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Terrorisme : Bamako sur la voie de la réconciliation avec les djihadistes d’Al-Qaïda, sans Paris

C’est ce que préparent les officiers maliens au pouvoir. L’Algérie les soutient, Macron est hors jeu.

Jean-Yves Le Drian, le Ministre des Affaires étrangères, s’est rendu à Alger les 15 et16 octobre. Il a été « dépêché (là-bas) en pompier », souligne brutalement  un membre de l’état-major des armées, façon de laisser entendre que le Président est un peu dans le brouillard…

 

Mission de Le Drian : évaluer à quel point les dirigeants algériens sont disposés à s’engager au Mali et à prêter main forte à Iyad Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans(GSIM), durant les négociations qu’il mène avec les militaires.

Rallié depuis plusieurs années à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghali gagne à être connu, ne serait-ce que pour le plaisir qu’il a pris à revendiquer la plupart des attentats dont ont été victimes des centaines de soldats et de civils maliens, ainsi que plusieurs dizaines de Français. Grâce à la Direction du renseignement militaire, Le Drian n’ignore rien du parcours de ce Touareg, ancien combattant en Irak , qui, en 2017, avait traité la France d’ « ennemie historique des musulmans ».  La semaine dernière, Iyad Ag Ghali s’est permis de monter une opération de propagande sur le sol malien. Tout d’abord, il a fait savoir à la presse qu’il venait d’obtenir la libération de 206 de ses frères de combat. Ensuite, et sans être le moins du monde inquiété, il a organisé et présidé à Tessalit un méchoui pendant lequel on a pu le photographier, en compagnie d’une centaine de djihadistes, en train de festoyer. Un véritable bras d’honneur adressé à Paris.

Des terroristes très fréquentables ?

Que recherchent les militaires maliens ? « La réconciliation nationale au sein du Mali » disent-ils. Un objectif qui convient à leur grand voisin algérien, lequel n’apprécie guère la présence de troupes françaises à ses frontières, et souhaite que son protégé Iyad Ag Ghali puisse bientôt jouer un rôle politique à Bamako. Au Mali même, le projet de ces officiers-ministres ne manque pas d’appuis. Soumaïla Cissé, par exemple, ex-Premier ministre (ex-« Chef de file de l’opposition »- Rectifié par la Rédaction de CORRAP) et ex-otage, se dit favorable aux négociations avec ceux qui l’ont enlevé puis détenu. Un autre notable, le député Ahmada Ag  Bibi, est sur la même longueur d’onde, et cela n’a rien de surprenant. Cet ancien membre des groupes djihadistes, ami d’Iyad Ag Ghali, a négocié avec celui-ci l’échange de 206 combattants contre 4 otages. Quant au Grand imam de Bamako, Mahmoud Dicko- qui se targue d’être la « référence islamiste » de plusieurs auteurs du récent coup d’Etat-, il prie pour la réussite  de ces palabres entres militaires et partisans d’Al-Qaïda.

Avant la fin d’octobre, Le Drian doit se rendre au Mali et y rencontrer les nouveaux dirigeants du pays. La « réconciliation nationale » en préparation ira-t-elle jusqu’à intégrer une partie des djihadistes du GSIM au sein de l’armée malienne ? Il ne faut douter de rien. Et, même si cela met Macron et ses généraux en fureur, Ag Ghali et ses hommes, devenus désormais fréquentables, devront, en cas d’accord, et après six ans de guerre, être épargnés par les militaires français. Lesquels seraient en droit de se demander ce qu’ils sont allés faire dans cette galère.

Dès lors, les soldats de Barkhane n’auraient plus à pourchasser au Sahel que d’autres terroristes, ceux de Daech (Eta islamique au Grand Sahara). Jusqu’au moment où quelques chefs d’Eta voudront soudain se réconcilier avec eux ?

Claude Angeli

  • En 2021, plus de 200 blindés Griffon de 25 tonnes auront été livrés au Sahel pour « muscler » le contingent français, l’état-major devra, en principe, porter les effectifs de Barkhane à 5 500 hommes. Soit encore 400 en plus.
  • A la fin de cette année, le coût de l’opération Barkhane, menée au Sahel depuis plus de six ans, aura battu tous les records : 1,2 milliard d’euros. Mais les autres interventions des armées françaises au Levant (Chammal), en Méditerranée Orientale, devant le Détroit d’Ormuz, dans le Golf de Guinée et au Liban, vont aussi coûter « un pognon de dingue ».

Source Le Canard enchaîné

22 Septembre

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