Ce repas pris avec l’intention de jeûner est bien diversifié. En fonction de notre alimentation de base, certains ont recours aux céréales. D’autres préfèrent des légumes, des plats plus légers et succulents
à propos du «suhur» ou «sahur», c’est-à-dire le repas d’après minuit ou de l’aube qu’on prend avec l’intention d’accomplir le jeûne, Muslim (un hadith) rapporte que le prophète Mohamed (PSL) a dit : «ce qui distingue notre jeûne de celui des gens du Livre, c’est le repas de fin de nuit. Prenez le repas de fin de nuit. Il est toute bénédiction». Ces propos arbitrent le débat d’écoles sur le caractère surérogatoire ou pas de ce repas. En d’autres termes, il doit être clair dans l’esprit de tous les fidèles musulmans que c’est une recommandation du prophète (PSL) de manger le suhur.
Au-delà de cet aspect religieux, prendre ce repas est une habitude bien ancrée chez nos compatriotes. Ceux-ci consomment, en tout cas pour la grande majorité, des céréales qui représentent notre alimentation de base. D’autres ont introduit des légumes, des aliments plus légers mais surtout plus riches en termes de valeurs nutritives. Ils y ont vu une façon de mieux résister à la faim pendant le jeûne et parlent aussi de convenance personnelle à manger plus léger.
Mais une chose est sûre, le suhur est vraiment diversifié dans notre pays. Certains jeûneurs peuvent se contenter d’un simple bol de tisane, notamment du quinquéliba, une plante aux multiples vertus reconnues. Dans la littérature, il ressort que le quinquéliba est un dépuratif (qui a cette capacité de rendre pur). Il est «un anti-inflammatoire, un antibactérien, mais aussi un adjuvant aux régimes d’amaigrissement».
D’autres n’observent le jeûne qu’avec la datte qui serait très riche en antioxydants. Certains médecins expliquent à qui veut l’entendre que la datte est à diffusion prolongée dans l’organisme, en termes d’apport d’énergie, notamment de calorie. Autrement dit, une datte consommée le matin peut continuer à apporter de la calorie jusque dans l’après midi, c’est-à-dire des heures après.
Le café au lait avec du pain est aussi utilisé comme suhur dans certaines familles. «Le café est même un excellent substitut pour réduire l’envie de manger des aliments en matières grasses». De plus en plus, les familles qui ont les grands moyens préparent des aliments riches en lipide, glucide et vitamines, entre autres. Elles ont généralement recours à une alimentation plus équilibrée avec des légumes.
Mme Traoré Maïmouna Bah, la cinquantaine, réside à Faladiè. Cette ménagère atteste de l’importance du sahur. Pour elle, le riz à la sauce est une ancienne habitude de la maison qui remonte à des décennies. Elle apprécie bien parce que, selon elle, ce repas permet de tenir toute la journée jusqu’à la rupture du jeûne. Sa bru, Mme Traoré Kadiatou Thiam, dont elle loue l’exemplarité et les qualités de femme au foyer, se lève à une heure indue, très souvent vers 3 heures du matin, pour accomplir une de ses obligations d’épouse pendant le Ramadan (la préparation du suhur). Elle espère que sa belle fille aura la récompense d’Allah.
Mme Diallo Habibatou ne conçoit pas manger autre chose que du riz comme repas pris avec l’intention de jeûner. «Le riz me permet de garder un peu de tonus et la bonne forme pendant la journée. «En plus, j’admets en toute sincérité être très férue de riz d’où ma prédilection pour cette céréale pendant le Ramadan».
Ahmadou Konaré, doyen d’âge d’une famille explique d’entrée de jeu que le sahur permet d’abord de réunir les membres de la famille et de communier autour du jeûne, l’un des cinq piliers de l’islam avec la profession de foi, c’est-à-dire l’attestation qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah et que Mohamed (PSL) est son prophète, l’accomplissement des cinq prières, la zakat et le pèlerinage. L’aîné déclarera que sa famille garde cette vieille habitude de manger ensemble le suhur.
Mme Diarra Alimatou Doucouré partage la nécessité de manger le suhur. Elle explique que c’est une tradition dans les familles musulmanes et rappelle que beaucoup de familles se contentent de notre alimentation de base : les céréales. Selon elle, c’est aussi une façon de valoriser notre cuisine.
Quand à Mamoudou Coulibaly, il explique être allergique à tout repas lourd à l’aube. Cela crée chez moi une indigestion surtout que j’ai des petits ennuis de santé liés à un problème d’estomac. Pour quelqu’un qui se trouve dans ma situation, il est plus recommandé de prendre un repas léger. Et d’ajouter qu’en ce qui le concerne, il ne s’agit pas de s’empiffrer de nourritures pour mieux tenir mais de manger le strict minimum pour éviter d’éventuelles secrétions gastriques aux graves conséquences.
Minendjou Kia, une étudiante s’inscrit dans la même logique. «Je mange toujours des œufs, du pain et des légumes et cela depuis plusieurs années». Elle trouve que c’est même une corvée pour une épouse de se lever à une heure indue pour préparer le riz que les gens ne peuvent beaucoup manger en réalité.
Boubacar Diarra, promoteur d’une école privée, conseille aussi de manger le sahur. Pour lui, peu importe la qualité parce qu’il s’agit d’apporter un peu d’énergie à l’organisme pour lui permettre de résister.
Aminata DIARRA
Source : L’ESSOR