De la Mauritanie au Tchad en passant par le Niger et le Mali, le coeur de l’Afrique « sahélo-sahélienne » fait figure d’antichambre idéale au développement du terrorisme. Seule nation engagée sur ces terres, la France semble bien seule… Dans cette partie de l’Afrique qui s’étend de la Mauritanie à Djibouti, qu’on appelle désormais en France la « bande sahélo-sahélienne » (ou BSS), la tension ne date pas d’hier. On ne saurait oublier, par exemple, qu’à l’est de ce front, au Tchad, les armées françaises sont présentes depuis 1986 ! Mais il est bien clair aux yeux de tous, et surtout pour les Africains, que la situation, très tendue depuis plusieurs années, a pris un tour tragique après l’installation du chaos en Libye, dès 2011. Le jihadisme s’est implanté dans cette région à la faveur de la guerre civile algérienne, le sinistre Mokhtar Belmokhtar – visé dimanche par un raid américain – établissant, dans la zone, un juteux business basé sur les enlèvements d’Occidentaux. La Mauritanie, le Niger, le Mali, le Tchad (dont la capitale N’Djaména a été touchée, hier, par un attentat), tous ces pays sont aujourd’hui dans un état de déstabilisation menaçant. Une maigre sécurité Les États sont faibles et corrompus, les richesses naturelles ne sont pas réparties et ne profitent qu’aux dirigeants, les armées – sauf au Tchad et, dans une moindre mesure, en Mauritanie – ne sont pas au niveau. Pour ne rien arranger, les frontières issues de la colonisation ne sont pas viables, comme le démontrent, chaque jour, les conflits opposant les nomades Touareg entre eux et aux États centraux. L’Afrique a beau dépêcher des casques bleus par milliers, la maigre « sécurité » de cette région du monde ne repose pratiquement que sur les épaules de l’armée française. Car l’Algérie, frontalière avec la quasi-totalité des États déliquescents, refuse obstinément d’intervenir contre les jihadistes, pourtant bien souvent Algériens. Quand à la Libye, elle demeure le vrai nid de vipères. Jean-Yves Le Drian s’époumone depuis des mois pour que la communauté internationale intervienne dans le sanctuaire jihadiste du sud Libyen, mais en vain. Ne nous y trompons pas : nous sommes concernés au premier chef, ne serait-ce que parce que de nombreux boat people arrivant par milliers chaque jour en Europe, viennent de cette région !
source : letelegramme