Depuis un certain temps, le secteur de l’immobilier est devenu, pour certains, un moyen de « blanchir » l’argent sale. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans certains quartiers de Bamako où les immeubles poussent comme des champignons.
Durant ces dernières années, le secteur immobilier a connu un essor sans précédent dans notre pays. Surtout à Bamako, la capitale. Le prix des terrains ne cesse de prendre l’ascenseur. Et il est aujourd’hui impossible pour un pauvre de se construire une maison à Bamako. Plusieurs raisons expliqueraient cette situation. Notamment, l’utilisation de ce secteur pour le blanchiment d’argent mal acquis, ou détourné. Ou encore la garantie qu’offrent ces investissements. Les immeubles poussent comme des champignons à Bamako. Certains même sont construits et laissés à la merci des gardiens. Dans certains quartiers de Bamako et environs, il n’y a plus de terrain vide. Car, les maires ont tout vendu. Des pauvres sont expropriés et recasés. Pendant que leurs terrains sont vendus aux plus offrants.
« A Bamako et environs, les maires ont tout vendu et jeté leur dévolu sur les baffons, les collines et les espaces verts. Et nombreux sont les responsables politiques, commerçants, hommes d’affaires, qui sont devenus les propriétaires de ces terrains sur lesquels ils construisent des immeubles et les mettent en location », indique un habitant de la ville de Bamako. Et un autre d’ajouter : « Je suis en location à Bacodjicoroni-ACI dans une maison qui appartient à un responsable financier de ce pays. Une maison qu’il a construite depuis qu’il a été nommé dans un ministère du gouvernement . En moins de deux ans, il a construit deux immeubles dans notre quartier qu’il a mis en location. Il s’agit sans doute d’un blanchiment d’argent de sa part. Car son salaire ne peut lui permettre de faire toutes ces réalisations dans ce laps de temps ».
Selon plusieurs témoignages, le secteur de l’immobilier est utilisé pour blanchir l’argent mal acquis, détourné, ou même volé. Selon cet agent immobilier, qui a requis l’anonymat, l’immobilier est un investissement sûr. Raison pour laquelle, il est devenu un secteur de prédilection pour les « blanchisseurs d’argent sale ».
Pour lui, l’argent, quel que soit sa provenance, peut facilement être blanchi avec ce secteur. « Nous avons vendu plusieurs terrains à un responsable politique, ex-Directeur des finances et du matériels (DFM) d’un ministère. En l’espace de quelques mois, il y a construit des immeubles alors que tout le monde sait que son salaire ne peut pas lui permettre cela », nous explique t-il. Et ce tailleur d’ajouter : « J’ai mon atelier en bas d’un immeuble à Hamdallaye-ACI. Mais, après quelques mois sur place, j’ai été stupéfait de découvrir que l’immeuble et deux autres immeubles, contigus, appartenaient à un ancien ministre. Dans le même secteur, on m’a montré plusieurs autres immeubles appartenant à plusieurs têtes courronnées, mais gérés par des agences immobilières ».
Pour ce maçon du quartier d’Hamdallaye-Plateau (plus connu sous l’appellation « ACI-Bocoum ») quand on investit dans l’immobilier, il n’y a jamais de regrets. Car, les terrains prennent de la valeur d’un moment à l’autre. Il explique : « Ça fait près d’une dizaine d’années que je travaille pour un homme d’affaires qui s’est récemment lancé en politique. Il possède une trentaine d’immeubles ici au secteur ‘’ACI-Bocoum ‘’. Je n’ai jamais chômé. Car, chaque fois qu’il fait une affaire et qu’il gagne de l’argent, il commence un nouveau chantier. Car de son point de vue, c’est la meilleure manière de garantir son investissement ». Selon lui, le hic est que l’homme en question possède des immeubles à Hamdallayé ACI, Bacodjicoroni-ACI, Kalaban-Coura, Cité du Niger et dans plusieurs autres quartiers huppés de notre capitale. Dans la plupart des cas, il ne les met pas en location. Car, on ne trouve que les gardiens et les membres de sa famille dans ces immeubles. Pour lui, il pourrait s’agir d’un blanchiment d’argent. Car son nom a été cité dans plusieurs sales affaires.
