La question migratoire fait partie des problématiques majeures auxquelles l’humanité a toujours été confrontée et surtout pendant ce XXIe siècle suite à des crises incessantes. Ce phénomène a toujours été combattu par maints pays d’accueil, mais si malgré tout, elle s’est aggravée, c’est qu’il a toujours été mal négocié. Tant que ce phénomène ne sera pas rationnellement traité, le peu de solidarité qui existe dans ce monde risque de s’émietter.
La migration, un phénomène historique
Vouloir dater le phénomène migratoire dans le temps et dans l’espace, c’est remonter aux sources de l’humanité. Depuis que la terre a commencé à être habitée, que le travail a été une condition sine qua non de survie, les hommes ont commencé à parcourir de longues distances dans le but de tomber sur des jours meilleurs. Le nouveau a toujours tenté et continue de hanter la vie de l’homme. C’est cette curiosité qui a amené Christophe Collomb à découvrir le Nouveau Monde en 1492. L’autre aspect constitue la convoitise de la richesse. C’est ce désir qui a orienté moult Européens vers l’Afrique à la recherche de bras valides afin d’assurer leurs travaux champêtres. Ces immigrants africains sont restés dans leur pays d’accueil même après la fin de l’esclavage et y ont fondé des familles. C’est dans cette mesure que le député européen, Cécile Kyenge, explique : « Ce n’est pas en bloquant les frontières, en arrêtant les bateaux dans les ports que nous mettrons fin à l’immigration. Non ! C’est un phénomène naturel et historique. »
Cette historicité peut également se voir en parcourant la préhistoire où nous nous rendrons compte que les ossements de certains de ces hommes vivants en Afrique ont été découverts jusqu’en Europe et vice-versa. Les études archéologiques de Cheick Anta Diop n’ont-elles pas montré que l’humanité est venue d’Afrique ? Cela sous-entend que le monde est peuplé de migrants venus découvrir de nouveaux espaces et qui se sont finalement installés.
Qu’en est-il du règne animalier ? Nous savons que les dinosaures étaient de grands migrants à la recherche de vie plus adaptée. Cela reste de même pour beaucoup d’autres animaux qui peuplaient autrefois l’Afrique, mais qui, avec la déforestation, se sont éloignés vers des zones où il y a plus de sécurité. Tous ceux-ci montrent que l’immigration est non seulement historique, mais elle concerne également tous les êtres.
La migration bien qu’ayant existé de tout temps a toujours changé de forme comme en témoignent les migrations modernes.
Pourquoi cette montée en puissance du phénomène migratoire dans le monde ?
Les facteurs expliquant ce phénomène sont nombreux, mais peuvent se rejoindre puisqu’ils se ramènent tous à la recherche d’une vie meilleure. Les crises se multiplient dans le monde. Elles ont comme nom le changement climatique avec ses corollaires notamment la famine, la sécheresse, les maladies, les inondations ; les guerres terroristes et politiques, la mésentente au sein des familles, etc. Ces phénomènes constituent les causes fondamentales de ce phénomène historique qui ne cesse de tourmenter le monde. Reconnaissons quand même que c’est la mondialisation qui a facilité cette accentuation de l’immigration. Ce phénomène a contribué à raccourcir les distances sur tous les plans.
Aujourd’hui, le phénomène migratoire est considéré comme une pratique spécifiquement africaine. La plupart des jeunes du continent convoitent les pays européens en mettant en danger leur vie. Le désert est traversé, la Méditerranée est traversée avec tous les risques dans l’espoir d’avoir des jours meilleurs. La plupart de ces jeunes et vieux fuient des difficultés devenues insupportables pour eux afin de déboucher sur un pays où la vie leur sera moins égoïste. C’est la raison pour laquelle nous trouvons dans un polygame à Paris : les aventures de Titi, t1 de Ladji Siaka Doumbia qui écrit : « Je préfère mourir dans les souffrances en Europe que de vivre misérablement ici. »
L’immigration n’est pas spécifiquement africaine. Nous savons que dans tous les pays africains, nous avons des entreprises européennes implantées, nous avons également des Européens exerçant telle ou telle activité. Ceux-ci aussi sont à la recherche de nouvelles conditions de vie tout comme les Africains en Europe. Cette compréhension est essentielle, ce phénomène est historique et se pratique dans un intérêt bien précis : atteindre une condition de vie décente.
Tous ceux-ci dénotent que la gestion actuelle de cette crise par l’humanité est inappropriée et peut engendrer des conséquences désastreuses.
Chasser les migrants pour qu’ils forcent vos frontières !
Comme l’a si bien signalé le député européen, ce n’est pas en fermant les frontières que vous résoudrez le problème de l’immigration. Ce n’est pas en faisant de ces migrants des esclaves en les emprisonnant et les condamnant à travailler moyennant une somme dérisoire que vous parviendrez à les décourager. Stopper les en pleine mer sans nourriture ni eau, ils ne se découragent jamais et reviendront toujours. Ce ne sont ni les murs ni la privation de leurs enfants qui vont les faire reculer. Le monde doit sortir de sa somnolence, aucune mesure visant à instaurer la crainte chez ces hommes et femmes ne pourra permettre de résoudre efficacement ce problème. La plupart de ceux qui arrivent en Europe sont des gens déterminés à braver tous les risques. La mort ou la vie reste pour eux la seule alternative. Alors, l’équation rejoint l’éducation rousseauiste qui interdisait aux éducateurs d’ériger des règles pour les enfants. Ceux-ci n’entendent pas les lois et les violeront toujours parce qu’ils sont incapables de raison. Cela reste de même pour les migrants. Si vous voulez qu’ils respectent vos lois, régularisez le phénomène pour qu’il profite largement à tous. L’immigration est d’ailleurs une chance à saisir.
L’immigration, facteur de croissance économique et culturelle
Les immigrants contribuent largement à la construction de l’économie voire de la culture des pays d’accueil. C’est ce que soutenait Jean Christophe Dumont, Chef de la division chargée des migrations internationales à l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en 2014, en disant : « La contribution des immigrés à l’économie est supérieure à ce qu’ils reçoivent en termes de prestations sociales ou de dépenses publiques. »
Sur le plan culturel, elle reste également un facteur à saisir. Chaque rencontre entre les cultures peut tourner dans l’avantage de toutes les deux si elle est bien négociée. Elle peut contribuer à l’enrichissement dans chacune des cultures comme laissait entendre Kwamé Nkrumah, le père de l’indépendance ghanéenne.
Le président français, Emmanuel Macron, s’est positivement penché sur le phénomène le vendredi 15 juin 2018 en martelant : « La bonne réponse [à l’immigration] est européenne, mais les solutions actuelles sont inadaptées.» Macron prône une solidarité européenne autour de ce phénomène afin d’assurer sa bonne gestion. La solution à ce phénomène est législative non pas en l’interdisant, mais en l’autorisant par l’élaboration des normes strictes visant sa réglementation. En plus de cela, il faudrait songer à venir en aide aux pays en développement en termes de création d’emplois, d’éducation, etc. Vouloir stopper coûte que coûte l’immigration, c’est dire non à la mondialisation. La solution à l’immigration est politique.
Le phénomène migratoire touche le monde entier. C’est un phénomène ayant existé de tout temps. L’immigration est juste la conséquence de certaines contradictions voire des mésententes entre l’homme et la nature ou encore entre les hommes dans la société. La solution à cette forte mobilité passe par une collaboration internationale afin de la règlementer, mais aussi de créer des emplois durables.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays