La transition qui devait être de 18 mois est aujourd’hui à 3 ans et 8 mois. Aussi, suite à leur acte qualifié par la Constitution de »crime imprescriptible contre le peuple », les militaires au pouvoir avaient promis une transition non seulement courte mais aussi civile. Ces militaires veulent-ils s’accrocher au pouvoir, sur la question de la sécurité à laquelle ils n’ont pas pu gérer pendant plus de 03 ans. Pourtant, ils ont organisé des Assises nationales et le référendum. Alors, la question qui mérite d’être posée est la suivante : veulent-ils s’éterniser au pouvoir comme le Général Moussa Traoré, qui fut un dictateur pendant 23 ans. Le musellement et l’emprisonnement des leaders d’opinions, la dissolution des associations et partis politiques le prouvent à suffisance. Aussi, le Premier ministre du Colonel Goita, Choguel Kokalla Maïga est le fils héritier politique de feu général Moussa Traoré.
Rappelons qu’à la suite du coup d’état en août 2020, les 18 mois ont été accordés pour le retour à l’ordre constitutionnel. Hélas, ces militaires ont aussi fait le deuxième coup d’état, en mai 2021, contre le président de la transition, Bah N’Daw, choisi par eux-mêmes, sans aucune consultation ni par la classe politique ni par la société civile. Du coup, le Vice-président, le Colonel Assimi Goita, a prêté serment devant le peuple et le juge de la Cour suprême pour conduire les 09 mois restant de la transition. Il avait juré qu’avec son équipe ils feront tout pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel, en organisant les élections libres, crédibles et transparentes. Alors on se pose la question que vaut ce serment prêté par Assimi Goita. En tout cas, c’est une violation très grave dans un pays sérieux et de droit.
Léger report perdure
Malheureusement pour le goût du pouvoir, le Colonel Goita et son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, ont organisé les assises, non inclusives, pour se donner deux ans. A six mois de la fin de ce délai, le ministre de l’Administration territoire, porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé le léger report des élections présidentielles prévues en début février 2024. Et ce léger report perdure. Six mois après cette annonce, les autorités de la transition garde le silence radio. Pourtant, c’est le décret N’2022-0335 PT-RM du 06 juillet 20222 qui a fixé la fin de la transition au mardi 26 mars 2024 dernier. Les questions qui taraudent les esprits sont de savoir : où le Colonel Assimi Goita et ses acolytes veulent-ils nous amener ? Pourquoi violent-ils chaque fois les décrets et les lois souvent adoptés par eux-mêmes ? Le Colonel Goita aura-t-il la confiance du peuple pour ses engagements non respectés ?
Le Mali est dans l’impasse
En tout cas, le Mali est dans l’impasse aujourd’hui. Aucun secteur ne bouge et le pays s’endette pour faire face à ses charges. Alors que l’État doit s’endetter pour investir dans le développement, condition sine qua non pour faire émergé le pays. Sauf les autorités de la transition, les fonctionnaires, les contractuels qui sont entretenus par les impôts du peuple via le salaire peuvent dire que tout va bien. Même là, s’ils ne sont pas de fervents défenseurs de la transition, savent que souvent le paiement de leur salaire subisse du retard. Il revient aujourd’hui à Assimi de faire tout pour organiser les élections présidentielles pour le retour à l’ordre constitutionnel. « Les militaires doivent quitter le pouvoir et retourner dans les casernes pour jouer leur rôle régalien en assumant la sécurité du peuple et leurs biens. Évidemment, c’est un travail qu’ils ont choisi et pour lequel ils sont payés. Qu’ils sachent que le coup d’état met toujours le pays en retard », nous confie Ibrahima Sissoko. Pour Alassane Keita, les militaires devraient libérer le pays contre les terroristes mais malgré les efforts plusieurs villages sont rayés de la carte du Mali, plusieurs endroits du pays sont aujourd’hui sous embargo des terroristes. « Pour que ce pays puisse retrouver la quiétude, il faut qu’on finisse avec les coups d’état et que chacun joue sa part de responsabilité. Sinon la sécurité seule ne suffira à aucun pays de se développer. La preuve ce sont les militaires qui sont au pouvoir depuis 4 ans et malgré les efforts consentis la question de sécurité reste un défi à relever. Ils doivent savoir que c’est la crise économique c’est-à-dire la cherté de vie, la crise énergétique sont aussi plus dangereux que la crise sécuritaire au nord et au centre », souligne-t-il.
A quand la sécurité totale ?
Il est impossible d’avoir la sécurité totale surtout que certaines personnes ne vivent que de ça. Néanmoins, l’armée doit être toujours vigilante en jouant son rôle régalien. Alors, les autorités de la transition ne peuvent pas dire que les élections ne peuvent pas être tenues à cause de l’insécurité. Puisqu’ils sont là il y a de cela près de 4 ans pour instaurer ladite sécurité. En tout cas, les maliens souffrent et il faut mettre fin à la transition pour que le pays se retrouve. Il est connu par tous qu’aucun investisseur n’ose investir dans un pays instable qui n’a comme mode de gouvernance, les coups d’État. Alors, donc le Colonel Assimi ne doit pas se leurrer et doit sauvegarder la confiance placée en lui par certains maliens. C’est pourquoi, il doit respecter sa parole, ses engagements en organisant les élections présidentielles pour quitter le pouvoir. Quand même, les maliens souffrent aujourd’hui et ils ne savent plus à quel saint se vouer.
B. KONE
Source: maliactuel