec ce pouvoir de transition. Nous estimons que le peuple a au moins le droit de savoir dans quelle sauce il va être mangé.
Daouda DOUMBIA
Source: Inter de Bamako