Il n’y a pas de “gilets jaunes” à Bamako, au Mali, mais les Français qui y vivent entendent les vives réactions qui s’expriment en France. “La colère, je l’ai comprise. On a de la famille en France. On connaît les difficultés de nos compatriotes, que ressentent certainement aussi des Français installés à l’étranger”, explique Marie-Thérèse, retraitée. Une colère dont le Premier ministre français, en visite officielle samedi 23 février, a décidé de tenir compte.
La grande concertation est aussi faite pour les expatriés et leur vision du monde, estime Edouard Philippe. “Il y a une chose dont on parle très peu dans ces grands débats, c’est de la France dans le monde. Tout se passe souvent comme si le débat était purement hexagonal, purement dans la relation entre un individu et les services publics de son pays, déclare-t-il.Comme si au fond les grands déséquilibres du monde, ou l’économie mondialisée telle que nous la connaissons, seraient quelque chose sur quoi on n’aurait ni prise, ni même véritablement de raisons de s’interroger.”
Des réunions du grand débat à Bamako
À l’issue de ces réunions dans le cadre du grand débat national, des problématiques sont ressorties. “En tant que Français, ils ont des choses à dire. Il y a des problèmes de scolarité, de santé, qui sont réels ici, à Bamako, constate Hubert, médecin à la retraite. Pour la scolarité, ça ne se passe pas trop mal. Pour la santé, ça n’est pas facile parce qu’il n’y a pas les conditions qu’on a en France. Il n’y a pas de Samu, ici. Si demain, je fais un AVC, je ne serai pas pris en charge comme il faut.” C’est une réalité, mais aussi un choix, ajoute-t-il : “On est libre de partir ou pas. Tout ce que je redoute c’est que la France, à un moment donné, se retire.”
Les expatriés ont une revendication majeure : que la France reste au Mali. “J’ai demandé au Premier ministre que, même, s’il y avait un redéploiement de ces forces [françaises], qu’elles soient toujours là pour assurer la sécurité, précise Elisabeth, conseillère consulaire.
Une revendication pour le moment entendue. Le Premier ministre a rappelé que la France resterait au Mali autant que nécessaire.
Franceinfo