Nous sommes lundi soir à l’unité pédiatrique et de néonatologie du Centre de santé de référence (Csref) de la Commune V, la courbe des parents qui affluent sur les lieux avec leur progéniture est ascendante.
Alou Daou, un infirmier de garde, s’emploie avec une attention rarement observée chez les petites mains dans nos établissements de santé, à administrer des soins à un jeune patient qui occupe le lit n°1 dans une salle d’hospitalisation de 5 lits. Il insère un thermomètre sous les aisselles du jeune enfant de moins de 10 ans, visiblement fatigué par 5 jours d’hospitalisation et des perfusions récurrentes, pour s’assurer que le môme ne fait pas de la fièvre.
Il s’adresse au jeune patient dans la douceur. « Je vais demander à ta maman de te préparer une bonne soupe de poisson et tu vas t’empiffrer », indique-t-il avant de demander au petit garçon son prénom. Celui-ci marmonne : Mamadou. Mais son accent trahit tout de suite son appartenance à l’ethnie des Soninkés et ses géniteurs confirmeront, l’instant d’après, nos soupçons sur ses origines. Mamadou Samassa puisqu’il s’agit de lui est bien un Soninké.
Ce n’est pas ce qui importe. Mais l’attitude correcte du jeune infirmier de garde, qui a été certainement à bonne école, justifie cet article dans les colonnes de notre journal. Il apporte ainsi la preuve contraire de ce qui est très souvent reproché au personnel soignant dans le domaine de l’accueil et des soins. Ceux qui sont trop cruels avec eux, leur reprochent de trahir même les valeurs humaines essentielles et le serment d’Hippocrate et de surtout tout mettre en œuvre pour rançonner les gens qui ont l’oseille (l’argent). En terme clair, pour ces détracteurs, il y a une médecine des pauvres et une médecine des riches dans notre pays.
L’infirmier de garde continue sa tâche. Il injecte à son jeune patient un produit pharmaceutique via un cathéter et conformément au protocole thérapeutique sur lequel il est strict. Il passe ensuite au lit n°3, gardé par Ibrahim Traoré dit Kaou, un bébé de moins de 3 mois. Il contrôle sa température qui affiche un peu plus de 39°C, donc fiévreux. Il lui administre une dose de Perfalgan (une solution bien indiquée dans le traitement de courte durée de la fièvre). La mère d’Ibrahim Traoré est aussi une infirmière qui officie dans un centre de santé à Nara. Elle échange à l’aise avec son jeune collègue du Csref de la Commune V sur le protocole thérapeutique de son bébé, souffrant d’une anémie.
L’infirmier de garde continue sa ronde dans les salles d’hospitalisation, aux petits soins des jeunes patients avec deux autres infirmières. L’équipe rassure les parents qui sont au chevet de leur progéniture. Leur exemple mérite qu’on prenne graine dans d’autres structures qui cristallisent la colère des usagers et, très souvent, à juste raison.
Il faut rappeler que depuis plus de deux décennies, notre pays a adopté des textes dans le souci d’améliorer les relations entre l’administration et les usagers des services publics. La loi 98-012 du 19 janvier 1998 consacre cette volonté. Par ailleurs, le texte 02-049 de juillet 2002 portant loi d’orientation sur la santé et la loi 02-050 de la même année portant loi hospitalière incitent à l’amélioration de l’accueil et des soins pour les malades.
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR