Dimanche 12 août 2018, les Maliens étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau Président de la République. Dans notre tour d’horizon en commune II, précisément dans les centres de vote Nelson Mandela, à Quizambougou, Bagadadji et Niaréla, l’engouement n’était pas du tout au rendez-vous, contrairement au 1er tour. La mobilisation était froide et la plupart des électeurs rencontrés étaient des personnes âgées.
Il était exactement 12 h 06 minutes lorsque nous avons fait notre entrée au centre de vote de l’école Nelson Mandela à l’Hippodrome qui compte 44 bureaux de vote pour 21.341 électeurs. Juste devant la porte d’entrée, les forces de l’ordre étaient présentes pour le contrôle des cartes d’électeur. L’ambiance était froide, la pluie venait de s’arrêter, nous avons aperçu d’abord un vieillard aidé par une jeune fille qui s’apprêtait à rentrer après avoir voté. Ensuite, nous avons croisé deux vieilles, main dans la main, à la recherche de leurs bureaux de vote, marchant à pas de tortue, elles se sont vite approchées aux agents d’assistance citoyenne. « Bonjour mes fils, aidez-nous, nous sommes à la recherche de nos bureaux de vote », ont-elles lancé. L’un des agents après avoir regardé les cartes, leur indique : « Vous êtes inscrites dans le bureau de vote n°10 » tout en les guidant dans ledit bureau. Juste après avoir voté, l’une d’elles du nom de Fanta Dabo, âgée de 71 ans a souhaité une élection apaisée. « Ce qui m’a poussée à voter, c’est parce que je veux que le Mali avance. Celui qui peut développer le Mali, qu’Allah fasse que cette personne l’emporte. L’appel que j’ai à lancer est que nous voulons que cette élection soit apaisée, que ça se passe dans le calme parce que, quoi qu’il se passe, c’est nous qui sommes les Maliens. Vraiment, on ne veut pas que ça se passe autrement. Nous sommes des mères de familles et nous sommes les premières victimes », a soutenu Fanta.
Une autre personne âgée du nom de Baba Timité, professeur d’enseignement secondaire à la retraite, après avoir voté, interpelle le futur président de la République. « Moi je suis venu voter pour mes enfants et pour la jeunesse sinon, nous on a déjà tiré notre révérence. Celui qui va être le président, qu’il pense à la jeunesse, les slogans ne payent plus et les jeunes n’y croient plus, c’est pourquoi, ils ne sont pas motivés. Parlant du déroulement, ce que j’ai remarqué, c’est qu’il y a trop de pagaille, trop de désordre, normalement quand tu votes, tu ne dois pas rester dans la cour, car c’est ça qui amène des petits problèmes ».
L’affluence faible, zéro incident
Selon le président du bureau de vote n°12 du centre de vote Nelson Mandela, de 08 à 13h, sur 490 électeurs inscrits, seulement 54 personnes sont venues voter contrairement au 1er tour qui avait enregistré plus de 80 votants à la même heure. « Il n’y a vraiment pas assez d’affluence. La faible mobilisation est peut-être due au découragement des électeurs et également la pluie qui a empêché des personnes à venir », explique-t-il avant d’ajouter que tout se passe normalement depuis l’ouverture des bureaux et qu’aucun incident, ni tentative de fraude, n’est à signaler.
Au centre de vote de l’école fondamentale Ismaïla Diawara de Bagadadji, composé de 16 bureaux de vote pour 77.737 électeurs, aux environs de 13h 23mn, l’affluence était lourdement timide. Nous n’avons aperçu que quelques personnes faisant des allers-retours entre la porte d’entrée et la cour. Le coordinateur du centre, Abdoulaye Diop, a souligné qu’il n’y a pas d’incident, toutefois, il a regretté cette faible mobilisation. « Je suis au regret de constater que les électeurs ne sont pas sortis par rapport au 1er tour. La mise en place a commencé avec l’appel des assesseurs avant 08 h et l’opération proprement dite a démarré à 08 h 00 ».
A notre passage dans la cour du centre de vote de l’école fondamentale de Quizambougou qui compte 33 bureaux pour 16149 votants, c’était le vide total. Dans certains bureaux de vote, aucun électeur n’était présent au grand dam de certains délégués qui étaient couchés sur les bancs. Selon le coordinateur de ce centre, Yacouba Mamadou Ouattara, la faible mobilisation des électeurs est pitoyable. « Depuis l’ouverture des bureaux, à ma connaissance, il n’y a pas eu d’incident. Ce que je déplore en tant que coordinateur, c’est qu’il n’y a pas d’affluence, on dirait que les gens se sont résignés, car pour certains le vin est déjà tiré et bu. Au 1er tour, j’ai voulu démissionner à cause de l’affluence et l’engouement. Vous- mêmes vous voyez, il n’y a personne et c’est pitoyable et désespérant, il faut que les Maliens se ressaisissent », a regretté le coordinateur Ouattara.
A 14h 19 minutes, au centre de vote de l’école fondamentale de Niaréla qui compte 40 bureaux de vote pour 21.000 d’électeurs, c’était le même scénario, l’opération a débuté à 08h, mais aucune affluence. Les bureaux de vote avec le personnel (les mandataires et assesseurs de la majorité et de l’opposition) et le matériel au complet attendaient désespérément depuis 08h. Selon le coordinateur du centre Mamadou Diawara, aucun incident n’est à signaler.
Bintou Diarra
Source: Le Challenger