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SOUFFRANCES GRATUITES ET DIALOGUE AVEC LA CEDEAO: Choguel est-il passé de héros à zéro ?

En 2 mois, les Maliens ont fait de Choguel l’homme de la situation. Une fois de plus, il a fait briller le flambeau. De par son discours, du moins typiquement rassurant, il a réussi très vite à mettre le peuple dans sa valise. À la tribune des Nations Unies, et face aux chefs d’État de Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, le doute sur sa capacité est dissipé, au point que les sceptiques ont fini par se mettre dans les rangs pour applaudir l’homme.  Après deux mois de souffrances gratuites et de promesses de faire renaître le Mali de ces cendres, Choguel Kokalla Maïga fait la volteface et prône le dialogue. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?  

 

Pourquoi avoir choisi de faire souffrir gratuitement le peuple sachant qu’il était impossible de se liguer contre la CEDEAO ? Le 9 janvier 2020, les chefs d’État ont pris une batterie de sanctions contre le Mali après que les autorités de la transition ont annoncé ne pas pouvoir tenir l’élection présidentielle le 27 février passé et demandé une prorogation de 6 mois à 5 ans, selon les recommandations des Assises nationales de la Refondation tenues à la fin du mois du décembre 2021.

Face à une volonté manifeste, selon la CEDEAO, de rester au pouvoir une durée jugée trop longue sans élection, les chefs d’État ont pris la décision d’imposer des sanctions contre le Mali. Entre autres sanctions prises contre le Mali, on peut citer l’arrêt de toutes les transactions commerciales et financières des États membres avec le Mali, hors produits de grande consommation et de première nécessité.

La CEDEAO a procédé au gel des avoirs du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO et dans les banques commerciales des États membres, et suspendu toute aide et transaction financière en faveur du Mali de la part des institutions de financement de l’organisation.

Face à de telles sanctions jugées “inhumaines et illégitimes’’ par tous, le chef du gouvernement a tenu, à maintes reprises, lors des sorties médiatiques, à rassurer l’opinion nationale que des solutions allaient être trouvées pour soulager les peines des populations qui vivent dans une précarité accrue depuis 2012.

Malheureusement, en lieu et place des solutions, il a profité encore de ces sanctions pour se faire passer pour l’homme de la situation, capable de tenir tête à la Communauté internationale. De beaux discours mélodieux que le peuple aime entendre, il en fait montre d’un expert communicant en le servant dans un plat en or, sachant pertinemment que toutes ces promesses étaient utopiques.

Les éloges envers la personne du Premier ministre occupaient la toile au point où toutes critiques envers lui étaient perçues comme une agression contre le Mali. En ce moment, sa popularité avait traversé les frontières du Mali et conquis l’Afrique. Tous ceux qui n’aimaient pas la France et les agissements de la CEDEAO se sont très vite alignés.

Une période qui a déchainé les passions au point qu’au sein de l’opinion, l’on songeait au départ du Mali de la CEDEAO et de l’UEMOA donc de la zone FCFA. On pouvait même s’imaginer que notre pays pouvait vivre en vase clos sans avoir besoin d’aucun pays. En ce moment, Choguel passait pour le héros d’un peuple épris de paix et nul ne pouvait lui contester ce titre d’autant plus que nous nous voyons comme des victimes face à la France et ses supposées succursales, la CEDEAO et l’UEMOA.

C’est, peut-être, vrai. Mais est-ce que la méthode de lutte était bien choisie ou simplement, Choguel s’est servi de la situation pour se faire un nom et rentrer dans les cœurs d’un peuple dont il maitrise parfaitement les agissements ?

Choguel, de héros à zéro ?  

Comme le dit l’artiste ivoirien Dj Kérozen, “le second nom de Dieu, c’est le temps’’. Celui-ci a permis de comprendre les motivations des uns et des autres, mais surtout mis chacun à sa place. Du 9 janvier au 9 mars 2022, 2 mois ont permis au peuple malien, quoique lassé par les désidératas de la CEDEAO, de savoir la vérité.

Voilà que celui qu’on croyait disposer des moyens de sa politique se trouve à nouveau devant la CEDEAO pour dialoguer et trouver une issue ensemble. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir, si l’on devait privilégier le dialogue. Quel intérêt a-t-on en tenant tête à la CEDEAO ?

Finalement, la montagne a accouché d’une souris. Véritablement, si on se rend compte qu’au bout du compte, les deux mois de sanctions ont été un gâchis total qui a fait perdre à notre pays des milliards de FCFA inutilement et contribué à faire souffrir davantage les populations gratuitement, il y a lieu de s’interroger sur les réelles intentions de Choguel Kokalla Maïga qui, pour le moins, ne l’aurait pas fait fortuitement.

Pour un homme politique de sa trempe, il est hors de question de faire croire aux Maliens qu’ils pouvaient vivre isolés. Selon certains observateurs, le Mali, en deux mois, aurait perdu des centaines de milliards au niveau des douanes et des impôts alors qu’avec la crise multidimensionnelle que traverse notre pays, seules les deux régies financières permettent de tenir debout.

Voilà que la seule volonté de Choguel de vouloir se maintenir à la Primature à tout prix a finalement plombé l’économie du Mali dans l’incertitude totale avec une précarité au comble. Et les experts estiment à 7 mois le temps nécessaire pour retrouver la stabilité d’antan.

Aujourd’hui, la pauvreté est à son comble et se fait sentir au sein de toutes les couches socioprofessionnelles du pays. Les Maliens mais surtout les militaires au pouvoir ont fini par bien comprendre la stratégie et la démarche de Choguel. Celles-ci ne sont pas bien sûr celles qui visent à bâtir un Mali Kura, mais le faux-fuyant pour rentrer dans l’histoire même au péril du peuple.

Aujourd’hui, au sein de son équipe gouvernementale, des voix commencent à se lever pour dénoncer les excès. De même, le silence constaté, ces derniers jours sur la toile, prouve que la pauvreté a élu domicile chez tout le monde et même chez ses inconditionnels qui ont compris le message et cessé les attaques virulentes contre ceux qui critiquent certaines de ces sorties.

Il serait mieux de le recadrer ou mieux de le remercier pour “rectifier de nouveau’’ la trajectoire de la transition au risque d’assister à un autre soulèvement, si ces sanctions persistent après mars.

Bourama KEITA

Source : LE COMBAT

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