Depuis avant-hier, matin, que de violentes échauffourées ont éclaté entre des manifestants et des éléments de la Minusma, aux abords de l’aéroport, Kidal est en effervescence. Une escalade de violence qui risque d’embrasser la localité d’autant que les fauteurs de troubles, eux, instrumentalisés pour les besoins de la cause, ne sont pas prêts à calmer le jeu. Qui sont-ils ?
Avant-hier, matin, la ville de Kidal a connu l’une de ses grosses frayeurs de violence qui s’est abattue sur la ville et qui a mis le feu à plusieurs endroits de la localité, notamment aux abords de l’aéroport, où sont stationnées les forces de la Minusma. Plusieurs manifestants, en colère, principalement composée de femmes et de jeunes, se sont regroupés aux abords de l’aéroport de la ville, zone militaire, donc d’accès interdit, avant de s’infiltrer sur le piste d’atterrissage. Conséquence ? Saccage de nombreuses installations sécuritaires de la Minusma et incendie volontaire déclaré sur de nombreuses infrastructures urbaines, comme le groupe électrogène, principale source d’alimentation électrique de la ville.
Au cœur de la controverse : protestation contre les « arrestations arbitraires » de certains responsables du MNLA, accusés de trafic d’armes. Tout est parti, là aussi, de la mort de trois soldats français de l’opération Barkhane, qui rentraient tout fraîchement d’une opération de terrain avant que leur véhicule ne percute une mine, juste non loin de leur camp de Tessalit. Sur ces événements douloureux, les forces françaises n’ont pas hésité à engager des investigations sur le terrain, à l’issue desquelles des suspects seront appréhendés et arrêtés. Les manifestants sont donc sortis (à l’instigation de quelle organisation ?), pour protester contre ces « arrestations arbitraires » à l’intérieur de Kidal. La plupart de ces slogans, hostiles à la Minusma et aux forces françaises, disaient clairement que les populations de Kidal, de plus en plus excédées par cet état de fait, ne pouvaient plus rester insensibles face à de telle intrusion.
En fait, de toutes les informations, distillées sur ces événements de Kidal, on a très peu eu d’aperçu sur les instigateurs de ces mouvements de protestation dans la ville. Aucune organisation, ni parmi la CMA, ni autre mouvement armé, ne s’est jusqu’ici illustrée comme ayant appelé les femmes et les jeunes à se manifester dans la ville. A regarder le caractère sensible de la revendication, il est d’ores et déjà exclu de penser qu’il s’est agi ce jour-là d’une manifestation spontanée de femmes et de jeunes de Kidal à la faveur de responsables arrêtés.
Selon plusieurs sources concordantes, parmi les meneurs de la manifestation de Kidal, qui a dégénéré en affrontements sanglants entre des groupes de jeunes et de femmes et les forces de la Minusma, qui ont dû riposter, on parle d’un certain nombre des femmes, bien connues dans leur entourage, comme des activistes, prêtes à enflammer les foules pour n’importe laquelle cause.
A l’intérieur de Kidal, dans plusieurs endroits chauds de la ville, comme les quartiers « Aliou » ou « Etambar », on a aperçu des manifestantes, à l’image de la mère du fameux Ag Wadossène, ce terroriste abattu récemment par les forces Barkhane après avoir réussi une évasion spectaculaire à la prison centrale de Bamako. Retrouvé bien après cette cavale, Wadossène sera libéré en échange de la libération d’un otage français, détenu par les terroristes. En son temps, le Président IBK avait averti que s’il savait le sort qu’il encourait avec cette libération conditionnée, il aurait bien volontiers accepté être détenu en prison. Mal lui en a pris : quelques mois seulement après sa libération, il sera abattu par les forces Barkhane, en plein Sahara. Il y a aussi parmi les femmes activistes de Kidal, à côté de la mère de ce terroriste, Zina Wallet Alladi, une autre femme, dénommée Wallet Erlaaf qui est également bien connue dans les milieux d’agitation de foule. Avec d’autres, ces femmes, qui gagnent leur réputation sulfureuse dans l’agitation des foules, ont été aperçues, en différents points de la ville, en train de pousser les jeunes et les femmes à grossir le lot des manifestants, en direction de l’aéroport de KIdal.
Pour diverses raisons, liées à la situation intérieure de Kidal, renforcée par le sentiment d’impunité et de laisser-aller qui y règne, ces femmes, qui ont gagné leur galon dans l’instrumentalisation des foules, elles-mêmes téléguidées par des responsables de divers mouvements armés, tapis dans l’ombre, ne sont pas prêtes d’abandonner aussi facilement le rôle de fauteurs de troubles qu’elles jouent à Kidal, avec le risque d’une dégradation sensible et explosive de la sécurité des populations. De ce fait, il appartient à l’Onu, dans ces cas, comme chez d’autres dont les comportements et gestes contribuent à fragiliser le processus de paix, de prendre ses responsabilités, et toutes ses responsabilités, en vue de prévenir des sanctions, collectives ou individuelles, avant qu’il ne soit trop tard.
Sékouba Samaké
Source: info-matin