La rencontre de Bamako permettra d’optimiser les bénéfices tirés de l’implantation des plateformes multifonctionnelles
Une expérience qui marche est comme une équipe qui change : on ne la change pas fondamentalement, mais il est possible de la retoucher pour la rendre plus efficace. C’est à cet objectif que se sont attelés les travaux de l’atelier de partage et de capitalisation sur les innovations techniques et technologiques, atelier organise depuis hier mardi dans notre pays. La rencontre qui va s’étaler sur quatre jours est initiée par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en collaboration avec le Programme des nations unies pour le développement (PNUD). La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du ministère, Mohamed Attaher Maïga. C’était en présence de la représentante du PNUD, Mme Keïta Aïda M’Bo, du coordinateur national du Projet plateformes multifonctionnelles Yaya Sidibé ainsi que des participants venus du Niger, du Bénin, du Burkina faso, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Togo, de la Guinée Conakry, de la Mauritanie et du Mali.
En 2008, le PNUD a bénéficié d’un important financement de la fondation Bill et Melinda Gates en vue de l’expansion du modèle réussi de réduction de la pauvreté et d’autonomisation des femmes en Afrique de l’ouest. Les nouvelles orientations et le changement d’échelle vont se concrétiser par la reformulation de programmes plus vastes, plus ambitieux sur le plan quantitatif et qualitatif. C’est dans ce contexte que s’inscrit la stratégie de capitalisation et de partage des expériences du Programme régional plateformes multifonctionnelles (PTFM).
Le comité technique régional de décembre 2009 a recommandé la poursuite et la systématisation de la stratégie de partage des connaissances reposant sur une vision partagée du développement des programmes PTFM, une valorisation et un partage des pratiques innovantes et une mise en réseau des experts. Le réseau des pays ayant en commun l’initiative PTFM s’est depuis élargi à près d’une quinzaine de projet nationaux ou expériences pilotes avec plus de 3400 unités et un large éventail d’équipements et de technologies mis en œuvre. Les services PTFM s’étendent ainsi de l’agro-entreprise aux systèmes énergétiques et d’adduction d’eau potable décentralisés notamment avec une pénétration croissante des énergies renouvelables.
L’atelier régional d’échange et de partage sur les volets techniques permet donc aux responsables techniques d’améliorer la performance et la durabilité des PTFM. Il permettra aussi un partage et une diffusion régionale des bonnes pratiques et des leçons apprises autour des thématiques fondamentales. Il s’agit du descriptif de la PTFM, des configurations des PTFM, des modes d’acquisitions des équipements de la PTFM, du processus d’installation. S’y ajoutent les formations, les équipements, le suivi technique, la recherche et développement. Pour prendre en charge les enjeux autour des questions majeures telles que la durabilité des sources d’énergie, la protection de l’environnement et la pérennisation des investissements, l’action plateforme s’oriente de plus en plus vers les sources d’énergies renouvelables.
UNE INCIDENCE POSITIVE MANIFESTE. L’atelier de Bamako se veut interactif et participatif afin de faire émerger le plus grand nombre d’expériences et de pratiques au sein des programmes nationaux. La rencontre contribuera aussi et surtout à l’élaboration et à la publication d’un guide technique pour l’implantation des plateformes multifonctionnelles, particulièrement pour les nouveaux pays et projets tout en renforçant la mise en œuvre des activités concernées des programmes déjà en cours.
Pour la représentante du PNUD (celui-ci appuie notre pays dans la mise en place des plateformes multifonctionnelles depuis bientôt 20 ans), le Programme a certes évolué en termes d’approche. Mais, tout en favorisant l’utilisation de sources d’énergies renouvelables en lieu et place des énergie fossiles, il garde toujours au centre de ses préoccupations les femmes en termes d’allègement des travaux domestiques et de réduction du temps de travail, de création d’emplois à travers les services d’énergie crées autour de la plateforme et de lutte contre la pauvreté.
Des études ont mis en relief l’incidence positive manifeste de la plateforme sur l’augmentation de la production locale, sur le taux de scolarité des filles rurales et sur les maladies liées à l’eau, a relevé Mme Keita Aïda M’bo. Les population – particulièrement les femmes – manifestent un grand engouement autour de la plateforme qui est devenue un point focal de prise de décision pour toutes les activités de développement et un espace d’expression et de participation des femmes.
Ainsi a-t-elle annoncé qu’après une phase pilote du projet (1995-1998), une phase de vulgarisation (1999-2004) et une phase de dissémination (2005-2011), notre pays fort du succès enregistré dans la mise au point et la diffusion de plus de mille plateformes multifonctionnelles va bientôt démarrer une phase de maturation. Celle-ci, selon Mme Kéita Aïda M’bo, sera marquée par l’expérimentation et à la diffusion de modules d’équipements multidimensionnels permettant l’accès à la force motrice et subséquemment à l’électricité et à l’eau potable.
Pour le secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, les résultats et la vision partagée auxquels les participants sont invités à mener les réflexions approfondies confortent ceux-ci dans leur choix de faire des plateformes multifonctionnelles un des moteurs privilégiés du développement dans nos pays respectifs. Mohamed Attaher Maïga s’est dit convaincu que les recommandations issues des travaux permettront de construire non seulement des stratégies harmonisées, mais aussi les outils pertinents et adaptés en vue de faciliter les changements d’échelle et la mise en œuvre des programmes.
M. A. TRAORÉ
source : L Essor