Dans cette affaire du navire Sea soul 1 qui a fait naufrage près du Port Autonome de Dakar, c’est la société Socatram qui a assuré toutes les opérations de transit. A-t-elle bien fait son travail ? Est-ce que toutes les procédures administratives ont été faites dans les règles de l’art ? A-t-elle une part de responsabilité dans le naufrage de ce navire ? Que contenait réellement le navire Sea soul 1 ?
Pour avoir des réponses à tant d’interrogations, nous sommes allés à la rencontre des responsables de cette société et avons ainsi pu rencontrer le Directeur général Tidiane Sylla et certains de ses collaborateurs, à savoir le chef de transit, Ibou N’Diaye ainsi que le chef du service administratif et juridique chargé du personnel, Ibrahima Ndoye.
Tidiane Sylla nous fera savoir d’entrée de jeu que la Socatram est une société de transit agréée en douane qui évolue au Sénégal depuis 1991. A ce titre, elle évolue dans tout ce qui est question de transit, transport en local ou en international. C’est dans ce cadre, dira-t-il, qu’Abdoul Aziz Mangané, le PDG de Carma-Mali.Sarl, les a contactés pour l’expédition de ses marchandises sur Bamako. En tant que son transitaire à Dakar.
Concernant l’opération
Selon le Directeur général de la Socatram, il s’agissait d’une opération d’une cargaison de 45 containeurs : 37 containeurs de cartouches de chasse, 4 conteneurs de poudre de chasse et 4 conteneurs de fusils de chasse.
A l’en croire, il fallait faire une demande d’autorisation de transit par route, qui doit être délivrée par le Ministère de l’intérieur sous la coupole de la direction de la surveillance du territoire. Ladite autorisation est obligatoire chaque fois qu’il s’agit de produits dangereux, d’explosifs.
Cette autorisation d’un mois a été délivrée le 23 juin 2014 et était valable jusqu’au 23 juillet 2014. Elle a été transmise au fournisseur (Turac en Turquie) pour qu’il embarque les marchandises sur le navire, et cela conformément aux formalités d’usage d’embarquement.
Tidiane Sylla tiendra à signaler que le bateau était initialement prévu le 17 juillet 2014 à Dakar. Mais, pour des raisons qu’il ignore, cette date a été décalée d’abord au 2 août et ensuite jusqu’au 9 août 2014. C’est ainsi que de nouvelles demandes ont été faites jusqu’au 23 août 2014 qui ont d’ailleurs été accordées. Selon lui, du côté de la Socatram toutes les formalités ont été remplies, que ce soit l’autorisation de transit ou la déclaration en douane, entre autres. La Socatram n’attendait donc que le navire. Son rôle s’arrêtait là.
Cependant, nous révéla le patron de la Socatram, Néco-Trans/Getma a été désigné comme consignataire du navire, c’est-à-dire celui qui s’occupe du débarquement de tout le contenu du navire et du suivi en douane de toutes les marchandises qui ont été transportées par le navire. Et à ce titre, c’est lui qui s’occupe de toutes les formalités portuaires concernant le navire Sea Soul1. Etant donné que c’est une opération sous-palan, c’est-à-dire le débarquement direct du navire au camion généralement exigé pour les produits classés dangereux (explosifs, substances chimiques, acides, etc.), ils ont préconisé que toutes les formalités douanières devraient être faites 48 heures à l’avance, et surtout de donner les positions précises du navire depuis la Turquie jusqu’à Dakar.
Tidiane Sylla tiendra à nous expliquer que sa société, la Socatram, n’intervient que quand le navire arrive à Quai. Mais ils sont cependant tenu informés de l’arrivée du navire pour qu’ils puissent accomplir au préalable les formalités douanières, c’est-à-dire concernant le débarquement sous-palan 48 heures avant l’accostage du navire.
Des formalités impérativement requises par Dubai Port World qui s’occupe de la manutention de la marchandise.
A en croire Tidiane Sylla, la Socatram a accompli toutes les formalités, à savoir, les bons à enlever, c’est-à-dire l’autorisation de la douane ainsi que celle de la compagnie Getma, et l’autorisation de Dubai Port World obtenue après paiement de tous les frais. Toujours selon le Directeur général de la Socatram, tous les camions (23 au total) ont été approchés à quai, on attendait seulement l’accostage du bateau pour les charger.
Il tiendra en outre à nous expliquer que tant que le navire est sur la mer, la Socatram n’a aucune information. Seule la société consignataire dispose de tous les éléments d’information. Le rôle de la Socatram, c’est la déclaration en douane. C’est seulement après sur camion que le transitaire intervient. Et force est de reconnaître qu’il y a problème car le navire n’a jamais accosté. Quant à la Socatram, elle attend toujours la marchandise de son client.
Pourquoi le bateau n’est pas rentré au port et est resté au large de Gorée pendant 72 heures ?
Cette question reste encore un mystère pour les responsables de la Socatram. Ce qu’ils savent cependant, c’est qu’à la date du 9 août 2014, toutes les formalités ont été remplies et la Socatram n’attendait que l’accostage du navire par le consignataire Getma.
«Jusqu’à 16 heures, le 9 août 2014, on attendait toujours et le navire n’a pas accosté pour des raisons qu’on ne sait pas », nous a confié le Directeur général de la Socatram, Tidiane Sylla.
D’où certains questionnements : pourquoi le bateau, quand il est arrivé, est resté au large de Gorée pendant 72 heures ? Comment et pourquoi a-t-il coulé ?
Tidiane Sylla nous fera savoir que c’est à travers la presse que la Socatram a appris le naufrage du bateau Sea Soul 1. Selon lui, la Socatram a fait un constat d’huissier au niveau du consignataire parce qu’elle n’avait aucune information fiable.
Quant aux fameuses armes de guerre retrouvées dans deux conteneurs sur la plage de Bel-Air à Dakar, le patron de la Socatram affirme que le manifeste et les documents afférents et autres ne désignent que des fusils de chasse et des cartouches.
A l’en croire, la Socatram a déjà fait le travail administratif et technique pour parachever le matériel en transit au Sénégal sur le Mali. Tout en ajoutant que l’administration des douanes Sénégalaises a donné son autorisation pour toutes ces questions.
Parler donc de contrebande comme cela ressort du procès-verbal de saisie établi par la douane maritime relève ni plus ni moins de la pure affabulation.
Birama FALL,
envoyé spécial à Dakar
Source: Le Prétoire