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SUSPENSION DE LA CMA AU PROCESSUS DE PAIX DE L’ACCORD D’ALGER

Dans les sables chauds du Nord-Mali, le processus de l’accord de paix d’Alger s’est dangereusement embourbé. A l’origine de ce grave avatar : l’annulation, à la dernière minute, et à la demande du gouvernement malien, de la réunion du comité de suivi de l’application dudit accord, dont les travaux devaient être délocalisés, pour la première fois, à Kidal, le 17 septembre dernier. L’abandon de l’idée de la délocalisation à Kidal a suffi à faire entrer les ex-rebelles de le Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA) dans une colère homérique.

Dans la foulée, ils ont décidé de suspendre leur participation au processus de l’accord de paix. Pire, ils conditionnent désormais leur participation à la tenue d’une réunion d’urgence avec le gouvernement malien. Un véritable casse-tête s’il en est, pour la médiation internationale et pour son président, l’Algérien Ahmed Boutache. Que s’est-il passé entre-temps, pour qu’on en vienne à préférer Bamako à Kidal ? On sait que le dernier sommet de la CEDEAO sur la sécurité dans le Sahel, est passé par là. Réunion au cours de laquelle il était rappelé avec force, que Kidal faisait bel et bien partie intégrante du territoire malien et qu’il fallait, en conséquence, que l’Etat y reprenne ses droits. C’est peu dire que cette ville du Mali demeure un foyer d’instabilité chronique pour le Sahel, comme l’a maintes fois rappelé le président nigérien, Mahamadou Issoufou. Toujours est-il que le choix de Bamako au détriment du fief de la rébellion, a provoqué une véritable onde de choc du côté de la CMA. Pendant ce temps, les autorités maliennes se contentaient d’invoquer des « raisons d’Etat impératives ». Un argument spécieux aux yeux de la Coordination qui annonce qu’elle ne prendra part à la réunion de Bamako que si une rencontre urgente avec le gouvernement malien, a lieu sur un « terrain neutre ». Et qui regrette que Bamako se laisse à ce point « influencer ». Hélas, comme toujours, c’est la confiance qui manque le plus.

Il appartient à chaque camp de faire sa part de boulot, voire de sacrifice

C’est pourquoi il urge que des gages soient donnés de part et d’autre afin que le fil du dialogue soit, au plus vite, renoué pour que la paix se fraye résolument les chemins d’un avenir plus radieux. Il le faut absolument d’autant que le temps presse. Le gouvernement malien et la médiation internationale, en effet, voudraient bien que le Comité de suivi de l’accord de paix (CSA) se réunisse avant le 24 septembre prochain, date de l’ouverture du débat à l’Assemblée générale des Nations unies. Il s’agit de donner des assurances aux Etats membres de l’ONU, sur les progrès en matière de solution à la crise malienne. A ce tableau, il faut ajouter qu’au plan domestique, dans quelques semaines, s’ouvrira le grand dialogue national.  Cela dit, que fera Bamako face à ce coup de sang de la CMA ? Prendra-t-elle en compte les critiques de la Coordination, relatives notamment au laxisme dont elle ferait preuve dans la gestion des combattants du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé de sécuriser les autorités dans le Nord, et qui ont été intégrés dans l’armée malienne ? En tout cas, il appartient à chaque camp de faire sa part de boulot, voire de sacrifice, pour ne pas être un facteur d’affaiblissement du processus de mise en œuvre de l’accord de paix. En tout état de cause, l’on veut bien partager l’optimisme du ministre malien de la Réconciliation nationale, Lassiné Bouaré, pour qui le gouvernement malien travaillera à « débloquer la situation ». En attendant, c’est visiblement la veillée d’arme dans la ville rebelle, tous les leaders de la CMA ayant décidé de se retirer dans leur fief, et ne sachant pas encore si leur exigence de « terrain neutre » (comme Alger) sera prise en considération par Bamako.

« Le Pays »

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