Le régime IBK aura eu l’irréfutable mérite de nous faire voir toutes sortes de cadres sous son règne. Me Baber Gano, ministre des Transports au sein de l’actuel gouvernement et non moins secrétaire général du parti au pouvoir, le RPM, a récemment accordé une interview à l’un de nos confrères où l’homme s’adonne gaillardement à une diatribe indigne de son rang contre le général démissionnaire Moussa Sinko Coulibaly qu’il a délibérément traité de “putschiste” et d’”officier félon”.
Au cours d’un entretien avec un confrère, le condescendant ministre n’a fait que se livrer à de viles incohérences, cherchant ainsi à abrutir la mémoire des Maliens et faisant, par là-même, étalage de toute sa malhonnêteté intellectuelle.
Selon toute vraisemblance, la peur est désormais manifeste dans le camp présidentiel après une vague de démissions durement éprouvées par le régime. D’abord, celle de Racine Thiam, ex-directeur de la Cellule de communication présidentielle qui s’en est allé rejoindre, sans autre forme de procès, le camp de l’opposition étant suffisamment déjà imprégné des affaires internes de Koulouba, ensuite celle de Me Mamadou Ismaël Konaté, ex-garde des Sceaux, ministre de la Justice et, en même temps, avocat du président et sur qui celui-ci comptait énormément pour annexer le droit en faveur du régime au détriment de ses détracteurs et, également, concourir savamment au passage en force du projet de loi référendaire finalement avorté par la voix bruyante du peuple souverain du Mali (en tout cas, tout sauf, faire parler réellement le droit au bénéfice de tous les Maliens, mais plutôt, au seul avantage du régime) et, enfin, celle du général Moussa Sinko Coulibaly, ex-ministre de l’Administration territoriale et directeur de l’Ecole de maintien de la paix, un jeune cadre militaire extrêmement brillant et qui a décidé de claquer les portes du régime pour ensuite s’y opposer avec virulence. Ce dernier épisode de toute une série de démissions a sans doute été le plus vexant, voire indigestible pour le camp présidentiel désormais aux abois.
Et cela s’est indéniablement senti dans les propos de Me Baber Gano, ministre des Transports et secrétaire général du RPM, le parti au pouvoir, lors d’un entretien accordé à un de nos confrères où le ministre va-t-en-guerre n’a pas hésité à traiter le jeune soldat, d’usurpateur et traître.
Ce même ministre, qui avait désespérément tout tenté pour convaincre IBK d’utiliser la violence contre son propre peuple en réprimant sévèrement les différentes manifestations organisées contre le passage en force du projet de révision constitutionnelle, n’a désormais eu autre trouvaille que de se mettre à injurier frontalement les opposants et autres détracteurs du régime comme si le Mali n’appartenait uniquement qu’à son clan politique.
Voir aujourd’hui un cadre du RPM ou autres thuriféraires de la majorité présidentielle, traiter les militaires de Kati de putschistes, relève manifestement de l’amnésie et du plus grand ridicule, car la quasi-totalité des Maliens sont inflexiblement persuadés que n’eût été le coup de force du 22 mars 2012, opéré par le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses compagnons d’armes, Ibrahim Boubacar Kéita, sauf par miracle divin, n’aurait jamais accès à Koulouba, et ce, jusqu’à son dernier soupir.
Tout avait été minutieusement organisé par ses prédécesseurs pour que l’homme n’occupe jamais le fauteuil suprême. Et le président IBK, lui-même, sait également mieux que quiconque que si son élection à la tête du Mali ne tenait qu’aux seuls militants de son parti, le RPM, il continuerait bien à y rêver.
Par ailleurs, comment peut-on, sauf par manque de reconnaissance morale ou cohérence intellectuelle, traiter ouvertement de félon ou usurpateur celui qui a brillamment réussi à organiser des élections qui nous ont inexorablement portés au pouvoir à l’issue d’un putsch dont on est sans nul doute les principaux bénéficiaires ?
Si le ministre arrogant et belliciste Me Baber Gano semble l’avoir aussi vite oublié, le peuple malien, par contre, ne souffrant d’aucune amnésie, s’en souvient encore avec la plus grande lucidité psychique. L’avocat fait donc aujourd’hui “la gueule” parce qu’il y a bien eu coup d’Etat. Un coup d’Etat qu’il se plait cependant à fustiger et dont son pouvoir politique et institutionnel actuel en est bien le fruit. Quel revirement populiste et fanfaron ! Quelle sacrée malhonnêteté !
Aux yeux des Maliens pourtant, c’est le régime IBK, l’auteur de la véritable traîtrise, en ce sens qu’il demeure le plus incompétent des régimes depuis l’accession de notre pays à l’indépendance en dépit de tous ces espoirs âprement placés en lui. Au Mali, présentement, la déception se lit sans ambiguïté sur tous les visages. Par conséquent, l’électorat se prépare silencieusement à tourner définitivement la page IBK en le chassant du pouvoir de la même manière dont il s’y était installé en 2013.
D’où, une peur traumatisante et une cruelle insomnie ressentie en ce moment par les barons du pouvoir et sa majorité prébendière, ceux-là mêmes qui auraient normalement dû faire preuve d’humilité socratique et de sagesse cartésienne en demandant solennellement au président IBK de renoncer à briguer un second mandat en raison d’une absence criarde de bilan à présenter aux Maliens après plus de quatre longues années passées à la tête de l’Etat.
Et Me Baber Gano qui s’est abondamment illustré par des invectives d’un autre âge, et foncièrement indignes de son statut de membre de l’exécutif, vient, une fois encore, de dévoiler au grand jour sa petite personnalité. Si la démission aussi bien que le retour du général Moussa Sinko Coulibaly à la vie civile ont été accueillis avec fierté et euphorie par une bonne partie de l’opinion nationale, cet acte combien inattendu du saint-cyrien a sérieusement impacté sur le calcul politique des tenants du pouvoir.
Personne, aujourd’hui, même la communauté dite internationale, ne serait contre le départ d’IBK et ses ouailles de la présidence. Et même si sa réélection venait à se réaliser, ce ne serait point à l’aide d’individus aussi mal formés politiquement que Me Baber Gano, ce ministre fasciste qui contribue presque chaque jour à enfoncer le régime là où il ne peut que peiner à en sortir.
Par ailleurs, si Me Gano, en tant qu’homme de droit, semble avoir du mal à comprendre objectivement que le jeune général désireux de retourner à la vie civile, est libre de faire valoir ses droits constitutionnels autant que le reste des Maliens, ce n’est nullement avec mépris et condescendance qu’il réussira à faire fédérer les Maliens autour de l’indéfendable bilan d’IBK.
Ce n’est non plus en divagant comme un amnésique aliéné qu’il parviendra à abrutir la conscience populaire malienne déjà aguerrie par leurs mensonges.
Dilika Touré
La Sirène