Dans une correspondance en date du 5 novembre 2018 dont nous avons reçu copie, le Premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga a souhaité rencontrer, le vendredi 09 novembre 2018 à 15 heures, l’opposition malienne avec à sa tête l’honorable Soumaïla Cissé. Ladite rencontre qui devrait se tenir au siège du cabinet du chef de file de l’opposition allait se pencher sur les actions du gouvernement en cours, les réformes politiques et institutionnelles envisagées, le processus électoral et le découpage administratif. Cette rencontre n’a pas eu lieu, car, l’opposition n’a pas donné une suite favorable à la demande du premier ministre. Dans la lettre en date du 8 novembre 2018 qui répond le premier ministre, l’opposition signale que la situation du Mali est caractérisée par la contestation des résultats de l’élection présidentielle, le refus de la fraude électorale, la dégradation continue de la situation sécuritaire etc. « Seul un État dirigé par un Président légitime et reconnu par tous les Maliens peut prendre en charge les questions brillantes auxquelles la Nation est confrontée et les gérer conformément à l’intérêt général », précise l’opposition.
« Le gouvernement, et moi-même, espérons établir un dialogue fécond avec l’opposition politique dont le rôle est essentiel dans la bonne marche de la démocratie. Il vous plaira d’inviter à la rencontre tous responsables de l’opposition politique dont vous jugez la présence pertinente. Je vous saurais gré de me signifier votre disponibilité pour le jour et l’heure indiqués afin que les services de la Primature prennent les dispositions qui s’imposent en la matière », c’est en substance ce qui ressort de la correspondance du premier ministre en date du 5 novembre 2018 adressée au chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé.
L’opposition a refusé de rencontrer le premier ministre, tout en faisant savoir que la situation du Mali est caractérisée en ce mois de novembre 2018 par la contestation des résultats de l’élection présidentielle tels que proclame par la cour constitutionnelle et le refus de la fraude électorale comme mode d’accession ou de conservation du pouvoir ; la dégradation continue de la situation sécuritaire ; la montée sans précédent du mécontentement social par la multiplication, depuis deux mois, des grèves et préavis de grèves dans de nombreux secteurs de la vie économique et sociale de notre pays ; les tensions de trésorerie qui sont aujourd’hui de notoriété publique ; l’ébullition politique provoquée par votre projet de découpage administratif ; les retards dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui ont suscité l’impatience et l’exaspération de la communauté internationale ouvertement exprimées à travers la résolution 2423 du Conseil de Sécurité et la signature d’un « Pacte pour la paix » ; la volte-face de la cour constitutionnelle au sujet de la prorogation du mandat des députés.
« C’est dire si la situation générale du pays se détériore de semaine en semaine. Seul un État dirigé par un Président légitime et reconnu par tous les Maliens peut prendre en charge les questions brulantes auxquelles la Nation est confrontée et les gérer conformément à l’intérêt général. L’ampleur de la fraude électorale, lors de la dernière présidentielle, a conduit des centaines de milliers de Maliens à défendre la souveraineté nationale de notre peuple au cours de nombreuses manifestations à Bamako, dans les réglons et dans la diaspora. Ce sursaut national malien est un des faits marquants de la période actuelle », a indiqué l’honorable Soumaïla Cissé dans sa correspondance du 8 novembre 2018 qui répond Soumeylou B Maïga. Selon le chef de file de l’opposition, il y a un mois, prenant la mesure de la crise postélectorale au Mali, le président en exercice de la CEDEAO, Muhammadu Buhari a dépêché une mission à Bamako. Aux dires de Soumaïla Cissé, l’émissaire de la CEDEAO a, lui aussi, souligné les graves insuffisances qui ont marqué la dernière élection présidentielle.
« Par ailleurs, les concertations régionales sur votre projet de redécoupage administratif sont une fuite en avant. Elles sont improvisées et sèment les germes de la division, des tensions et des conflits entre les communautés. Nous n’y participerons pas. Dans les circonstances particulièrement graves que traverse le Mali tout dialogue politique doit être, d’abord, focalisé sur la question de la légitimité des institutions, notamment de la première institution qu’est le Président de la République, et comme l’a souligné la mission de la CEDEAO, “sur l’impératif de rétablir au préalable un climat de confiance réciproque pour faire face efficacement aux multiples et importants défis à venir.” Par conséquent, mes amis et moi ne saurions donner une suite favorable à votre demande de rencontre dont l’agenda nous parait pour le moins étriqué. Veuillez croire, Monsieur le Premier ministre, à notre profond attachement à la démocratie, à la République et à la patrie malienne », a déclaré le chef de file de l’opposition malienne.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain