Après un énième revirement du Conseil militaire, lundi 1er juillet, la mise en place des institutions nécessaires à la transition au Soudan est encore reportée.
Le 30 juin, les manifestations à Khartoum ont une nouvelle fois été réprimées dans le sang. En plus des sept victimes annoncées dimanche, trois nouveaux corps ont été découverts lundi, portant, selon le Comité des médecins soudanais, à 136 le nombre de morts depuis la dispersion du sit-in devant le QG de l’armée, le 3 juin.
Au lendemain de ces événements, le Conseil militaire de transition (CMT), au pouvoir depuis la destitution et l’arrestation d’Omar el-Béchir le 11 avril, est à nouveau revenu sur des points déjà négociés avec l’opposition. Alors que la médiation menée par l’Éthiopie et l’Union africaine semblait à même de déboucher sur un accord, ce revirement rend encore un peu plus incertain l’avenir de la transition soudanaise.
Tensions autour du futur « Conseil souverain »
Depuis maintenant près de deux mois, l’armée et l’opposition civile, guidée par l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), dialoguent pour la mise en place d’un Conseil souverain de transition. Si le chef adjoint du Conseil militaire annonçait, le 20 mai, dans un communiqué qu’un accord complet serait trouvé dans un bref délai, les négociations se sont enlisées, si bien qu’un mois et demi plus tard, la situation n’est pas plus claire.
Après avoir annoncé, début juin, vouloir la tenue d’élections dans les neuf mois sans qu’il y ait de Conseil de transition, les militaires ont accepté dimanche de participer à la médiation proposée conjointement par l’Éthiopie et l’Union africaine. Ces derniers proposent la mise en place pour trois ans d’un Conseil souverain, composé de 15 membres : 7 issus de l’armée, 7 venant de l’ALC et une personnalité civile choisie d’un commun accord par les deux parties.
Mais les discussions achoppent notamment sur l’attribution de la présidence de ce conseil et sur sa durée. Alors que les médiateurs plaident pour une présidence tournante, occupée les dix-huit premiers mois par un militaire puis par un civil les dix-huit mois suivant, le CMT entend imposer une présidence permanente et limiter à deux ans l’existence de ce conseil. Des propositions que l’ALC rejette catégoriquement.
Nouvel appel à la grève
Cette volte-face du CMT peut laisser entrevoir une volonté de gagner du temps pour l’organisation dirigée par Abdel Fatah al-Burhane. En laissant encore traîner les négociations, les militaires peuvent en effet espérer un essoufflement tant des acteurs internationaux, au premier rang desquels les deux médiateurs que de la mobilisation civile, déjà marquée par de nombreuses pertes.
Mais celle-ci ne compte pas flancher et l’ALC a déjà appelé à la désobéissance civile et à la grève totale pour le 14 juillet. Du 9 au 11 juin dernier, à l’initiative du mouvement protestataire, la campagne de désobéissance civile couplée à la grève avaient pratiquement paralysé Khartoum et entraîné la reprise des négociations.
JA