Le groupe Etat islamique a revendiqué mercredi l’attentat-suicide de Manbij, qui a fait 16 morts, dont quatre Américains. Parmi les victimes figurent neuf civils et cinq combattants des Forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde qui lutte contre l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
En frappant à Manbij, située près de la frontière avec la Turquie, très loin de son dernier fief au sud-est de Deir Ezzor, le groupe Etat islamique a montré qu’il conservait une capacité de nuisance.
Bien renseigné, le kamikaze s’est fait exploser dans un restaurant d’une rue animée de la ville, habituellement fréquentée par des soldats de la coalition internationale, dirigée par Washington. Peu de temps après, l’EI a revendiqué l’attentat dans un communiqué diffusé par son organe de propagande, l’agence Ahmaq.
Le bilan est de seize morts, dont quatre Américains, parmi lesquels deux soldats, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d’un sous-traitant du Pentagone.
Cette attaque prouve que le groupe jihadiste dispose encore des réseaux nécessaires pour collecter des renseignements et de la logistique indispensable pour recruter et équiper un kamikaze.
L’attentat intervient alors que le président Donald Trump a ordonné le retrait des troupes américaines de Syrie, arguant du fait que le groupe Etat islamique est sur le point d’être défait. Dans le même temps, l’EI continue de résister aux offensives des forces démocratiques syriennes dans son fief morcelé à Deir Ezzor, non loin de la frontière avec l’Irak. Il a même lancé des contre-attaques dans les régions de Hajin et de Soussa, d’où il avait été chassé par les milices arabo-kurdes soutenues par les Etats-Unis.
L’attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie
En décembre le président américain annonçait brutalement le retrait des 2 000 soldats américains de Syrie, garantissant contre l’avis des observateurs l’anéantissement de l’organisation terroriste. L’attentat de Manbij montre que l’annonce du retrait américain « a galvanisé les ennemis que nous combattons », s’inquiète Lindsay Graham, influent sénateur républicain, comme le rapporte notre correspondant au Etats-Unis, Eric de Salve.
Pour Marco Rubio, autre sénateur républicain, cette attaque est « un rappel tragique que l’EI n’a pas été vaincu ».
Mais le vice-président américain persiste : « Nous ramenons nos troupes à la maison, le califat s’est écroulé », vient encore de déclarer le vice-président des Etats Unis juste après l’attaque, rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Mike Pence précise tout de même que les Etats Unis resteront dans la région, pour assurer, dit-il, « que le groupe EI ne montre plus sa face immonde ».
Donald Trump lui n’a pas commenté cet attentat.
Cette attaque s’est déroulée à Manbij, ville censée être pacifiée, reprise aux jihadistes en 2016, où sont basés les soldats américains. C’est l’attentat le plus meurtrier depuis leur arrivée en Syrie 2014.
RFI