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SUCCESSION ET HERITAGE : Les femmes entre poids des coutumes et résignation

Deux associations maliennes se sont engagées à briser le silence autour des violences basées sur le genre et apporter leur soutien aux veuves qui en sont victimes, en particulier à Bamako.

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En 2012 le Mali entre dans la tourmente. La crise politique, institutionnelle et sécuritaire prend racine au Nord et étale ses tentacules. Tout un pays se retrouve dans la tourmente, avec une crise humanitaire qui a affaibli les capacités de réponse de l’Etat. Aujourd’hui encore le Mali continue d’être le théâtre d’innombrables violations des Droits de l’homme et ce sont les femmes et les filles qui en paient le plus lourd tribut. Pire, il s’agit d’un sujet quasiment tabou. Elles dorment toutes avec leurs malheurs de peur que les supplices subis ne passent le seuil de la chambre ou ne franchissent la porte de la maison. Mais cette spirale du silence commence à se lézarder avec la mobilisation de la société civile.
Mme Camara Aïché Sow, vient de terminer une semaine de formation sur le projet «Femmes occupez les medias », un projet mis en ouvre par l’Institut Panos avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas. Conseillère matrimoniale à l’Association des femmes battues (AFB), elle est constamment aux nouvelles des groupements des femmes veuves membres de l’Association. «Nos actions consistent à favoriser une prise de conscience chez les femmes sur leurs droits. Avec nos partenaires, nous avons organisé des rencontres de sensibilisation et des ateliers à l’endroit des femmes de toutes catégories sur leurs droits et sur les démarches à suivre en cas de problème », confie Mme Camara.
L’AFB s’investit dans la défense, la protection et la prise en charge des femmes victimes de violences, mais le fait est que la plupart des concernées ne savent pas «que la femme a aussi des droits». Notamment les veuves qui vivent une situation de vulnérabilité. Mamady Ba Traoré, coordinateur du département Accès à la justice à l’association Dèmè So note que « 80 % des cas que traités sont des violences faites aux femmes et souvent les cas qui se posent concernent des veuves, parce que le partage de la succession se fait selon les droits coutumiers et religieux. Au Mali, le plus souvent c’est la coutume musulmane qui s’applique. Selon la loi islamique c’est le huitième de la part de la succession qui est dévolue à la veuve. Nous avons nos propres coutumes et dans certains milieux on pense que la veuve elle-même fait partie de la succession. C’est la pratique du lévirat. Quand certaines en échappent, elles sont spoliées de la succession, subissent des injures, des maltraitances, etc. Les menaces viennent des parents de leurs époux qui pensent que ce sont eux qui doivent tout gérer et les veuves sont obligées de se plier aux désirs de la belle-famille ou de partir de la maison. C’est courant, mais ce sont des coutumes anachroniques qui jurent avec nos lois et avec les conventions internationales signées et ratifiées par le Mali »
A Dèmè So la Clinique juridique agit à deux niveaux. Coordinatrice Genre de ladite association, Maïga Mariam Diawara confie que l’accompagnement qu’ils offrent «se fait au niveau juridique et judiciaire. Les veuves ont un pôle d’avocat et sont soutenues du début jusqu’à la fin de leurs affaires, pour que leurs droits soient protégés et préservés au niveau des juridictions. Ce n’est pas facile parce que notre société marche suivant des principes qui font qu’on a toujours tendance à régler les cas à l’amiable, même si ce sont des cas de violence. Et les droits des femmes sont foulés au pied tout simplement. Mais nous tenons à sauvegarder les droits de ces femmes victimes. La personne humaine est sacrée».
Dans son bureau du Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako, le juge Moussa Diarra estime qu’il est temps de mettre fin à toutes ces violences. Mais le défi est difficile à relever dans une société où la religion jouit d’un fort ancrage, sans compter les pesanteurs socioculturelles. Pour lui, cependant, «les pesanteurs sociales ne devraient pas pousser la femme à se résigner et à subir des violences physiques ou morales ».
Kadiatou Mouyi DOUMBIA

 

Source: lesechos

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