La présence française devient de plus en plus indésirable au Mali, où les forces de l’opération Barkhane, qui viennent de commettre une bavure, suscitent davantage la colère de la population et nourrissent un sentiment antifrançais.
Au lendemain de la mort de six chasseurs dans le nord-est du pays près de Talataye, pris pour des “terroristes” par Barkhane, plusieurs dizaines de Maliens ont une nouvelle fois investi les rues de Bamako pour réclamer le départ des troupes étrangères.
Ce rassemblement a eu lieu à l’appel d’un collectif appelé “Yerewolo debout sur les remparts”, pour dénoncer l’insécurité dans le centre et le nord du Mali, mais aussi le départ des forces françaises.
C’est la deuxième fois en quelques mois que Barkhane est au centre des accusations de bavure, suscitant la colère des populations locales qui organisent épisodiquement des manifestations à Bamako, ainsi que des expressions d’animosité sur les réseaux sociaux et dans la parole de certaines personnalités.
D’ailleurs, l’appel à la manifestation avait été lancé avant les événements de jeudi par un collectif appelé “Yerewolo debout sur les remparts”, yerewolo signifiant les dignes fils. Les membres de ce mouvement, qui sont déterminés à chasser l’armée française et les forces onusiennes du territoire malien, estiment que “le Mali est victime d’une guerre d’agression coloniale”.
Selon le porte-parole du mouvement, Siriki Kouyaté, l’armée française n’a plus sa raison d’être au Mali et doit rentrer chez elle. Car, dit-il encore, “l’armée française n’est présente au Mali que pour piller les ressources du Mali”.
Vendredi encore, des jeunes surtout et quelques personnalités, dont deux membres de l’organe législatif de transition, se sont réunis.
“On n’a rien contre la France, on n’a rien contre le peuple français, mais nous disons non à la présence militaire d’occupation”, a dit à l’AFP Safiatou Diarra, d’une association de femmes appartenant à la plateforme. “Nous n’avons jamais jeté une pierre contre l’ambassade de France au Mali, mais nous sommes contre la présence militaire française au Mali. C’est pourquoi nous disons à bas la France”, a déclaré Amina Fofana, l’une des deux membres présents de l’organe législatif transitoire.
Adama Diarra, le deuxième membre présent du Conseil national de transition, a réclamé le départ des Français au profit d’une coopération militaire russe.
La communauté Idaksahak (touareg), à laquelle appartenaient cinq des six tués à Talataye, a condamné la frappe, tout comme la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
La CMA, ancienne rébellion armée à dominante touareg et signataire de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, “condamne avec la dernière énergie cette bavure de plus, cette bavure de trop de la force Barkhane”.
Comme la communauté Idaksahak, elle réclame une enquête indépendante dans un communiqué.
Le Mali est dirigé par des autorités de transition dominées par les militaires qui ont renversé l’ancien pouvoir civil en août 2020. Les militaires se sont engagés à poursuivre la collaboration avec les partenaires étrangers du Mali, dont la France.
La France, intervenue militairement en janvier 2013 pour aider l’armée malienne face à la poussée des groupes armés dans le Nord, déploie 5 100 soldats au sein de la force Barkhane dans ce pays et chez ses voisins sahéliens contre les terroristes. Mais les dirigeants français ne cessent d’affirmer que Barkhane est présente à la demande des autorités maliennes.
Amar R.
liberte-algerie