Le carnage se poursuit au Yémen. Au moins 150 personnes tuées durant ces dernières 24 heures à Hodeida, ville portuaire de l’ouest du pays. La coalition arabe, dirigée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, mène d’importantes frappes aériennes à la demande des autorités yéménites. L’objectif est de déloger les rebelles houthis, qui contrôlent Hodeida. Mais les civils se retrouvent au milieu des affrontements.
A Hodeida, les combats font rage. Et la situation des civils est catastrophique. Au cours des dernières 24 heures, 149 personnes sont mortes dans cette grande ville portuaire. RFI a pu joindre une habitante qui témoigne de la violence des attaques et de la vulnérabilité des hommes et femmes pris au piège.
« Hier, dimanche, les bombardements ont été très violents et soudains. La situation était calme et tout à coup, nous avons entendu les hélicoptères. Ils étaient là, sous nos yeux. Des hélicoptères Apache. Je n’en avais jamais vu auparavant. Et puis les raids ont commencé. Il devait être 12h30. Les frappes aériennes se sont poursuivies jusqu’au coucher du soleil », raconte Manel Qaïd.
Ce lundi, la situation s’est plus ou moins apaisée selon cette même habitante. « Nous restons très inquiets. Vous savez, les combats sont très soudains et ils peuvent reprendre à n’importe quel moment. Nous avons eu beaucoup de victimes civiles à cause des éclats d’obus et des bombardements. Les gens ici ont peur. Nous étions confinés chez nous et nous entendions les déflagrations. Avec nos voisins, on s’est demandé s’il n’était pas préférable de fuir, mais finalement nous avons décidé de rester chez nous. »
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a mis en garde contre une éventuelle destruction du port de cette ville d’Hodeida. Il craint dans ce cas « une situation absolument catastrophique ». Hodeida est en effet le point d’entrée de plus des trois quarts des importations et de l’aide humanitaire internationale.
Pressions diplomatiques pour une sortie du conflit
Mettre fin au massacre : c’est le message qu’est venu porter le Royaume-Uni. Son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, est en visite en Arabie saoudite et aux Emirats-Arabes-Unis ce 12 novembre. Ces deux pays sont engagés dans le conflit. Ils soutiennent les forces gouvernementales contre les rebelles houthis. Mais ils sont souvent accusés de bavures, en bombardant des civils.
« Le coût humain de cette guerre est incalculable » a déclaré le chef de la diplomatie britannique avant son départ dans le Golfe, appelant à une solution politique. Quelques heures plus tôt, Mike Pompeo, le ministre de la Défense américain, disait à peu près la même chose, lors d’un entretien avec le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman. Les Américains, qui soutiennent militairement l’Arabie saoudite, ont cessé samedi 10 novembre de ravitailler leurs avions en vol, au Yémen, un premier signe de désengagement de ce conflit meurtrier, où l’aide militaire occidentale, même indirecte, est de plus en plus critiquée.
Nombreux sont ceux qui appellent aujourd’hui à de nouvelles discussions de paix. Les dernières, sous l’égide de l’ONU, ont échoué en septembre dernier.
RFI