En choisissant samedi dernier de soutenir la candidature de Soumaïla Cissé, dès le premier tour de la présidentielle prochaine et en acceptant par la même occasion d’être son Directeur de Campagnes, Tiébilé Dramé montre une lucidité politique comme très peu de politiques sous nos cieux en sont capables. Une union scellée au moment où éclate un incendie dans la salle Bazoumana Sissoko du palais de la Culture. Ils se disent prêts pour la bataille.
Nombreux sont nos lecteurs qui peuvent se surprendre à lire dans le même journal des prises de positions différentes sur des sujets de mêmes natures. Il y a peu, nous critiquions vigoureusement la posture de l’ADEMA dont le Comité Exécutif a fait le choix de soutenir la candidature d’IBK. Et, aujourd’hui, nous saluons la preuve de maturité politique d’un leader de parti qui, comme le CE de l’ADEMA, a décidé de s’allier au Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, dès le premier tour. Il faut voir plus que le simple fait pour l’ADEMA et le PARENA de soutenir un candidat dès le premier tour, de se refuser d’aller à la conquête du pouvoir. Il y a des différences de tailles. Tout d’abord, il n’y a pas d’unanimité au sein de l’ADEMA pour soutenir la (potentielle) candidature d’IBK. L’investiture de Dramane Dembélé, le week-end dernier au nom du même parti en dit long sur la profondeur de la crise au sein de la ruche. Par contre, au PARENA, ils sont unanimes.
L’autre différence réside dans la force des deux formations politiques. L’ADEMA avec ses Députés et plusieurs centaines de conseillers peut ne pas aller à la conquête du pouvoir. Surtout que cela est exigé par la base. Or, le PARENA n’est plus une machine électorale. Et ça, son Président le sait mieux que quiconque. A part les sorties fracassantes de Tiébilé Dramé qui ont le don de faire sortir « l’Homme de Sebenincoro » de ses gangs, le PARENA n’existe presque pas sur l’échiquier politique national.
Il faut avoir l’humilité et la lucidité pour le reconnaître et savoir se rendre utile pour la cause que l’on défend. C’est ce qu’a fait Tiébilé Dramé. Tout le contraire de certains Hommes politiques qui, bien que conscients de leurs faiblesses, refusent de rendre utile au camp auquel ils ont toujours appartenu. Combien de candidats ont cheminé avec l’opposition pour aujourd’hui déclarer leurs candidatures, sachant bel et bien qu’ils ne feront pas un score honorable. S’ils en doutent, ils peuvent toujours regarder leurs scores de 2013. Et, pourtant, de 2013 à 2018, au lieu de se densifier, ce sont des partis qui ont perdu plusieurs membres et même leurs élus au sein de l’hémicycle. L’égo brouille le jugement.
En tout cas, pour avoir cheminé côte à côte avec Soumaïla Cissé pendant tout le quinquennat, le choix de Tiébilé Dramé et du PARENA ne peut être qu’un atout pour les partisans de «Boua Ka Bla».
Si le PARENA n’est pas un foudre de guerre électoral, son Président est un stratège hors pair. Ainsi, en acceptant d’être le Directeur de Campagnes de Soumaïla Cissé, le PARENA se rend doublement utile à leur combat commun, celui de faire partir IBK du pouvoir.
S’il se dit qu’IBK, avec Soumeylou à ses côtés, est à craindre, ce serait faire une erreur de sous-estimer le duo Soumaïla-Tiébilé. Un Duo qui, comme à ses habitudes, va donner à coup sûr des insomnies du côté de Sebenincoro.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
lecombat