En France et partout dans le monde, des mouvements se sont élevés pour dénoncer le racisme suite à la mort de George Floyd. Ce qui s’est passé à Thiaroye, il y’a 76 ans jour pour jour, dépasse tout entendement humain.
En effet, les hommes tués à Thiaroye étaient ces combattants de 1940, faits prisonniers par les Allemands mais, contrairement aux prisonniers métropolitains, c’est en France, dans des Frontstalags (camps de prisonniers) qu’ils passèrent quatre longues années de captivité. À la Libération, alors que certains s’étaient évadés et avaient rejoint les maquis, ils ont été rapidement rapatriés en novembre 1944 vers le Sénégal, où ils devaient être démobilisés à la caserne de Thiaroye (périphérie de Dakar). D’après les textes en vigueur de l’époque, ils devaient percevoir un quart de leur solde de captivité avant de quitter la métropole et les trois quarts restants au moment de leur démobilisation. L’administration militaire et coloniale a refusé de les payer, pensant que ces hommes allaient repartir chez eux sans rien exiger. Spoliés de leurs soldes, les ex-prisonniers de guerre ont réclamé logiquement le paiement. Sur ordre des officiers, le 1er décembre 1944, ils ont été rassemblés devant des automitrailleuses pour être assassinés.
L’histoire officielle consignée dans les rapports des officiers et les écrits du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française (AOF) n’est qu’une machination orchestrée par le gouvernement provisoire. C’est ce que montre la circulaire émanant du ministère de la Guerre du 4 décembre 1944, faisant croire que les rapatriés avaient perçu la totalité de leur solde avant l’embarquement. Il fallait présenter une rébellion armée et une répression sanglante inévitable, diminuer le nombre de victimes, dont certaines ont été qualifiées de « déserteurs », et camoufler le lieu de leur sépulture. En revanche, 34 tirailleurs « sénégalais » ont été réellement condamnés pour un crime qu’ils n’ont pas commis.
Prions pour le repos éternel de l’âme de ces vaillants soldats en ce jour comemoratif de cette tragédie.