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Stage des jeunes filles journalistes : Apprentissage vs exploitation !

La plupart des étudiantes en journalisme et communication s’inscrivent dans ce cursus pour réaliser leur rêve de devenir journaliste. Ainsi, dès le bas âge, beaucoup, d’entre elles, tombent sous le charme d’une présentatrice. Et du coup, voilà fixé l’objectif de devenir journaliste qui les conduit à une école de journalisme ou à défaut, à une formation sur le tas. Au terme de la formation, il est judicieux de faire un stage professionnel ou de fin de cycle. C’est ainsi que chaque année, des milliers d’étudiants ou jeunes diplômés sont mobilisés pour leur stage non sans difficultés.

 

Mata vient de terminer ses études qu’elle a faites avec brio. Elle a enfin décroché une licence en journalisme et communication. Mata pensait qu’une nouvelle étape de sa vie allait s’ouvrir. Elle espérait juste qu’un lendemain meilleur l’attendait. Tous les jours, elle fait le tour des structures, son CV en main à la recherche d’un stage. Elle a frappé à d’innombrables portes, mais rien. C’est comme si personne ne la voyait ni ne l’entendait avec plusieurs CV déposés. Elle n’avait jamais imaginé qu’il était aussi difficile de trouver un stage. Au moment où elle commençait à désespérer, sans rien attendre, voilà que banalement par les relations d’un de ses amis, elle obtient un stage de trois mois dans une télé. Tous les matins elle parcourait quinze kilomètres pour aller faire son stage. Elle affirme qu’elle vient de faire une année de stage sans avoir rien appris. “Je viens tous les matins, je nettoie le bureau du directeur, je fais son thé. Et je vais m’asseoir dans la salle de rédaction pour traiter des dépêches. Des dépêches que finalement personne ne corrige poursuit-elle. Ils sont tous occupés par la préparation du journal et par les reportages de terrain. Personne n’a le temps pour moi. C’est ainsi que mon amour pour le journalisme commença à s’éteindre petit à petit. Je venais de réaliser que j’avais perdu beaucoup de mon temps pour rien. Sept ans après les études et je ne pouvais même pas faire un bon papier de reportage.”

C’est alors qu’elle décida de faire autre chose : le commerce au bout du carré.

Le calvaire de Mata, Fifi et Alima

Fifi a 39 ans. Elle nous explique son expérience. “Je suis stagiaire dans cette radio depuis cinq ans. Je me suis formée moi-même, quand je commençais, tous les journalistes qui devaient me former étaient tous  occupés. Malgré tout je me suis accrochée, je faisais mes propres recherches et j’essayais de faire un papier que je montrais au chef qui le regardait certaines fois et d’autres fois pas, arguant le manque  de temps. Alors je me suis concentrée dans les émissions radio qui paraissaient plus facile pour moi. J’ai vécu toute sorte de harcèlement. De ces journalistes reporters qui m’ont proposé de sortir avec eux pour qu’ils me forment, ce que j’ai refusé. Il semblerait que ça fait partie des raisons pour lesquelles   je suis toujours à ce stade.”

Quant à Alima, elle fait la plupart des tâches du service alors qu’elle est toujours stagiaire. Elle affirme qu’elle vient avant tout le monde et elle rentre après tous les agents. “J’élabore le programme de tous les jours, je réalise le journal que je présente trois fois par semaine. En plus de cela j’anime quatre émissions par semaine.  Je saisi tous les documents dont on a besoin ici alors que je n’ai même pas un salaire. Souvent le directeur me donne le prix d’essence. Je suis obligée d’accepter parce que je n’ai pas autre chose si je quitte.” A peine, a-t-elle commencé cette phrase que ses yeux  commencèrent à briller de larmes.

Combien de jeunes filles vivent la même situation que Mata, Fifi et Alima ? Combien de jeunes filles sont bloquées dans les télés, les radios et les organes de la presse écrite ? Combien d’entre elles sont délaissées, harcelées, exploitées, humiliées, abandonnées à leur sort ? Combien de jeunes filles diplômées n’exercent pas le métier appris et sont obligées de faire autres choses pour survivre.

Le directeur témoigne

Nous sommes au journal La Sirène, un bihebdomadaire de la place. Le directeur de publication nous explique comment le problème de stagiaire les tracasse : “Nous sommes débordés, ici il y a tellement de demandes de stagiaires que nous ne pouvons pas les encadrer. Souvent nos amis ou parents nous amènent des stagiaires, même en leur expliquant que tu ne peux pas les prendre, ils ne peuvent pas comprendre alors que c’est compliqué pour nous.”

Il poursuit : “Une ou un stagiaire ne doit pas rester plus de trois ou six mois maximum, mais à la fin du stage elle/il refuse de partir alors que nous, on n’a pas les moyens de les payer.”

Selon lui, la solution c’est que les écoles qui les forment fassent un suivi post formation. L’Etat et ses partenaires doivent organiser permanemment des formations pratiques pour ces étudiants qui viennent de finir les études et dans tous les domaines car la théorie est différente de la pratique.

Ce qui est sûr, le stage est obligatoire pour un étudiant qui vient de finir les études.   Le stage est une étape importante et enrichissante. Il permet un premier contact avec le marché du travail, une mise en pratique des apprentissages théoriques et une exploration de vos compétences et intérêts, sur le plan personnel et professionnel. Alors, il est temps de revoir les formats et conditions de stage, afin que les femmes journalistes puissent mieux exercer leur métier et s’épanouir.

Ramata TRAORE, Hawa KAMISSOKO, Djenebou CAMARA, Mattou SANGARE, Fatoumata ADIAWIAKOYE

Source : Le Challenger

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