L’affaire dite désormais des bérets rouges disparus semble être une patate chaude entre les mains des plus hautes autorités de notre pays. Pour cause, depuis des années, les autorités maliennes peinent à vider ce dossier en organisant un vrai procès pour que les Maliens connaissent enfin la vérité sur cette affaire.
En effet, face à l’impossibilité de tenir un vrai procès suite à l’ingérence d’hommes politiques dans le dossier et le dépassement du délai de détention préventive fixé à trois ans par l’article 135 du Code de procédure pénale (CPP) et la présence d’une forte dose politique dans le dossier, les épouses des militaires et paramilitaires inculpés dans l’affaire des bérets rouges ont décidé de rompre avec le silence. Ce, à travers une campagne de communication afin d’expliquer à l’opinion publique nationale et internationale les différents manquements constatés dans la procédure.
En solidarité à cette campagne de leurs épouses, les inculpés détenus au Camp I de la gendarmerie et dans les différentes localités de notre pays ainsi que ceux placés sous contrôle judiciaire ont enclenché depuis le 6 novembre une grève de la faim de sept pour dénoncer la violation flagrante des dispositions légales.
Les lignes semblent bouger dans cette affaire plus politique que judiciaire. De sources proches du dossier, la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako doit examiner demain mardi 14 novembre la requête des avocats à défense relative à la mise en liberté provisoire des inculpés compte tenu du dépassement du délai de détention préventive de trois ans comme stipulé dans l’article 135 du Code de procédure pénale (CPP) couplé de l’absence des résultats de la contre-expertise pour la tenue d’un vrai procès. La compétence du Tribunal de droit commun à se pencher sur le dossier est également remise en cause par les avocats de la défense. En effet, les spécialistes estiment que compte tenu de la qualité des inculpés, de l’infraction et des présumées victimes, seul le Tribunal militaire est habilité à trancher cette affaire.
À noter que suite à ce mouvement de grève, les grévistes ont reçu la visite du Chef de la division des droits de l’homme de la MINUSMA et du représentant de la Croix rouge malienne. Ces visites ont permis d’évacuer l’Adjutant-chef Fousseyni Diarra à l’Hôpital du Point G pour subir une intervention chirurgicale. Aussi, une délégation conduite par le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako s’est rendue au Camp I de la gendarmerie où 11 des 17 inculpés sont détenus pour échanger avec ces derniers.
Par ailleurs, les épouses des inculpés dénoncent l’attitude du Commandant du Service d’investigation judiciaire de la Gendarmerie qui s’oppose à tout accès de celles-ci au Camp I de la gendarmerie où leurs époux sont détenus depuis plus de quatre années en violation du CPP.
Une conférence de presse du Collectif des épouses et sympathisants des militaires et paramilitaires est prévue ce matin à la Maison de la presse pour faire l’état des lieux des différentes activités menées ces dernières semaines.
La grève de la faim se poursuit jusqu’au mardi 14.
Mama PAGA
Le Pays- Mali