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Soumeylou Boubèye Maïga : une carte sûre pour IBK

Soumaïla Cissé, ses amis du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et leurs alliés de la Coalition des Forces patriotiques (CoFop) nourrissent une mortelle détestation pour Soumeylou Boubèye  Maïga pour avoir réussi, dans un environnement des plus hostiles, à faire réélire IBK et avoir accompli, contre vents et marées, la prouesse de le maintenir dans son fauteuil présidentiel si âprement disputé.

 

De leur côté, le cherif de Nioro du Sahel et l’imam de la mosquée de Badalabougou, Mahmoud Dicko, réclament la tête du même Soumeylou Boubèye Maïga pour avoir tenté, à les croire, « d’introduire l’homosexualité dans le système éducatif malien« , mis en miettes la cohésion nationale par son incapacité à circonscrire les conflits communautaires (notamment entre Peuls et Dogons). Et, plus grave que tout cela, versé dans le blasphème en qualifiant de  » théâtralisation » la démonstration de force du 10 février au stade du 26 Mars et ses organisateurs d’  » acteurs hybrides «

Ce qu’ils se gardent d’ajouter à ces récriminations mais qui ne pèse pas moins dans le ressentiment éprouvé vis-à-vis du Premier ministre, ce sont les cent millions de francs CFA annoncés à Dicko au téléphone et qui, à l’arrivée dans le salon de ce dernier, n’étaient plus que cinquante misérables millions. Ce camouflet, dans l’esprit de celui qui est encore le président du Haut Conseil islamique jusqu’au 21 avril prochain (son second mandat s’achève à cette date et il n’est pas renouvelable) ne peut être effacé que par la révocation pure et simple de l’actuel chef du gouvernement qui paiera ainsi le juste prix de son « impertinence « .

Les personnages et groupes ci-dessus évoqués ont en commun d’avoir œuvré à faire échec à la candidature d’IBK à la présidentielle de juillet-août 2018 et , quand ils n’y sont pas parvenus, de s’être évertués à le battre aux urnes et, lorsque cela non plus n’a pas fonctionné, d’avoir entrepris de l’empêcher d’exercer sa charge magistrale en mobilisant la rue contre lui. Au Mali et hors du Mali.

Ces facteurs devraient suffire pour que IBK, même lessivé et au bout du rouleau comme ils le pensent volontiers, ne cède pas à leurs pressions de congédier son Premier ministre. Au nom d’une certaine  « éthique en politique  » ainsi qu’il le proclamait, un certain jour d’Octobre 2000, en démissionnant avec fracas de la présidence du parti ADEMA.

Mais il y en a un autre, plus décisif. Depuis janvier dernier, Soumeylou Boubèye Maïga et son gouvernement travaillent sur un agenda qui devrait permettre au Mali d’améliorer sa démocratie par un système électoral plus juste, plus transparent et plus représentatif (témoin l’avant-projet de révision constitutionnelle qui corrige de nombreuses lacunes) ; d’approfondir la décentralisation par l’opérationnalité de nouvelles collectivités territoriales ; de faire avancer l’accord pour la paix du 15 juin 2015 par la mise en œuvre de certaines de ses dispositions notamment celle relative à la création du Sénat ; de mettre l’Etat du Mali en phase avec la convention de l’UEMOA par la mise en place d’une Cour des Comptes.

Les deux pôles de l’opposition ont rejeté la concertation nationale censée encadrer ce programme et le rendre le plus consensuel que possible. En lieu et place, ils préconisent  » un grand débat politique national » (Soumaïla Cissé)  » un dialogue national refondateur  » (Modibo Sidibé). En clair « une constituante » qui mènerait tout droit à une 4è République malienne.

On peut compter sur IBK pour ne pas sacrifier son Premier ministre en se laissant entrainer dans un chamboulement institutionnel dont son régime serait la toute première victime. Reste à savoir s’il pourra le protéger contre la motion de censure concoctée à l’Assemblée nationale et qui, si elle venait à aboutir, générerait une situation politique inédite avec l’alliance qui pourrait s’établir entre l’URD et le RPM. Voire, à une échelle plus large, entre majorité et opposition.

Source: l’Indépendant

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