Lors de leur point de presse, le samedi 26 avril 2025, à la Maison de la Presse, plus d’une centaine de formations politiques ont lancé un appel à « la vigilance » et à « la mobilisation » de leurs militants et sympathisants pour répondre, par des actions fortes, à leur mise à l’écart des consultations pour la relecture de la Charte des partis politiques en cours. « Nous resterons attentifs aux conclusions de la phase nationale, à partir desquelles nous établirons un calendrier d’actions », menacent-elles.
Depuis un moment, le Mali est engagé dans un vaste processus de réformes politiques et institutionnelles. Si la rédaction de la Constitution, les réformes territoriales et administratives, les réformes dans le domaine de la sécurité et dans le secteur minier sont toutes passées sans incidents majeurs, les réformes politiques et électorales rencontrent, elles, de sérieuses difficultés.
Dans une déclaration prononcée depuis la Maison de la Presse de Bamako, le samedi passé, une centaine de partis politiques ont dénoncé leur mise à l’écart du processus politique en cours et ont vivement interpellé les plus hautes autorités de la transition sur « une atteinte grave au multipartisme », acquis au prix du sang et ensuite défendu et protégé par la Constitution de la République ainsi que les différentes concertations nationales.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les partis politiques montent au créneau pour dénoncer une forme de « gouvernance autoritaire », dissimulée derrière un discours de réformes nationales.
Avec, à la clé, une promesse de refondation de l’État, les Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues fin 2021, avaient, parmi leurs 517 recommandations, plusieurs points sur les réformes du système partisan au Mali. On peut citer, entre autres, la réduction du nombre de partis politiques par l’instauration de conditions plus strictes en matière de création et de financement ; la relecture de la Charte des partis politiques, avec une réaffirmation du statut de chef de file de l’opposition ; et l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat.
Si les partis politiques adhèrent à ces recommandations légitimes exprimées lors des Assises Nationales de la Refondation, ils rejettent cependant une instrumentalisation de ces dispositions en vue d’une volonté de dissolution pure et simple du pluralisme politique au Mali.
Bien avant ce dernier bras de fer, les partis avaient dénoncé une exclusion croissante et progressive de la classe politique sur les questions d’intérêt public. Le point de rupture fut la décision du Conseil des ministres du 10 avril 2024 de suspendre toutes les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations, en pleine tenue du dialogue inter-malien. La classe politique a jugé cette décision non seulement infondée juridiquement, mais aussi très dangereuse politiquement.
Depuis, la tension n’a cessé de croître entre les deux parties, et onze responsables politiques furent plus tard incarcérés pour s’être réunis en privé, alors que l’interdiction était toujours en vigueur. C’est ainsi que, malgré une correspondance du ministre délégué en charge des réformes politiques, les partis affirment qu’aucune concertation sérieuse n’a été engagée autour de la fameuse question de relecture de la Charte des partis politiques. Pis, qualifiant de « simulacres de concertations » les consultations du ministre, ils dénoncent, disent-ils, une volonté d’écarter uniquement les principales parties concernées par cette initiative, à savoir les partis et formations politiques.
Tout en invitant leurs militants et sympathisants à la vigilance maximale et à la mobilisation, les partis politiques représentés à la Maison de la Presse, le samedi, ont par la même occasion appelée à la responsabilité des plus hautes autorités de la transition face à cette démarche du ministre délégué auprès du Premier ministre, en charge des réformes politiques et institutionnelles. « Il appartient au Premier ministre et au Président de la Transition de tirer les conséquences des actes d’un ministre », qui, selon eux, travaille à mettre dos à dos l’État et un pan aussi important de la Nation que sont les partis politiques, dans un contexte où le pays a besoin d’union et d’une synergie d’actions de tous ses fils.
Ils disent attendre les conclusions de la phase nationale pour établir un calendrier d’actions fortes.
Issa Djiguiba
Source : Le PAYS