Le Mali traverse une période de turbulences politiques marquée par des tensions entre les autorités actuelles et une partie de l’opposition politique. Une conférence de presse organisée par une coalition de partis politiques, ce mercredi 20 novembre 2024, à la Maison de la Presse de Bamako, a réaffirmé les préoccupations croissantes liées aux atteintes aux libertés individuelles et collectives, ainsi qu’à la détention prolongée de plusieurs figures politiques.
Une situation devenue « intolérable »
Bamada.net-Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024, rassemblées sous une même bannière, se disent exaspérées par le maintien en détention de onze responsables politiques arrêtés pour des motifs qu’elles jugent infondés. Ces figures, accusées d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État et de troubles à l’ordre public, seraient, selon la coalition, les victimes d’une « instrumentalisation de la justice ».
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Dans sa déclaration liminaire, la coalition a qualifié « d’incompréhensible » l’opposition du parquet du Tribunal de Grande Instance de la Commune V de Bamako à une ordonnance de mise en liberté conditionnelle, prononcée en faveur des détenus. Selon elle, cette résistance judiciaire démontre une volonté délibérée de restreindre les libertés démocratiques au profit d’une pensée unique imposée.
Des revendications claires pour la démocratie
La coalition insiste sur le fait que les détenus n’ont violé ni la loi ni les décrets en vigueur. Elle rappelle que le décret ayant servi de prétexte à leur arrestation a été abrogé depuis le 10 juillet 2024, rendant ces incarcérations d’autant plus absurdes. « Leur seul tort est d’avoir défendu les acquis démocratiques du peuple malien et réclamé un retour à l’ordre constitutionnel », a affirmé un des porte-paroles.
Malgré les multiples médiations entreprises, aucune avancée notable n’a été enregistrée. La Cour d’Appel a même rejeté, le 12 novembre dernier, une demande de mise en liberté des détenus.
Mobilisation contre le musellement des voix dissidentes
La conférence de presse a également abordé d’autres sujets préoccupants, notamment l’affaire opposant Joliba FM à la Haute Autorité de Communication (HAC) suite à une plainte émanant du Burkina Faso. La coalition a dénoncé une instrumentalisation politique de cet organe de régulation et appelé à préserver la liberté d’expression.
« Nous ne pouvons plus tolérer la remise en cause des acquis démocratiques et les restrictions des libertés fondamentales », ont martelé les signataires de la déclaration, en lançant un appel à la mobilisation pour exiger la libération immédiate des onze détenus politiques.
Une situation socio-économique alarmante
Outre les atteintes aux libertés, la coalition a dénoncé l’aggravation de la crise sécuritaire et économique. Elle a fait état de récentes attaques terroristes dans le centre du pays, notamment à Bandiagara, et a déploré l’impact croissant de la crise énergétique sur les ménages et les entreprises.
Face à l’absence de calendrier clair pour le retour à l’ordre constitutionnel, la coalition a exhorté les autorités à respecter les engagements démocratiques consacrés dans la Constitution de juillet 2023.
Un appel au sursaut national
La coalition conclut en rappelant que le respect des droits fondamentaux est la pierre angulaire de la démocratie et invite tous les acteurs de la société malienne à se joindre à leur lutte. « La libération des onze responsables politiques est une condition sine qua non pour restaurer la confiance entre les autorités et les citoyens », ont-ils déclaré, tout en réaffirmant leur engagement pour un Mali uni et démocratique.
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Cette prise de position marque un tournant dans le débat public, alors que le pays est plongé dans une incertitude politique et socio-économique préoccupante.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net