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Soixantième anniversaire de la libération de l’Afrique: Les puissances coloniales sont parties pour mieux rester

Il y’a soixante ans jour pour jour qu’une bonne partie du continent sous domination européenne a fait le choix de l’indépendance souvent dans la douleur. C’est surtout les pays francophones et anglophones qui sont à l’honneur pendant cette période. En revanche, il faudra attendre les années 1970 pour voir les pays lusophones et hispanophones accéder à la souveraineté internationale. Pour une bonne partie de l’intelligentsia du continent, célébrer soixante ans d’indépendance dans la situation actuelle à la limite n’est que pure utopie.

D’ailleurs pour les générations successives nées après  1960, il n’ya pas grand-chose à célébrer. Ils n’ont pas totalement tort  parce que les puissances européennes ont évacué le continent pour faire économie de leurs troupes qui sont de véritables parasites. En contrepartie, elles ont instauré un système de dépendance savamment fabriqué pour mieux exploiter le continent noir avec à la clé un   puissant  réseau chargé   de traquer ceux   qui tentent de faire connaitre la réalité aux masses africaines. Dans les ex-possessions françaises, c’est Jacques Foccart qui était chargé du sale boulot. Pour qualifier ce personnage cynique qui ne badine pas quand il s’agit des intérêts de l’hexagone, l’ancien président de la Guinée Conakry le regretté Ahmed Sekou Touré   n’a pas hésité à dire de lui que : « quand  Jacques  Foccart passe, la tempête le suit. Il est allé plus loin en disant que : «  Jacques Foccart   n’est pas faux au quart, mais, il est faux entier ».

L’homme de main de l’Élysée n’hésitait pas à fomenter des assassinats  ou des coups d’État pour préserver les intérêts de la métropole. La terreur instaurée par cet homme a poussé certains hommes d’États africains à réfléchir à deux fois avant de prononcer le mot indépendance. C’est bien Jacques Foccart avec l’aval de l’Élysée qui a rétabli dans ses fonctions de président de la République gabonaise  Léon M’ba   renversé par des militaires    en février 1964.

Tous les nationalistes qui ont souhaité une indépendance totale  et simple ont été systématiquement éliminés, c’est fut le cas de Ruben Um Nyobe surnommé Mpodol  qui à la tête de l’Union des Populations du Cameroun  a fini par être abattu en pleine forêt  par les troupes coloniales françaises. 9 mois après l’indépendance du Cameroun son compagnon  Félix Moumié sera empoisonné au thallium à Genève. Abel Kingué et Ernest Ouandié ont juste eu le temps de sauver leurs peaux. Le cas le plus flagrant a été l’assassinat de Patrice Emery Lumumba éliminé par la CIA en complicité avec l’ancienne puissance coloniale, la Belgique.

Le grand panafricaniste le président Ghanéen l’Ossaguefo Kwame N’krumah n’a pas échappé à la furie de l’occident. Après avoir lutté contre l’occupant britannique qui occupait son pays la Gold Coast, N’krumah finit par obtenir gain de cause, il obtient l’indépendance du pays en 1958 qui prendra le nom Ghana en souvenir de l’empire du Ghana qui a rayonné dans une bonne partie de l’Afrique Occidentale. Pour ironiser le jeune Etat le président américain de l’époque Lindon Ben Johnson  s’adresse à son secrétaire d’Etat Harriman en ces termes : « quel est le nom de ce foutu pays qui a pris son indépendance en Afrique de l’ouest »   .

Il est renversé en 1966 alors qu’il effectuait une visite officielle  en ex-URSS. Il décide alors de venir  se réfugier au Mali. Mais en bon visionnaire le président malien Modibo Keita  lui conseillera  d’aller chez son frère Ahmed Sekou Toure président de la République Populaire et Révolutionnaire de Guinée. Il meurt en 1972 à Bucarest. Sa vie durant, il a défendu les idéaux du panafricanisme. Après la chute du président N’krumah, le président Modibo Keita  connaissant ses rapports incendiaires avec la France décide de créer le Comité National  de Défense de la Révolution CNDR.

Le 1er mai  1968, à l’Ecole du parti actuel Ecole Normale Supérieure, le président Modibo n’a pas hésité à affirmer que dans la salle, il voit le visage hideux de l’impérialisme. Il n’a pas tord le 19 novembre 1968, il est déposé par une junte militaire le Comité Militaire de Libération National à la botte de la France. Ladite junte était dirigée par le lieutenant Moussa Traore qui est décédé il y’a quelques jours à l’âge de 83 ans. Peu après le coup, le bouillant lieutenant Tiekoro Bagayoko est allé dire aux Russes qui logeaient à l’hôtel de l’amitié qu’ils peuvent retourner avec leurs 11 milliards de roubles que les communistes n’ont pas leur place au Mali.

Après la chute du président Modibo Keita, s’adressant à la junte, le général De Gaulle dira : «  est-ce que vous connaissez l’homme que vous avez renversé, si vous le connaissiez vraiment vous n’allez jamais le renverser ». Ce jugement du général De Gaulle par rapport à l’homme  n’était pas forcement partagé par certains dirigeants français. La preuve pour dénoncer le soutien du Mali à l’Algérie le Ministre André Malraux s’est adressé au Ministre Seydou Badian Kouyaté en ces termes  « Vous savez monsieur le ministre ce que je vous reproche, c’est que vous semblez avoir préféré l’Algérie à votre amitié avec la France.

Avec la France, c’est un destin, nous aurons l’occasion d’en parler, gardez cela à l’esprit.  Lors de la dernière rencontre entre Modibo KEITA et le Général De gaulle tout juste avant la proclamation de l’indépendance du Mali les propos ont été  aigres-doux entre les deux responsables ». De Gaulle a demandé à Modibo KEITA s’il continuait dans la voie du socialisme ? Modibo a répondu qu’il a opté pour le non-alignement et le  Général De Gaulle de dire ceci : « Regardez bien, c’est le vide entre nos deux fauteuils. Si vous choisissez le vide, vous risquez de vous retrouver les fesses par terre ».

Les présidents qui avaient fait le choix de continuer a caressé la France par le sens du poil ont soit démissionné d’eux mêmes c’est le cas du président Léopold de Sedar Senghor de Ahmadou Ahidio ou ont passé le restant de leurs vies au pouvoir c’est le cas de Félix Houphouët Boigny. Excepté le président Ahmed Sekou Toure, tous les pères de l’indépendance  avaient accepté le principe de la communauté. Pour éviter des dépenses  inutiles qui permettront la mise à niveau des colonies, De Gaulle préférera  la coopération, un système franco-africain où chacun jouera son rôle. Une manière pour l’homme du 18 juin 1940 de faire le dos rond aux indigènes dont le coût des progrès sociaux sera très élevé.

La France restera  sur le continent pendant longtemps en utilisant plusieurs subterfuges. Pour revenir au nord du Mali, elle a déclenché une tempête en Libye, pour revenir récolter le vent  d’une présence militaire qui risque de durer le temps nécessaire qu’il faudra sous le prétexte fallacieux de lutte contre le terrorisme.

Abdoulaye Kounta     

Le Triomphe

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