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SOUS-COUVERT DE L’ACCORD D’ALGER Une tribu touarègue réclame sa propre région au nord du Mali

C’est désormais officiel ! Des ressortissants de la Commune rurale de Tilemsi  veulent leur propre région qui s’appellera Alata avec Azawa comme chef-lieu de région. Sa population, à leurs dires, cosmopolite, mais majoritairement composée de Touareg et d’Arabes, est estimée à plus de 75 000 habitants. Et la religion dominante serait l’Islam. La nouvelle région demandée s’étendra sur 13 896km² avec une densité de 05hbts/km². Le projet -dont Le Sphinx a pu obtenir copie- soumis au ministère de la Décentralisation et de la réforme de l’Etat  soutient que la création de cette nouvelle région est prévue dans le cadre de l’Accord d’Alger. Mais en réalité, la tribu Chama N Amass (Chamanamass) est mise en avant. Ce n’est donc pas pour aider le Mali à résoudre la troublante question identitaire. Nous vous livrons le contenu de ce projet au sujet duquel nous avons mené des investigations.

MNLA NEGOCIATION AZAWAD ALGERIE ACCORD CADRE

En effet, elle en a fait la demande écrite par lettre adressée au ministre de la Décentralisation et de la réforme de l’Etat, en date du 24 janvier 2016. La correspondance portant le cachet de la Mairie de Tilemsi, est signée par un groupe de 27 personnes, en tant qu’élus nationaux, représentants de la mairie de Tilemsi, chefs de tribus et factions, cadres civils et militaires, imams et cadis, représentantes des femmes, représentants des jeunes, des mouvements signataires de l’Accord de paix et de la diaspora.

Il s’agit donc d’une affaire bien mijotée au sein de cette tribu. En témoigne, la documentation qui accompagne cette correspondance pour plaider en faveur de la création de cette région : rapport de présentation auquel sont annexés : Commission chargée du Plaidoyer politique ; supports cartographiques provisoires ; note technique sur la présence de l’eau dans la zone ; fiche sur l’Historique des Chama N Amass (Chamanamass). En plus d’une monographie sur la future région d’Alata. Cette monographie présente le projet dans tous ses aspects : géographique, politique administratif, hydrographique, territorial, etc. Sans compter une étude réalisée sur la question de l’eau au niveau de l’Azawa et la liste des membres d’une Commission plaidoyer qui a été mise en place.

Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises en ce qui concerne l’Accord d’Alger dont on se sert désormais pour expliquer n’importe quel acte. Même la création d’une entité territoriale sur une base tribale. Une façon singulière de reconstruire l’unité nationale si chaque ethnie ou chaque tribu se levait pour en faire autant dans ce pays. Mais le rapport de présentation de ce projet est très sans équivoque. En effet, à sa troisième partie ( description du projet), il est écrit ceci : «Le Projet porte sur la création de la Région d’Alata (Azawa) dans le cadre du découpage territorial et administratif prévu par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (signé le 15 mai et  parachevé le 20 juin 2015)… ». Vraiment que c’est prévu par l’Accord de paix ? Ce serait même soutenu par la Communauté internationale, comme précisé à la partie « Objet » de ce document : «Le présent Rapport a pour objet de soumettre à l’approbation du Gouvernement à travers le Ministère de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat dans le cadre de la Régionalisation prônée par le Gouvernement malien, partagée par la Médiation internationale, soutenue par la CMA et la Plateforme, le Projet d’érection de la Commune rurale du Tilemsiet de l’Arrondissement de Tin Aouker issus du Cercle de Gao en Région administrative dénommée ALATA dont le Chef-lieu sera implanté à AZAWA, situé à 90km à l’Est de la ville de Gao».

Un découpage territorial avec 29 collectivités

En ce qui concerne les critères techniques retenus pour le découpage territorial, il a été retenu, comme précisé dans les documents : le critère sociologique (lien historique, fond culturel commun, cohésion sociale et adhésion des populations) ; le critère économique (modes et genres de production, émergence de pôles secondaires de développement socio-économique) ; le critère géographique (climat, relief, homogénéité géographique, continuité et cohérence territoriales, toponymie locale expressive et symbolique) ; la Réduction des distances entre le Chef-lieu et les autres localités ; le maillage sécuritaire de la zone.

Sur cette base, il a été procédé à un découpage territorial qui fait que la nouvelle région administrative devra compter, selon leur proposition, 29Collectivités territoriales dont 04 cercles, 08 arrondissements et 16Communes. Les cercles prévus sont Azarzi, Alata, Tilemsi et Assalwa.

Le cercle d’Azarzi a comme arrondissements Amasrakad et Tin Adhidj. Chacun d’eux compte deux communes, respectivement : Masrakad et Elawayane ; Tin Adhidj et Anoumalane.

Le cercle d’Alata devra compter deux arrondissements : Azawa et Ebaghaw. Chacun avec deux communes que sont respectivement : Azawa et Fesenfes ; Injaghal et Talafantaq.

Les deux arrondissements du cercle de Tilemsi sont : Tin Aouker et Tidjerwene. Les deux communes de chacun de ces arrondissements sont : Tilemsi et Inabarem ; Tidjerwene et Ifardane.

Quant au quatrième cercle, Assalwa, il compte comme arrondissements : Emnaghil et ZAlablabe. Chacun d’eux devra donc être divisé en deux communes : Emnaghil et Enekar ; Zalablabé et Tinamaskor.

Ils affirment que la région dont il est question : «dispose de plusieurs foires hebdomadaires à Tin Aouker,Tidjerwène , Amasrakad ,Tidjalalène et Emnaghil où sont vendus des céréales, du bétail, des tissus et autres produits (thé, sucre, tabac). Les principales zones d’approvisionnement sont Gao et le Sud algérien ».

L’artisnat, quant à lui,  porte sur les produits de maroquinerie (sacs, chaussures, oreillers, pochettes…) et les produits de la forge (couteaux, houes, dabas, pioches, râteaux, binettes, haches….)

Côté éducation, «La Région dispose de plusieurs Ecoles primaires et Second Cycle. Toutes ces Ecoles ont été construites avec l’avènement de la Décentralisation et rencontrent des problèmes d’équipements et d’Enseignants » comme stipulé dans le document de présentation de la future région.

Les autorités publiques du Mali doivent se mettre sérieusement au travail

Les initiateurs de ce projet ne se sont pas limités à des propositions générales et évasives. Bien au contraire, ils ont conçu des documents bien élaborés. C’est la preuve que les autorités publiques du Mali doivent se mettre sérieusement au travail, louer au besoin les services de vrais experts et pendre le temps de bien analyser chaque chose avant de prendre une décision.

En effet, comme ils le disent eux-mêmes dans leur documentation, notamment dans le rapport de présentation : «Plusieurs réunions et rencontres avec les populations bénéficiaires se sont tenues en rapport  avec ledit  Projet dans les différents sites et localités de la zone concernée et seront poursuivies avec les acteurs étatiques et non étatiques ».

On sent nettement que ce projet ne date pas d’aujourd’hui car s’il n’existait pas intégralement ou en tant que tel, sa trame était déjà là et a dû guider les positions de cette tribu au niveau des négociations qui ont abouti à la signature du fameux Accord de paix qui, au lieu d’être une solution à nos problèmes, commence à se révéler comme le problème en soi.

Une monographie détaillée comme plaidoyer

La monographie précise localisation de la future région dénommée Alata : «Couvrant le territoire de l’actuelle Commune rurale du Tilemsi, la nouvelle Région d’Alata dont le Chef-lieu sera implanté à Azawa (0°32’15,577’’Est – 16°50’21,799’’Nord) est limitée : au Nord par la Commune de Tarkint (Cercle de Almoustarat); au Sud par la Commune d’Anchawadj (Cercle de Gao) ; à l’Est par les Communes d’Anefis (Région de Kidal) et d’Alata  (Région de Menaka) à l’Ouest par les Communes de Gao, Soni Ali Ber (Cercle de Gao) et Taboye (Cercle de Bourem) ».

Entre autres aspects importants de cette monographie, il y a l’étude du relief : « La Région dispose d’un relief très modeste composé de grandes étendues de plaines (vallée fossile du Tilemsi) et de quelques plateaux moyens ».

En ce qui concerne le climat il est affirmé que «la Région connaît un climat de type sahélien caractérisé par l’alternance de deux saisons. Une saison sèche de 10 à 11 mois et une saison pluvieuse de 1 à 2 mois avec des précipitations de pluies atteignant rarement les 100 mm d’eau par an. Les températures moyennes annuelles varient dans l’ordre de 30 à 45°C. Les principaux vents sont l’harmattan et la mousson».

Quid de la végétation ? Elle se trouve, selon la monographie, «très dégradée dans la vallée du Tilemsi, elle est constituée d’arbustes épineux tandis que par endroits nous notons la présence d’une savane herbeuse ».

L’hydrographie se résume en quelques mares temporaires et oueds servant de zone de repli pour le cheptel pendant la saison sèche autour desquelles se sont sédentarisées les communautés.

Plus de 75 000 habitants selon leur estimation

La population estimée à plus de 75 000 habitants, a pour activité principale l’élevage, «portant sur les bovins, les ovins, les caprins, les asins, camelins, elle est à l’instar des autres tributaire du manque d’équipements, d’organisation et de formation des producteurs ».

L’agriculture porte, selon eux, sur la culture du sorgho de décrue et le niébé. A cette agriculture s’ajouterait le maraîchage pratiqué dans certains sites.

La question de la disponibilité étant souvent évoqué dans cette partie du Mali, les initiateurs de ce projet de création d’une nouvelle région dénommée Alata, avec comme capitale Azawa, ont pris les devants pour essayer de mettre tous les atouts de leur côté, en procédant à une étude de la question de l’eau.

Il ressort de leurs conclusions qu’en matière d’aménagements hydro agricoles et hydrauliques, cette région, «par sa vocation pastorale ne dispose d’aucun aménagement hydro agricole viable. L’agriculture est de type de subsistance et pratiquée par une minorité de la population ».

 

Mais s’agissant des aménagements hydrauliques la région de «l‘Alata»  peut se vanter d’être traversée du sud-ouest au nord-est, par le fleuve Niger dans son cours moyen sur une longueur de plus de 900 km, de Youwarou, dans la région de Mopti, à Labezanga, à la frontière du Mali avec le Niger. En plus «d’une vingtaine de puits pastoraux, une dizaine de forages équipés en pompe India ou Duba et quatre pompes solaires ». Et en plus, selon eux, « ces forages et puits inégalement répartis ne couvrent pas les besoins en eau des populations et du cheptel. Ils connaissent des problèmes d’entretien ou de maintenance de leurs équipements».

La finalité de tout cela est la fédération des trois nouvelles puis la proclamation de la République de l’AZAWAD. En fait, il suffit d’ajouter un d à Azawa et le tour est joué !

 

A.D

 

ENCADRE

Qui sont les Chamanamass ?

Extraits de la fiche technique sur l’historique de cette tribu

 

«Tribu déchue d’une antique splendeur, les Chamanamass étaient autrefois la tribu aménokale des Sultans d’Essouk…» d’après  les propos de l’Explorateur allemand BARTH.

Chama N Amass signifie en Tamashaqt « Peuple du Centre » ou « Communauté du Centre » voire du « Juste milieu » :

  • Chama : Peuple, Communauté, Tribu ;
  • N : du ;
  • Amass : Centre, Milieu.

Les Chamanamass de par la symbolique de leur nom et leur position centrale sur le plan géographique et social occupent une place politique et militaire de choix et jouent un rôle stratégique de médiateurs de proximité au sein des Touareg. Ils pratiquent un pouvoir tribal égalitaire caractérisé par une hiérarchisation sociale glissante d’une fraction (Tawset) à une autre et d’un groupe ethnique à un autre.

Les soumissions séparées aux Autorités coloniales françaises des Kountas en juin 1898, des Chérifènes de Mohamed Iknène à Gao en 1899, des Iwillimidens le 23 janvier 1903 à Gao, des Taïtoc de la Tribu des Idnanes le 30 juillet 1903 à Bamba, des Iforas en novembre 1903 à Insalah (Algérie française) n’ont pas dissuadé les Chamanamass à rentrer en rébellion en juillet-août 1904.

Saisi par le pouvoir colonial français pour stopper l’agitation des Chamanamass, Fihroun en janvier 1905 faisait écrire à Gao que «  les Chamanamass vivent séparés de moi, du côté de Bourem, et ils échappent à mon autorité…» selon le Dr A. RICHER2, Médecin des Troupes coloniales.

En mars 1905, le Colonel RONGET, Commandant la Région militaire de Tombouctou a donné carte blanche à Fihroun pour régler « l’affaire des délinquants Chamanamass » pour reprendre l’expression méprisante du message officiel. Face au refus de Fihroun de sévir contre les Chamanamass, les Français en juin 1905 à Tombouctou ont demandé aux Kountas de contrecarrer même au prix du « nettoyage tribal » la révolte des Chamanamass.

En juillet 1905, les Kountas armés par les Français de fusils à tir rapide en recherchant les Chamanamass se sont attaqués par surprise aux Kel Ahara, comme l’a confirmé l’enquête menée sans retard par le Capitaine LACROIX à Bourem.

 

La Convention de Bourem du 15 septembre 1907 créant officiellement la Tribu Iforas, déclarée « indépendante » des Iwillimidens par les Français puis rattachée à l’Annexe de Bourem et celle de Tenekarte (Subdivision de Menaka) du 6 au 7 octobre 1908 ont convaincu Mohamed Ahmed, le Chef de la Tribu Chamanamass de se rendre en 1908 à Gao pour y exprimer sa volonté de reconnaître l’Autorité coloniale française.

Par ailleurs les Chamanamass Kel Takimet ont en 1908 fait  leur offre de paix séparée à Kidal sous le parrainage Iforas.

La Convention de Gangaber (Gao) du 12 février 1910 a scellé définitivement la réconciliation entre les Tribus Kountas, Chamanamass, Chérifènes et Iwillimidens…

Commission chargée du Plaidoyer pour la création de la Région d’Alata, Chef-lieu Azawa

Président d’honneur :   Almoumine Ag Kiyou, Amenokal des Chamanamass

Vice – Président :           Sicaye Ag Ecawell

  1. Responsables chargés du Plaidoyer politique :
  • Tous les Elus locaux et nationaux
  • Mossa Ag  Jickod
  • Alla Ag  Elmehdi
  • Zeid Ag  Mohamed
  • Alhassane Mehdi
  • Agaly Ag Abdoulaye ( Elu local , Bamako)
  • Femmes
  • Jeunes
  1. Responsables chargés du Découpage territorial :
  • Idrissa Ag Adamou (C/AZARZI)
  • Souleymane Ag Oumayatta (C/ALATA)
  • Mossa Ag Hamady (C/TILEMSI)
  • Rhissa Ag Mossa                   (C/ASSALWA )
  1. Responsables chargés du Développement:
  • Aghatam Ag Alhassane
  • Ohaba Ag Akli
  • Souleymane Ag Mehdi
  • Ahmed Ag Mohamed (Ingénieur)
  • Rhissa Ag Mohamed Ahmed (Economiste)
  • Attaher Ag Mohamed (Ingénieur)
  1. Responsables chargés des questions sécuritaires
  • Hachim Ehat
  • Adghaymar Alhousséini
  • Akli Manni
  • Alhassane Agaly
  • Ibrahim Hamada
  • Albacher Gatta
  1. Responsables chargés des Infrastructures :
  • Rhoumar Ag Alhassane (C/AZARZI)
  • Hamahama Ag Adjalid (C/ALATA)
  • Souleymane Ag Aborakik (C/ TILEMSI)
  • Almoghammar Ag Mossa (C/ASSALWA)

 

  1. Responsables chargés de l’Education, de la Santé et de la Culture:
  • Cheick Ould Ahmada
  • Hawado Ag Inabincka
  • Sidi Oumar Ag Assamatta
  • Abdourahmane Ag Amoyak
  • Mohamed Ag Tibi
  • Rhissa Ag Sicaye
  1. Responsables chargés de la Mobilisation et de la Cohésion sociales:
  • Souleymane Ag  Kiyou
  • Eghless Ag Mossa
  • Batna Ag Adamou
  • Albacher Sidi Ahmed Al Backay
  • Tous les Chefs de fraction et de Sites
  • Imams et Cadis
  • Femmes
  • Jeunes

Secrétariat Permanent de la Commission

  1. Coordinateur :                     Rhissa Ag Mossa
  2. Vice Coordinateur :             Mossa Ag Hamady
  3. Secrétaire Permanent :       Alla Ag Elmehdi
  4. Secrétaire aux Finances :      Idrissa Ag Adamou
  5. Secrétaire à l’Information :   Rhissa Ag Assayid

Un véritable gouvernement en puissance

 

Source: sphynx

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