Depuis son élection à la Magistrature suprême de notre pays, il y a de cela déjà trois ans, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ne dort qu’avec un seul œil, tant il est acculé de toutes parts par l’opposition qui se veut démocratique, citoyenne et républicaine. Mais, depuis qu’il a reçu à Koulouba le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé dit Soumi Champion, non moins président de l’Urd, la tension politique semble baisser d’un cran.
Elu par la majorité des Maliens (plus de 77%), le président IBK, avouons-le, a hérité d’un pays en lambeaux, d’un pays en déliquescence. Le Mali était au bord du gouffre, notamment avec l’occupation du septentrion du pays par des rebelles armés, des terroristes, des jihado-narco trafiquants. Notamment du cas Kidal. Alors qu’IBK s’évertuait à redresser le pays, la tâche ne lui pas été rendue facile par les opposants à son régime. Conséquence : le pays était non seulement dans l’impasse sécuritaire, mais aussi politique. Et les grandes décisions touchant à la vie de la Nation étaient toujours rejetées, sinon non soutenues par l’opposition. Toute chose qui a toujours entraîné des blocages à l’Assemblée nationale, comme ce fut le cas de l’adoption du projet de la loi électorale qui a contraint IBK à recevoir Soumi.
Il nous revient qu’au cours de cette rencontre, le chef de l’Etat et le leader de l’opposition ont évoqué la rébellion dans le Nord du pays, l’insécurité et l’organisation des prochaines élections municipales. Précisons que cette rencontre était réclamée depuis plusieurs mois par l’opposition. Elle a duré plus de trois heures. Le président et le chef de l’opposition ne s’étaient plus rencontrés depuis longtemps. Soumaïla Cissé s’est réjoui de cette rencontre en ces termes : «Lorsqu’il arrive quelque chose qu’on a longtemps attendu, on ressent un soulagement. Cela fait longtemps que l’opposition souhaitait un dialogue direct avec le chef de l’Etat sur l’ensemble des problèmes de la Nation».
Des propositions concrètes ont été faites par les deux parties, selon Soumaïla Cissé, qui salue “la capacité d’écoute” du président Keïta. «Il me plaît de dire que nous avons des contradictions. Je suis sorti de cette rencontre avec le sentiment que le président n’avait pas reçu certaines informations de la bonne façon. Je lui ai dit qu’il y a un déficit réel de communication de son côté», a-t-il dit.
En ce qui concerne les élections communales du 20 novembre, l’opposition a exprimé la crainte qu’elles ne puissent avoir lieu à cause de l’insécurité dans le pays. Elle estime que le projet de loi électoral qui était en examen à l’Assemblée nationale n’est pas “bon”. “Nous ne croyons qu’à ce que nous voyons”, avait-il dit. Ibrahim Boubacar Keïta a dit prendre bonne note de cette remarque. Mais, l’opposition attend de voir la suite qui sera donnée à cette préoccupation.
“Dans l’opposition, nous ne croyons qu’à ce que nous voyons (…) Le plus important, c’est la suite qui sera donnée” par le gouvernement, pour la tenue des élections municipales, a dit Soumaïla Cissé. L’opposition a en outre demandé au chef de l’Etat de tenir une concertation nationale sur la crise sécuritaire.
Comme on le voit, on assiste depuis ce tête-à-tête IBK-Soumi à «un réchauffement des relations entre la majorité présidentielle et l’opposition», même si celles-ci ne doivent pas toujours amicales, l’opposition devant jouer son rôle de contre-pouvoir pour l’ancrage de la démocratie dans notre pays.
SEYNI TOURE
Source: La lettre du Mali