Nous écrivions la semaine dernière sur cette problématique de la paix au Mali en soutenant qu’il conviendrait, du côté des citoyens, qu’ils apprennent à se connaitre les uns les autres en acceptant ainsi leur identité dans la multiplicité. Cette option constitue pour nous une première étape qui doit trouver son achèvement dans ce que nous allons avancer dans ces pages expliquant les raisons pour lesquelles des années d’indépendance jusqu’à nos jours, les négociations faites, les accords signés, n’ont servi et ne serviront à rien.
La course aux intérêts constitue le mal cardinal qui ronge nos sociétés et les met en retard. Le phénomène du terrorisme, nous ne pouvons nullement l’amputer de cette volonté de quête acharnée de certains intérêts égoïstes. Nous saluons l’effort de ces esprits quasiment téméraires qui ont pu prendre le courage de qualifier cette guerre qui s’empare de notre pays d’« entreprise terroriste ».
Quand on parle d’entreprise, nous ne sommes pas sans savoir qu’elle reste fondée sur l’appât du gain. Les actionnaires ayant contribué à la gestation de l’entreprise attendent toujours, avec fougue, des bénéfices. D’ailleurs, ils investissent avec cet espoir et déploieront tout leur possible afin de ne pas s’en sortir bredouilles. Ces actionnaires aussi bien que leurs employés se battront nuit et jour pour assurer et entretenir la réussite de l’entreprise. Pour rien au monde, ils n’accepteront de mettre un peu d’eau dans leur vin parce qu’ils sont convaincus qu’en agissant ainsi, ils verront leur propriété tomber comme un château de cartes.
Partant sur cette base, nous ne pouvons qu’arriver à la compréhension que le terrorisme constitue un projet monté contre les pays en voie de développement. Nous ne sommes nullement dans une posture de victimisation, mais nous voulons juste montrer ce qui nous semble être concret et qui ne pourrait nullement relever d’une simple coïncidence. Les terroristes sont certes des missionnaires, mais quel genre de mission veulent-ils accomplir ? Ils sont en mission pour qui ?
Des questions dont les réponses ne peuvent nullement sauter aux yeux les plus attentifs et aux esprits les plus avertis à part ceux jouant à la « mauvaise foi ». Ces esprits sanguinaires nous font croire qu’ils mènent une mission noble voire divine puisque se qualifient de djihadistes. On se demanderait comment est-ce possible qu’il y ait un Djihad après le départ du prophète ? S’ils sont en mission djihadiste, c’est qu’il s’agit sans nul doute d’un djihad pour l’instauration de cette « religion capitaliste », la course aux intérêts.
Prenant la manière par laquelle les terroristes mènent leurs opérations avec les armes les plus sophistiquées, nous ne pouvons que nous demander d’où ils sortent avec des armes aussi puissantes. Possèdent-ils des industries d’armement ? Nous serons surpris de l’apprendre. Pour le moment, nous ne pouvons que répondre par le négatif. Ce qui nous conduit directement à nous demander d’où viennent leurs armes. Une question dont la réponse reste encore en suspens. Personne ne veut accepter qu’on lui jette l’opprobre en l’indexant comme l’ « actionnaire du mouvement terroriste ». Or, aucune entreprise ne peut fonctionner convenablement sans des appuis financiers.
Au nord du Mali, de grands business sont menés notamment celui de la drogue comme l’a souligné Serges Daniel dans son ouvrage Les Mafias du Mali : Trafics et terrorisme au Sahel. Des marchandises (drogue) qui arrivent dans cette contrée par vol et sont ensuite acheminées vers d’autres pays dans des véhicules. Comment réussir à générer un tel business « transatlantique » sans avoir au préalable des bases solides. Cela reste impossible. Qu’en est-il du cas du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) dont l’anniversaire de la création se fête chaque année en France ? Les pays sont nombreux, mais pourquoi choisir spécifiquement la France ?
Les éléments douteux autour de ce phénomène sont nombreux, mais nous mentionnons également les enquêtes sur l’assassinat des deux journalistes français de la RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Déterminés qu’ils sont pour traquer les responsables de ce crime horrible, la France n’est-elle pas en train de montrer au monde entier qu’elle est en mesure d’intercepter tous les appels de ces groupes terroristes et ainsi d’être au courant en avance des attaques qu’ils préparent ? Ces moyens logistiques se trouvent à la disposition de la quasi-totalité de ces grandes puissances. Alors, pourquoi elles ne se lancent pas dans la traque aux terroristes ? Trop de mystères planent autour de cette affaire. C’est la raison, pour laquelle, nous ne pouvons manquer de soutenir après ces quelques constats que le terrorisme est devenu une entreprise mondiale implantée en défaveur des pays en développement.
Dans ces circonstances, aucun accord ne réussira à mettre un terme à ce phénomène. Tout est une question de volonté, tant que les volontés ne s’accorderont pas pour faire de la paix dans le monde un combat commun, rien d’autre ne réussira à asseoir une paix durable. Malheureusement que celle-ci ne fait pas l’affaire des « actionnaires de cette entreprise » qui ne respirent qu’à travers celle-ci. La politique occidentale en Afrique n’a jamais pris fin, elle a juste changé de forme. Cela est encore pire dans les anciennes colonies françaises qui font vivre leur « maître » à travers les ressources de leurs territoires (or, diamants, coton, arachide, etc. ».
Outre cet aspect, notons également que les « employés », parlant des terroristes, ayant aussi pris goût à ces guerres barbares à travers lesquelles ils ne croisent plus le chemin du chômage et se nourrissent ainsi de sang n’accepteront plus de cautionner la paix. Tout ceci nous montre que les accords de paix que le Mali a signés ou s’apprête à le faire, les lois d’entente que le Mali a adoptées ou s’apprête à adopter sont des projets recevant le nom « d’échec ».
Ce n’est pas à travers ces accords que nous arriverons à la paix, mais plutôt à travers une prise de conscience sereine de nos responsabilités, en prenant courage après avoir cherché à se connaitre et ainsi à accepter l’unité dans la multiplicité pour dire non à certaines politiques qui ne peuvent que contribuer à assujettir notre nation à la volonté de ses ennemis. Sans une réelle volonté, l’instauration d’une paix durable demeure impossible et notre pays restera dans le cadre de l’asservissement éternel. Les négociations échoueront toujours sans une réelle volonté d’instauration de la paix.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays